Covid-19 et restauration collective : comment la solidarité peut naître

Akté Services est une entreprise héraultaise de restauration collective livrant quelque 4,2 millions de repas à des établissements du secteur médico-social. Son dirigeant Samuel Hervé mobilise ses troupes pour assurer la continuité de service mais réfléchit aussi à une organisation à mettre en place pour pérenniser la livraison des repas en mutualisant les forces sur le territoire, quitte à ce que ce soit avec des concurrents.
Cécile Chaigneau
Pour les établissements du médico-social, la continuité de services des entreprises de restauration collective et donc la livraison de repas quotidiennement est un enjeu majeur.
Pour les établissements du médico-social, la continuité de services des entreprises de restauration collective et donc la livraison de repas quotidiennement est un enjeu majeur. (Crédits : DR)

« La santé et l'alimentation sont les deux principales préoccupations de nos concitoyens. Se nourrir est fondamental, et quand tout semble se dérégler, chacun le mesure à sa juste valeur. Vous, salariés des coopératives, des PME et des industries de l'agroalimentaire, vous êtes un maillon essentiel de cette chaîne d'approvisionnement. [...] Nous comptons sur vous. »

Tel est le message « d'encouragement et de reconnaissance » adressé le 17 mars au secteur agroalimentaire par le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire et par le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation Didier Guillaume.

« Effectivement, l'enjeu de maintenir l'activité alimentaire est essentiel, souligne Samuel Hervé, dirigeant de Akté Services, une entreprise de restauration collective (130 salariés) située à Vendargues près de Montpellier, et qui fournit quelque 4,2 millions de repas par an à des cliniques et des Ehpad de la région. Mardi, nous avons vérifié que tous nos collaborateurs auraient bien les bonnes attestations pour ne pas être embêtés quand ils viennent travailler. Au siège, les personnes des fonctions supports sont en télétravail. Les cadres d'exploitation qui font un suivi cœur de métier et supervisent la diététique, l'hygiène etc., ne peuvent plus aller sur sites, donc nous les avons passés en activité partielle à 40 %. Nos collaborateurs sont concernés par le décret qui permet de faire garder les enfants à l'école. Nous avons 2 postes manquants mais on se débrouille. Je n'ai que des remerciements de nos clients, d'assurer durant cette période en mode dégradé. »

Compétences inutilisées

Le dirigeant envisage déjà, si le besoin s'en fait sentir, de faire tourner en deux-huit sa cuisine centrale de Tarascon (30), qui fait habituellement des repas destinés au portage à domicile.

Côté approvisionnement, pour l'heure, il n'enregistre pas de difficulté : « Nous avons un ou deux fournisseurs qui ont des incertitudes sur certaines lignes de fruits et légumes frais, mais tout le monde essaie de jouer le jeu. Certaines tournées peuvent être modifiées mais tout comme nous, nous sommes amenés à adapter nos menus, les fournisseurs continuent l'activité, même en mode dégradé ».

Mais Samuel Hervé a poussé la réflexion plus loin pour durer dans le temps, imaginant une gestion des compétences au niveau du territoire, y compris avec ses concurrents habituels.

« La logique, c'est de se dire que depuis une semaine, il n'y a plus de restauration scolaire puisque les écoles sont fermées, explique-t-il. Il y a donc des compétences inutilisées. L'idée serait de créer des groupements d'employeurs de restauration collective pour assurer une continuité de service. La Direccte nous a confirmé que si ces salariés sont en chômage partiel, il est possible de leur faire un CDD puisque leur contrat de travail est suspendu. J'ai donc appelé Languedoc Restauration - qui emploie 250 salariés, dont 100 sont en chômage partiel aujourd'hui - pour qu'on fasse le point sur les compétences disponibles de part et d'autre et voir comment faire correspondre l'offre et la demande. Ça s'appelle de l'intelligence collective. En plus, cela permettrait de réduire l'addition de l'Unedic. C'est un bel exemple de solidarité. »

Samuel Hervé a également émis l'idée au préfet de l'Hérault de faire tourner les unités de cuisine à l'arrêt pour produire des repas, si besoin, pour des gens dans la précarité, dans la rue ou qui ont besoin d'aide à domicile.

Cécile Chaigneau

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Commentaires 2
à écrit le 26/03/2020 à 8:51
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Bravo Sam encore un exemple de ta clairvoyance

à écrit le 21/03/2020 à 23:28
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Bravo Samuel et à ton équipe d'Akté Services, pour ta détermination exemplaire dans ce moment difficile. Daniel Rocher Président Sners

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