« Notre filière viticole est en danger : il y a urgence à trouver des solutions pour pérenniser notre activité ! »

La présidente de la Chambre d'agriculture des Pyrénées Orientales, Fabienne Bonet, ne veut pas baisser les bras face à une situation inquiétante. En vingt ans, la production viticole du département a perdu la moitié de ses volumes. Et la situation s'est encore aggravée en 2020 avec une vendange de 450 000 hl, la plus petite récolte de tous les temps.

« Nous avons eu une attaque destructive de mildiou, certains viticulteurs n'ont rien récolté », explique la présidente.

Un rendement moyen de 30hl/ha, parmi les plus faibles en France

Mais chaque millésime a son lot d'intempéries : en 2016, c'est la sécheresse à la veille des vendanges qui a douché les espoirs des vignerons, et en 2017, la grêle s'est invitée et a détruit une partie de la récolte.

« Nous sommes un des départements où le rendement moyen à l'hectare est le plus faible de France, s'inquiète la vigneronne, par ailleurs présidente des Vignerons Catalans, entreprise viticole phare du département. Avec à peine 30 hl/ha, la rentabilité de nos exploitations n'est plus assurée. Chaque année, nous perdons des vignerons et la friche gagne. »

Dans le cadre du projet agricole départemental, un audit de l'ensemble des coopératives vinicoles du département a été effectué en 2018 par la Coopération Agricole, qui démontre que les caves coopératives subissent de plein fouet les conséquences de cette érosion du vignoble avec une baisse de rentabilité et de dynamisme. La petite récolte de 2020, conjuguée à la crise sanitaire, ne peut qu'aggraver encore la situation.

Trouver des synergies pour optimiser les ressources

Face à ces enjeux, l'État, le Conseil régional d'Occitanie, le Conseil départemental, la chambre d'agriculture, et le Crédit Agricole Sud Méditerranée, principal banquier des viticulteurs, se sont mobilisés pour accompagner la filière dans une nécessaire mutation.

« Nous allons réaliser une étude prospective pour imaginer les différents scénarii possibles pour redynamiser la coopération viticole, détaille Fabienne Bonet. Ce plan de filière intégrera toutes les dimensions : l'amont, les outils de transformation et l'aval pour répondre aux enjeux des marchés d'aujourd'hui et de demain. L'idée est de partir du marché pour définir les produits qui sont demandés aujourd'hui et d'adapter notre vignoble pour être en mesure de proposer des vins qui se vendent. Nous allons également étudier les synergies possibles entre les caves coopératives du département, avec la mutualisation d'outils de transformation et de commercialisation, de tâches administratives, avec pour objectif d'optimiser nos ressources. »

Allez vite pour redresser la barre

Ce travail collectif et collaboratif sera appuyé par un expert reconnu, Philippe Brel, le directeur du groupement coopératif provençal Estandon Vignerons, qui a déjà conduit ce type de démarche. Une première réunion de tous les acteurs impliqués dans cette démarche a eu lieu en décembre dernier.

« Tout le monde partage ce constat qu'il faut aller vite pour redresser la barre », affirme la présidente. Les résultats de cette étude sont attendus d'ici l'été 2021. Les 22 caves coopératives du département représentent les 2/3 de la production viticole du Roussillon...