Blanquette et Crémants de Limoux limitent la casse... et misent sur Noël

ANALYSE. La crise sanitaire n’a eu, pour le moment, qu’un impact limité sur les ventes de Blanquette et de Crémants de Limoux. Mais la situation est très contrastée d’une entreprise à l’autre. Et les fêtes de fin d’années seront cruciales pour certains.
Blanquette et crémants de Limoux ont plutôt bien résisté à la crise sanitaire de 2020, mais tous les producteurs misent sur les fêtes de fin d'année pour mieux valoriser cette année si particulière.
Blanquette et crémants de Limoux ont plutôt bien résisté à la crise sanitaire de 2020, mais tous les producteurs misent sur les fêtes de fin d'année pour mieux valoriser cette année si particulière. (Crédits : DR)

A Limoux, les vins effervescents ont résisté, mieux qu'ailleurs, à la crise sanitaire. Produit festif par excellence, les Blanquettes et Crémants de Limoux, ont pâti des restrictions sanitaires imposées en France comme ailleurs, mais le recul des ventes est moindre que pour les producteurs de Champagne, qui s'attendent à une chute de 20% à 30% de leurs ventes.

« Au moment du premier confinement, nous avons accusé un net recul de nos expéditions, avec un plancher en mai à -10%, indique Marlène Tisseire, la directrice du syndicat des vins AOC Limoux.  Mais les ventes sont bien reparties durant l'été et à fin octobre, la baisse se limite à 5,7% pour la Blanquette et le Crémant de Limoux, tous producteurs confondus. Nous avons la chance d'avoir des circuits de distribution diversifiés, avec 50% de ventes à l'export. Mais la situation est très disparate selon les entreprises. »

« La Covid a dopé nos ventes de vin bio »

Au domaine Delmas, l'équipe est tout sourire. En bio depuis 1986, ce domaine a bénéficié de l'accroissement de la demande en vin bio, lié à la Covid.

« Nous exportons 90% de notre production, indique Fanny Ourliac, la responsable commerciale. Nous avons eu de grosses commandes au Canada et aux USA, et nos ventes ont fortement progressé en Allemagne et en Suisse, où les vins bio sont très demandés. Nous avons clôturé cet exercice fin septembre avec un chiffre d'affaires en hausse de 5%. »

Sieur d'Arques en baisse de 10%

Leader des bulles limouxines, la coopérative Sieur d'Arques, qui commercialise 6,2 millions de de cols de Crémant et Blanquette par an, a réussi à limiter la casse grâce à une bonne répartition des circuits de distribution.

« A mi-novembre, nous accusons de fortes baisses dans le circuit traditionnel (-40%) et, dans une moindre mesure dans la grande distribution (-7%), confie le directeur général, Laurent Bouiges. Ce recul est en partie compensé par la bonne dynamique de nos ventes en VPC et e-commerce (+30%) et de nos expéditions à l'export (+5%). Nous sommes en progression même sur des marchés comme les USA et le Canada, pourtant fortement touchés par la pandémie. A ce stade, notre chiffre d'affaires est en recul de 10% alors que nos charges n'ont pas baissé. L'équilibre comptable risque d'être difficile à atteindre cette année. Mais c'est sur cette fin d'année que tout va se jouer. »

La situation est compliquée pour Guinot, maison limouxine plus que centenaire, aujourd'hui dirigée par Michel Guinot. Celui qui représente la 6eme génération de vignerons s'inquiète : « Sur un an de juin à juin, notre chiffre d'affaires a été divisé par quatre. Nos ventes à l'export se sont effondrées, nous avons essayé de développer la vente à distance mais sans grand succès. Et notre activité oenotouristique, axée sur un parcours en son et lumière dans nos caves souterraines, a également été écourtée. Je vais accuser une perte de 100.000 euros sur cet exercice ».

Des dégustations à distance pour les importateurs

Françoise Antech, dynamique patronne de la maison éponyme, accuse également le coup, mais se bat pour sauver son année.

« Pendant les deux mois du premier confinement, on a perdu 80% de notre chiffre d'affaires, témoigne-t-elle. Après une période de sidération, on s'est battu pour compenser les pertes de nos ventes en restauration qui représentent 30% de notre chiffre d'affaires. On a décroché de nouveaux marchés à l'export, on a développé une clientèle qui vend online et animé de nombreuses dégustations à distance avec nos importateurs. On a également lancé une campagne de communication sur les réseaux sociaux pour inciter à une consommation plus quotidienne de nos bulles, pour célébrer les petits bonheurs de tous les jours, et ne plus rester cantonné aux événements festifs. Le succès du lancement en début d'année de cuvées premium à des prix plus élevés nous a aussi aidé à limiter la casse. Grâce à tous ces efforts, on devrait finir l'année avec un chiffre d'affaires à -20%. »

Reste à savoir si cette période de fin d'année, propice aux achats de vins effervescents, redonnera de l'élan aux producteurs malmenés par la crise.

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