Au MIN de Montpellier, « l’important est de maintenir l’activité »

Plate-forme tournante de produits frais (du sud de la France principalement), le Marché d’intérêt national (MIN) de Montpellier est un maillon essentiel de la chaîne d’alimentation régionale. Son directeur général, Olivier Lauro, est mobilisé plus que jamais pour assurer le bon fonctionnement de cet écosystème qui, pour l’heure, s’affiche en capacité de remplir sa mission, malgré les difficultés générées par la crise sanitaire du Covid-19.
Cécile Chaigneau
Le MIN de Montpellier s'attache à maintenir l'activité de distribution des productions agricoles du territoire.
Le MIN de Montpellier s'attache à maintenir l'activité de distribution des productions agricoles du territoire. (Crédits : Montpellier Méditerranée Métropole)

Sur le Marché d'Intérêt National (MIN) de Montpellier, la crise sanitaire du Covid-19 affecte les flux habituels et la plate-forme de distribution des productions agricoles du territoire tourne au ralenti. Le site accueille 220 entreprises dont une centaine de producteurs mais aussi des grossistes, des transformateurs, des acheteurs ou des transporteurs. Soit 500 emplois directs.

Quatre départements s'approvisionnent sur le MIN de Montpellier - l'Hérault, le Gard, la Lozère et l'Aveyron - qui, en temps normal, assure la commercialisation de quelque 140 M€ de marchandises (alimentaires ou horticoles) chaque année, la moitié provenant du Sud de la France (essentiellement l'Occitanie, et un peu PACA). Tous les segments sont adressés : commerces alimentaires de proximité, grande distribution, restauration collective d'établissements de santé, d'Ehpad ou d'établissements scolaires, marchés alimentaires de plein vent.

Report de flux

« Nous avons mis en œuvre des mesures de sécurité, explique en préambule Olivier Lauro, directeur général du MIN de Montpellier. Par exemple, l'entrée est limitée à deux acheteurs professionnels par case. Le système de précommandes s'est intensifié pour éviter la grosse affluence qu'on a connu au début du confinement et qui s'est régulée rapidement. Les grossistes ont des équipements de protection et la fédération françaises des MIN nous donne accès à de grosses commandes de gel et de masques. »

Cet écosystème, plate-forme tournante de produits frais, est un maillon essentiel de la chaîne d'alimentation régionale, qui doit fonctionner à tout prix, malgré le mode dégradé imposé par la situation sanitaire.

« En ce moment, la préfecture m'appelle tous les jours pour faire le point sur la distribution de la production locale, affirme Olivier Lauro. Nous organisons autant que possible le report de consommation des flux qui sont arrêtés, comme les restaurants, vers les flux toujours en activité. Par exemple, au lieu de servir le grossiste qui servait les restaurants, le producteur sert le grossiste qui sert le détaillant ou la grande distribution. »

Mais attention, tout n'est pas aussi simple. Notamment la question de l'écoulement des productions locales. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a appelé les enseignes de la grande distribution à s'approvisionner auprès des agriculteurs français, pénalisés par la fermeture des marchés alimentaires de plein vent.

« Manger local »

« La grande distribution a déjà ses propres circuits d'approvisionnement, qui ne passent pas par les MIN et donc pas par les producteurs locaux, prévient en effet Olivier Lauro. Dans les moyennes surfaces, c'est différent, mais le système mis en place dans les hypermarchés fait que même s'ils le voulaient, ils ne pourraient pas jouer le jeu... Donc ce transfert ne se fait que partiellement et ne permet pas de trouver des débouchés pour tout le monde. Il faut dire à tout le monde de manger local ! Les MIN sont des services publics et aujourd'hui, ils sont au cœur de la solution pour aider la production locale à être distribuée. A Montpellier, on a toujours privilégié la production locale et le MIN et la Métropole de Montpellier ont ouvert en 2017 un pôle de transformation alimentaire (qui permet notamment de valoriser les invendus des producteurs du MIN, ndlr) pour servir les cantines dans les écoles. »

Faut-il craindre des problèmes d'acheminement des produits ? Selon le dirigeant, non : « Avec 50 % des produits distribués qui sont issus de la production locale, on ne craint pas que chauffeurs se mettent en retrait car ces produits sont apportés par les producteurs eux-mêmes. D'ailleurs, on ne craint pas que ces petits producteurs, souvent des structures familiales qui ont des exploitations de 8 ha en moyenne, manquent de personnel. L'appel à de la main d'œuvre pour les champs concerne principalement la production de masse qui va surtout servir les gros volumes pour les centrales d'achat. Dans le pire des scenarii - auquel je ne crois pas - heureusement, on a ces entreprises familiales de proximité qui continuent de produire ».

« L'autre danger, ce sera le réamorçage de la pompe »

Pour l'heure, le MIN continue donc de tourner, et environ 30 à 35 % des salariés ont été mis en chômage partiel, notamment dans l'horticulture. Cet autre secteur d'activité très actif sur le MIN est en effet touché de plein fouet par la crise du Covid-19.

« C'est la catastrophe pour l'horticulture, qui n'a plus aucun débouché, s'inquiète Olivier Lauro. Le pôle horticole est à l'arrêt depuis l'annonce de la fermeture des magasins. Il y a du dépannage pour les deuils, mais c'est anecdotique. Les fleurs coupées partent à la poubelle ou ont été bradées à la dernière minute. Les plantes, elles, pourront survivre un certain temps. »

Globalement, hormis pour le secteur horticole, les entreprises du MIN ne sont pas encore menacées.

« Plus ça va durer plus ce sera le cas, note toutefois le directeur du MIN. Celles qui s'en sortiront sont celles qui ont les reins les plus solides, notamment celles qui ont déjà une certaine ancienneté et qui étaient saines. Nous aurons un regard sur les plus fragiles... Le danger, c'est que ça dure trop longtemps. Le MIN a diffusé les systèmes de solidarité possibles, comme la mise à disposition de personnels entre sociétés ou le groupement d'employeurs, mais pour l'instant, ils n'ont pas été activés... L'autre danger, ce sera le réamorçage de la pompe. Le MIN peut jouer un rôle d'amortisseur mais il ne pourrait être que temporaire. Le MIN a intérêt à ce que toutes les entreprises se maintiennent et à ce titre, le report des loyers pourrait être envisagé au cas par cas. Mais l'important est de maintenir l'activité. »

Cécile Chaigneau

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