Covid-19 : afflux de candidatures pour les travaux agricoles

L’appel aux bonnes volontés pour aider les agriculteurs est un succès. Les Français ont répondu massivement. Dans le Gard, où les besoins en main d’œuvre culminent à partir de mai, les agriculteurs apprécient cet afflux inhabituel de main d’œuvre mais s’interrogent sur son adéquation avec leurs besoins.
David Seve, arboriculteur et président de la FDSEA du Gard, se réjouit de la solidarité nationale qui se manifeste pour venir en aide aux agriculteurs en mal de main d'oeuvre.
David Seve, arboriculteur et président de la FDSEA du Gard, se réjouit de la solidarité nationale qui se manifeste pour venir en aide aux agriculteurs en mal de main d'oeuvre. (Crédits : DR)

L'appel lancé le 24 mars par le ministre de l'Agriculture pour aider les agriculteurs en manque de bras a été entendu. En moins d'une semaine, plus de 200 000 candidats ont postulé sur le site « Des bras pour ton assiette », créé à cette occasion. Et tous les jours, le site enregistre de nouvelles de nouvelles demandes.

Un engouement qui met du baume au cœur du monde paysan, très affecté par l'agribashing qui a entaché son image ces derniers mois.

« Cette crise aura au moins ça de bon : elle replace l'agriculture nourricière au cœur des priorités du pays, commente David Sève, arboriculteur et président de la FDSEA dans le Gard. Il y a une solidarité nationale pour ceux qui soignent comme pour ceux qui nourrissent. »

« Vont-ils tenir le coup ? »

Son département est particulièrement touché par les problèmes de main d'œuvre : 25 000 saisonniers y sont embauchés chaque année pour la saison des fruits, d'avril à octobre.

Sur son exploitation de 100 ha de vergers à Beaucaire (cerises, abricots, pêches,...), David Sève emploie 100 personnes en pleine saison. La fermeture des frontières l'a privé d'une trentaine de personnes qui habituellement rejoignent son équipe.

Grâce au site « Des bras pour ton assiette », il a reçu une cinquantaine de candidatures.

« J'ai été agréablement surpris par cet afflux de demandes, observe-t-il. J'ai aussi eu beaucoup de propositions de bénévolat au sein de la population locale : des commerçants qui ont fermé boutique, des travailleurs de la restauration,... Maintenant, il faut étudier toutes ces candidatures, qui proviennent de toute la France. On ne pourra pas faire venir des gens de régions trop éloignées. De plus, il y a beaucoup de candidats qui n'ont jamais approché le milieu agricole. C'est un travail physique. Vont-ils tenir le coup ? »

« Habituellement, on n'arrive pas à recruter en France »

A Générac (30), Nathalie Bonnet gère un domaine de 350 ha en arboriculture (cerises, pêches, nectarines, abricots, kiwi). A partir de la mi-mai, il lui faut trouver 380 personnes pour la récolte, les travaux en vert et le conditionnement des fruits.

« Habituellement, nous faisons appel à une main d'œuvre étrangère, car en France, malgré le taux de chômage élevé, on n'arrive pas à recruter, souligne-t-elle. Ce sont des Polonais, des Roumains ou des Espagnols qui arrivent habituellement mi-mai et font la saison. Nous avons été très surpris de l'afflux de candidatures suite à notre annonce sur le site "Des bras pour ton assiette" ! Nous avons reçu à ce jour plus de 600 demandes. Nous sommes en train de les étudier. Le problème, c'est que nos besoins sont pour mi-mai. Tous ces gens seront-ils encore disponibles si le confinement prend fin avril ? »

Problème de débouchés pour les asperges

Pour les producteurs d'asperges, le Covid-19 a moins posé de problème de main d'œuvre que d'écoulement de la marchandise.

A Aigues-Mortes, la famille Amouroux qui exploite 14 ha d'aspergeraie, a eu la chance d'accueillir son équipe de Maghrébins tout juste une semaine avant le début du confinement.

« La première semaine, nous ne sommes pas arrivés à écouler notre production, témoigne le père, Serge Amouroux. Nous vendons beaucoup à Métro, qui sert surtout les restaurateurs. Et la grande distribution s'était approvisionnée en Espagne. Les appels du ministre et de la FDSEA pour que la grande distribution achète en France ont payé : au bout de 10 jours, les enseignes ont acheté nos produits. Nous avons perdu 5 à 10 tonnes d'asperges que nous n'avons pas récoltées, soit 8 à 16 % de notre production, sans compter les prix très bas que nous avons consentis la première semaine pour écouler notre production. »

Entre les problèmes de main d'œuvre et de débouchés pour leur production, les agriculteurs, même s'ils poursuivent leur activité, ne sont pas épargnés par cette crise sanitaire.

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Commentaire 1
à écrit le 09/04/2020 à 9:43
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