Vendanges 2021 sur le bassin du Languedoc-Roussillon : réduite et hétérogène

Les vendanges ont démarré en Languedoc-Roussillon avec une petite semaine de décalage par rapport à l’an dernier. Amputée par le sévère gel printanier, la récolte s’annonce très faible en volume.
A l'échelle du bassin viticole du Languedoc-Roussillon, la récolte sera sans doute une des plus faibles de ces dix dernières années, mais pas forcément la plus faible.
A l'échelle du bassin viticole du Languedoc-Roussillon, la récolte sera sans doute une des plus faibles de ces dix dernières années, mais pas forcément la plus faible. (Crédits : Michèle Trévoux)

MAJ 6 septembre 2021 : Selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Agriculture, la récolte sera de 33 millions d'hl à l'échelle nationale, en recul de 25%. A l'échelle du bassin du Languedoc-Roussillon, la récolte s'annonce comme la plus faible de ces dix dernières années, avec seulement 8,5 millions d'hl, soit une baisse de 32% par rapport à la moyenne quinquennale.

La série noire semble se poursuivre pour la viticulture française. Alors que l'année 2020 avait déjà été compliquée avec la crise sanitaire et la taxe Trump qui ont malmené les ventes et expéditions, 2021 a supporté une nouvelle épreuve avec le gel dramatique du mois d'avril qui a décimé une très grande partie du vignoble français.

Les premières estimations, publiées début août par le ministère de l'Agriculture, tablent sur une récolte historiquement basse à l'échelle nationale : entre 32,6 et 35,6 millions d'hl, soit une baisse de 20 à 25% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Le Languedoc-Roussillon s'inscrit dans cette tendance. Le gel a été très sévère notamment dans le Gard et l'Hérault, le département de l'Aude ayant été moins touché et celui des Pyrénées-Orientales relativement épargné. A l'échelle du bassin, la récolte sera sans doute une des plus faibles de ces dix dernières années, mais pas forcément la plus faible.

« Décourageant »

Les machines à vendanger ont commencé à tourner dès le 16 août, voire même avant pour les secteurs et les cépages les plus précoces, mais c'est à partir du 23 août que le gros de la récolte a démarré.

Les Celliers des Trois Tours, à Moussac dans le Gard, ont réceptionné leurs premiers raisins le 25 août, avec une petite semaine de décalage par rapport à l'an dernier. Le gel a fait de gros dégâts ce printemps, et la coopérative, qui habituellement récolte 55.000 hl, table sur un volume de 35.000 hl.

« C'est décourageant, sur les quatre dernières années, nous avons eu une année de sécheresse et deux années de gel. Et nous avons de plus en plus de contraintes techniques et administratives avec les certifications environnementales sans que le prix de nos vins soient mieux valorisés. Nos adhérents sont démotivés. Beaucoup ont hâte de partir à la retraite », s'inquiète le président Eric Mathieu.

Le gel a été encore plus ravageur à la cave des Vignerons d'Héraclès, à Codognan (30), qui s'attend à vendanger une demi-récolte : « Sur mon exploitation, j'ai 75% de pertes. Il y a une ou deux parcelles complètement raclées que je ne vendangerai pas cette année », témoigne le président Jean-Fred Coste.

Seule consolation : pas de mildiou

Dans l'Aude, les perspectives ne sont guère meilleures à la cave de Leucate où le vignoble a été doublement touché par le gel et la sécheresse.

« Nous n'avons pris que 200 mm de pluie sur les douze derniers mois, ce qui correspond à la pluviométrie des zones semi-arides, témoigne Lilian Copovi, le président de la coopérative audoise.  Le poids des baies est 30 à 20% inférieur à celui d'une année moyenne. On s'achemine vers une récolte en baisse de 20%. En année moyenne, nous produisons 55.000 hl, cette année on sera plus proche de 45.000 hl. Economiquement, ce sera compliqué... D'autant que les cours des vins ont été revus à la baisse. Le prix des AOC est en recul de 11 à 12 %. A l'échelle de mon exploitation, je m'attends à une perte de 100.000 € cette année. »

 Seule consolation, le vignoble de la région a été globalement épargné par les grosses attaques de mildiou qui ont fait des dégâts considérables dans d'autres régions viticoles françaises où la pluie a été incessante tout l'été.

L'état sanitaire est globalement sain, même si l'oïdium s'est montré virulent dans certains secteurs. Pour le moment, les conditions météorologiques - des journées chaudes et sèches et des nuits fraîches - sont très favorables à une bonne maturation des raisins.

La difficulté majeure de ce millésime sera l'hétérogénéité de la maturité des raisins du fait du gel. Au sein d'une même parcelle, les vignes épargnées auront des raisins à maturité bien avant les raisins issus des contre-bourgeons qui sont sortis après le gel. La date de récolte risque d'être un vrai casse-tête pour les œnologues.

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