Pourquoi les conchyliculteurs de Méditerranée lancent leur marque sur les huîtres et les moules

Pour accroitre sa notoriété face aux producteurs de l’Atlantique, la filière conchylicole d’Occitanie s’engage dans une démarche collective avec les producteurs de PACA et de Corse. Présentée le 17 décembre 2020, la marque ombrelle « huîtres et moules de Méditerranée » a vocation à valoriser les spécificités et valeurs communes au sein de l’arc méditerranéen.
L’élevage sur cordes et sur tables constitue l'ADN des producteurs de coquillages en Méditerranée, un savoir-faire combiné à un environnement spécifique (90% de la production est réalisée en milieu lagunaire).
L’élevage sur cordes et sur tables constitue l'ADN des producteurs de coquillages en Méditerranée, un savoir-faire combiné à un environnement spécifique (90% de la production est réalisée en milieu lagunaire). (Crédits : DR)

« Cette démarche a vocation à valoriser un métier et ses savoir-faire, un territoire et ses produits, un environnement et ses spécificités. Rassembler la profession autour de cet objectif permettra de mieux faire connaître la typicité des coquillages de méditerranée. »

C'est ainsi que Patrice Lafont, président du Comité régional conchylicole de Méditerranée (CRCN) a présenté à la presse, le 17 décembre 2020, le lancement du label « Huîtres et Moules de Méditerranée ». Il avait choisi le site conchylicole du Mourre Blanc à Mèze (34), où étaient également présents Yves Michel, président du Syndicat mixte du bassin de Thau (SMBT), François Commeinhes, président Sète Agglopôle Méditerranée, André Lubrano, président du Cépralmar (Centre d'étude pour la promotion des activités lagunaires et maritimes), et plusieurs élus de communes héraultaises.

« Enfin une union, c'est une énorme chance, on va arrêter de se regarder chacun dans son coin et avancer ensemble », s'est félicitée Karine Kaussel, conchylicultrice au Mas La Noisette d'Oc.

Une technique d'élevage unique en milieu lagunaire

Premier producteur de coquillages en Europe et 4ème sur le plan mondial, la France produit annuellement 140.000 tonnes dont les deux-tiers sont des huîtres. Avec 6.500 tonnes d'huîtres et 2.400 tonnes de moules, la Méditerranée, qui représente 10% de la production française, fait office de petit poucet face au géant Atlantique. Pour autant, son linéaire, le plus vaste de l'Hexagone, génère 75 millions d'euros de chiffres d'affaires dans 560 entreprises.

Face à un vrai déficit de notoriété par rapport aux producteurs de l'Atlantique, la filière conchylicole en Occitanie a besoin de se rassembler autour d'une identité forte visant à promouvoir ses produits.

Avec trois lagunes et quatre zones en mer ouverte, l'arc méditerranéen, en régions Occitanie, PACA (Anse de Carteau à Port-Saint-Louis-du-Rhône, Baie de Tamaris à La Seyne-sur-Mer) et Corse (Etang de Diana en Haute-Corse) est une formidable opportunité pour promouvoir un mode de production unique au monde.

« L'élevage sur cordes et sur tables constitue notre ADN, affirme fièrement Patrice Lafont. Contrairement aux pratiques culturales de l'Atlantique, les tables sont immergées en eaux profondes. Ce savoir-faire spécifique, combiné à notre environnement (90% de la production est réalisée en milieu lagunaire, NDLR), confère aux coquillages un taux de croissance exceptionnel ainsi qu'une typicité gustative et organoleptique. »

Une locomotive pour les appellations locales

Ambassadeurs de savoir-faire ancestraux, les conchyliculteurs méditerranéens sont aussi des acteurs incontournables dans la protection des écosystèmes marins, réservoirs exceptionnels de biodiversité.

Le président de Sète Agglopôle Méditerranée s'est d'ailleurs félicité de l'implication dynamique de la profession et de l'accompagnement des collectivités territoriales dans les améliorations à porter pour les systèmes d'assainissement : « Le rejet des eaux traitées est en qualité baignade, demain il sera en qualité alimentaire. C'est un immense progrès et cette marque ombrelle va permettre de nous distinguer des huîtres de Normandie ou du bassin d'Arcachon sans perdre nos origines ».

Face à un déficit historique de promotion des produits conchylicoles méditerranéens, le CRCM a travaillé en concertation avec la profession pour évaluer ses forces et ses faiblesses. A ceux qui pourraient en douter, le président a balayé tout malentendu : « Cette démarche collective n'est pas là pour étouffer les appellations locales, bien au contraire. Ce label se veut une locomotive ».

Signature prochaine du contrat de filière

Pour l'heure, 60.000 euros ont été engagés dans la stratégie de marque. On est loin, bien sûr, du budget de communication des Huîtres Marennes Oléron qui ont investi 1,8 million d'euros pour les fêtes de fin d'année. Mais c'est un début.

Au-delà du logo, d'autres actions ont été mises en place : film de promotion diffusé sur les réseaux sociaux, mise en ligne prochaine d'un site internet avec un portail grand public et professionnel, étiquetages, etc.

« Nous souhaitons que les professionnels s'approprient cette nouvelle image de marque et l'appose à côté de leurs sigles locaux, notamment lors des salons, dégustations, déclare Patrice Lafont. C'est un outil pour favoriser la notoriété méditerranéenne. »

Mais cette démarche collective s'inscrit surtout dans le contrat de filière engagé par le CRCM, financé par l'Europe, l'État et la Région, et qui devrait être signé au cours du premier trimestre 2021. Un contrat qui vise à structurer la filière pour sécuriser la profession face aux aléas sanitaires et climatiques, et pérenniser les entreprises à l'horizon 2030.

Autour de huit thématiques majeures, une centaine d'actions sont en cours d'études, comme la création d'un point accueil conchylicole itinérant en Méditerranée, la mise en place d'un observatoire économique, la création d'une coopérative conchylicole pour aider les producteurs à accéder aux marchés, l'implantation de structures collectives de mises à l'abri des coquillages, ou encore la modernisation d'outils conchylicoles (tables autonomes en énergie, naissains rustiques locaux...).

« Ce contrat de filière ambitieux ne peut être uniquement régional, conclut André Lubrano, président du Cépralmar. J'appelle l'ensemble de la Méditerranée à nous aider. Vous êtes tous les sentinelles d'un milieu extraordinaire. Le mot d'ordre est clair : il faut manger du coquillage de Méditerranée ! »

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Commentaire 1
à écrit le 24/12/2020 à 8:40
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Vu l'état de pollution de la Méditerranée, est ce bien raisonnable ?

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