La brasserie Alaryk serre les dents en attendant de produire du whisky 100% occitan

La brasserie artisanale indépendante Alaryk, à Béziers, avait engagé un investissement de 1,2 millions d’euros en janvier 2020 pour augmenter ses capacités de production et s’équiper notamment d’une distillerie pour faire du whisky 100% occitan. Après une année 2020 difficile, elle s'inquiète de la diminution de ses capacités d'investissement.
Cécile Chaigneau
La brasserie Alaryk, à Béziers, s'inquiète de la diminution de ses capacités d'investissements en raison du PGE qu'elle a mobilisé pour traverser la crise sanitaire Covid.
La brasserie Alaryk, à Béziers, s'inquiète de la diminution de ses capacités d'investissements en raison du PGE qu'elle a mobilisé pour traverser la crise sanitaire Covid. (Crédits : Alaryk)

La Brasserie Alaryk existe à Béziers depuis 2016 et produit des bières artisanales biologiques, une gamme de douze bières, de la blonde à l'ambrée en passant par la blanche, la double bio, la brune bio, la bière d'hiver, la triple-grain à base de trois céréales ou la bière sans gluten. Et dans à peine un mois, elle sortira une bière sans alcool.

En janvier 2020, ses deux fondateurs Sébastien Alary et Jean-Olivier Rieusset avaient investi 1,2 million d'euros pour agrandir la brasserie, l'équiper en matériel, centrifugeuse et barriques mais aussi pour la doter d'une distillerie.

Puis la crise du Covid-19 est arrivée... Elle aura produit quelque 5.000 hl en 2020, contre 6.500 hl sur une année complète. Pour cette brasserie indépendante, qui emploie douze salariés et réalise 50% de son chiffre d'affaires (4 millions d'euros) sur son activité historique de distribution de boissons (Coca, Orangina, jus de fruits), le coup est dur. Mais Sébastien Alary ne regrette pas.

« On n'avait pas le choix pour faire face aux industriels »

« Une brasserie indépendante comme la nôtre n'avait de toute façon pas le choix pour faire face aux industriels et on sait qu'on va redémarrer, positive-t-il. Le problème, ce n'est pas l'investissement de janvier 2020 mais celui qu'on aurait dû faire en janvier 2022, à savoir 1 million d'euros de plus pour doubler capacité de production en fermenteur en montant à 20.000 hl, rajouter une cuve en production, racheter des tonneaux et fûts inox pour développer le réseau grossistes. On veut aussi monter la partie livraison en cuves de stockage chez nos clients pour les livrer moins souvent et donc limiter les rotations, ce qui permettra aussi d'améliorer la qualité de nos produits qui seront moins au contact avec l'oxygène, et nous permettrait de livrer plus loin... Mais le PGE va fragiliser nos capacités d'emprunt. »

La distillerie, désormais prévue dans le plan de financement, sera bien mise en place avant fin 2021, selon le jeune dirigeant qui dit attendre les autorisations administratives. Objectif : « faire du whisky sous la marque Alaryk avec des céréales 100% occitanes d'ici cinq ans ».

« Une malterie s'est créée à Toulouse et on commence à s'approvisionner chez eux, précise-t-il. On veut aussi s'approvisionner en houblon 100% bio en Occitanie, mais ça va prendre du temps. Nous avons planté du houblon dans des serres à Béziers, avec la famille Fabre. On veut créer une identité brassicole terroir, comme dans le vin, le champagne ou le cognac... Comme ça existe déjà en Bretagne et en Alsace. C'est l'avenir face à un marché qui se développe, pour se différencier des industriels. »

17 à 25% du chiffre d'affaires préservés

« 60% de notre production sont vendus en fûts sur l'Hérault et l'Aude, en direct dans CHR (café-hôtellerie-restauration, NDLR) et l'événementiel, indique Sébastien Alary. Sinon, nous vendons via un réseau de 50 agents chez les cavistes, épiceries fines et un peu en CHR (café-hôtellerie-restauration). Et aujourd'hui, on développe le fût via un réseau de grossistes, une dizaine pour le moment, sur la France entière... Nous ne sommes volontairement pas en GMS (grandes et moyennes surfaces, NDLR) car je ne veux pas être dépendant de la grande distribution. Mais nous sommes référencés au niveau national chez Biocoop, et nous avons d'ailleurs développé une gamme spécialement pour eux. »

Aujourd'hui, la brasserie produit une matinée par semaine et préserve 17 à 25% de son chiffre d'affaires « grâce au réseau de cavistes qui restent ouverts, aux épiceries fines et à l'export ».

« On a pris 600.000 euros de PGE qu'on a utilisé à la moitié, on a actionné le chômage partiel, on a baissé la production. Comme les dates de conservation sont plus longues en bouteilles, on s'est remis à produire, mais à l'inverse, on ne peut pas faire de stock en fûts. On sait que la saison estivale va être forte et on risque d'être en rupture, mais ce sera pareil pour tout le monde ».

Le brasseur sait que l'année 2021 sera difficile mais espère produire au moins 5.000 hl de bière, soit autant qu'en 2020.

Cécile Chaigneau

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