Covid-19 : inquiétude dans les caves

Certaines caves coopératives de la région Occitanie ont fermé, d’autres tournent à plein pour livrer leurs marchés en grande distribution. Mais partout l’inquiétude gagne la filière, déjà malmenée par la baisse alarmante des exportations vers la Chine et les USA.
(Crédits : Patrice Thebault - Région Occitanie)

Comme partout ailleurs, l'inquiétude gagne dans la filière viticole régionale de l'Occitanie, déjà malmenée par des ventes en chute libre sur de gros marchés export comme la Chine ou les USA.

Certaines caves coopératives ont carrément fermé, comme Anne de Joyeuse à Limoux.

« Nous sommes partis du principe que la santé primait sur l'économie, confie le directeur Guy Andrieu, en télétravail depuis son domicile. De toute façon notre activité est en forte baisse parce que nous travaillons essentiellement avec le circuit traditionnel, café, hôtels et restaurants, qui sont tous à l'arrêt. Notre tout nouveau centre d'embouteillage fonctionne encore jusqu'à l'épuisement des matières sèches. »

« Tous nos projets en stand-by »

Idem pour Olivier Ambry, le directeur de Vendéole, grosse coopérative de l'Ouest Audois.

« Nous avons fermé tous nos magasins. Nos cadres sont en télétravail. On a maintenu un minium de salariés en cave pour les chargements de vin en vrac. Nous avons deux cavistes par site au lieu de 5 à 6 habituellement. La semaine dernière, nous avons eu une activité normale mais cette semaine, les retiraisons sont en forte baisse. On s'oriente vers une fermeture de nos sites dans la semaine. Et tous nos projets sont en stand-by : la construction de notre nouveau chai, qui ne pourra être opérationnel cette année, notre démarche HVE3 pour laquelle on avait travaillé comme des fous pour que 50 % de notre production soit certifiée HVE3 cette année. Tout tombe à l'eau. Les 15 journées de formation que nous avions prévues devaient démarrer la semaine dernière. »

Les embouteilleurs mobiles à l'arrêt pour la plupart

A la cave de Cabrières dans l'Hérault, le directeur Luc Flache, qui a lui aussi fermé son caveau de vente, s'inquiète de la chute de ses commandes : « Nous avons fait un petit mois en mars, mais on a quand même pu faire quelques expéditions. En avril, on risque d'être au point mort. Intermarché vient d'annuler une opération de promotion de nos rosés prévue en avril pour sa foire aux rosés, et les ventes à l'export sont très ralenties ».

La plupart des embouteilleurs mobiles sont à l'arrêt, la promiscuité à l'intérieur du camion rendant très compliquée la mise en sécurité du personnel.

Vitivin est une des rares entreprises à poursuivre son activité, après avoir pris des mesures de protection pour son personnel : installation de parois séparatrices entre les personnes, réduction du nombre de personnes sur un chantier, etc.

« Tant que les camions circulent, nous mettons en bouteille »

Aux Costières de Pomérols, le directeur Joël Julien a maintenu son activité de conditionnement. La coopérative héraultaise fournit Carrefour, qui a passé de grosses commandes pour refaire du stock après l'afflux de clients qui se sont pressés dans les magasins les jours qui ont précédé l'annonce du confinement.

« Notre unité de conditionnement travaille au maximum de ses capacités, souligne Joël Julien. Nous avons une activité normale au moins jusqu'à la fin du mois. Nous fonctionnons avec deux équipes. Il n'a pas été simple de faire venir nos salariés pour travailler. Certains avaient l'impression d'être lésés, il a fallu argumenter. Sur notre ligne d'embouteillage, il nous faut deux personnes, l'une au début, l'autre en fin de ligne. Les mesures de distanciation sont respectées. »

Dans les entreprises de négoce embouteilleur (Maison Jeanjean, Castel, Grands Chais de France,...), l'activité de conditionnement se poursuit également.

« Tant que les camions circulent, nous continuons d'approvisionner nos marchés, confie Gilles Gally, directeur du développement amont chez Advini. Pour le moment, nos ventes se poursuivent en Europe du Nord et dans la grande distribution en France. Notre personnel est équipé de gants et de masques, que nous avons commandés il y a trois semaines. Sur les chaînes, les employés sont à plus de 10 m les uns des autres. On applique toutes les mesures pour que notre personnel travaille en toute sécurité et on n'oblige personne à venir. Si nous, négoce, nous arrêtons notre activité, les vins ne seront pas retirés dans nos caves partenaires, qui n'auront plus de cuves disponibles pour la future récolte. »

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