Ce que les pêcheurs et la ministre de la Mer se sont dit le 16 décembre à Sète

Le 16 décembre, Annick Girardin, la ministre de la Mer, était en déplacement à Sète où elle est venue échanger avec les professionnels de la filière pêche après les décisions prises par le Conseil des ministres de l'Union européenne d’encore réduire les quotas de pêche en Méditerranée pour 2022. Dialogue respectueux et revendications au menu.
Cécile Chaigneau
Le 16 décembre, Annick Girardin, la ministre de la Mer, a rencontré les professionnels de la filière pêche le 16 décembre 2021, à Sète.
Le 16 décembre, Annick Girardin, la ministre de la Mer, a rencontré les professionnels de la filière pêche le 16 décembre 2021, à Sète. (Crédits : photo Twitter - ministère de la Mer)

La ministre de la Mer Annick Girardin a pris la peine de se déplacer à Sète, le 16 décembre, pour venir rencontrer les professionnels locaux de la filière pêche concernés par les décisions prises par le Conseil des ministres de l'Union européenne les 12, 13 et 14 décembre derniers et portant sur les négociations des totaux admissibles de captures (TAC) et quotas pour l'année 2022.

Les professionnels de la pêche du littoral méditerranéens avaient organisé un blocage des ports le samedi 11 décembre, pour protester contre les propositions faites par la commission européenne au titre du plan de gestion West Med (visant à encourager une meilleure gestion des ressources halieutiques en Méditerranée et ainsi à restaurer les stocks du merlu et du rouget de vase) : réduire à nouveau les quotas de jours de pêche de 7,5% en 2022, pour les porter de 183 jours par navire et par an en 2021 à 167 jours en 2022.

« La profession a bien compris qu'il fallait un plan de gestion pour une pêche durable et responsable. Mais le seuil de rentabilité d'un chalutier était de 177 jours de pêche par an, et aujourd'hui, compte tenu du prix du gazoil, on est à 209 jours, expliquait à La Tribune Bernard Perez, président du Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins (CRPMEM) Occitanie. La proposition de la commission descend à 167 jours de pêche, ce n'est pas tenable ! »

Sous le seuil de rentabilité des navires

Ce 16 décembre à Sète, les discussions ont duré longtemps. Arrivée à 10 h, Annick Girardin a échangé avec les professionnels de la pêche jusqu'à environ 14 h. Et vraisemblablement de manière construite et respectueuse.

La ministre a commencé par présenter les conclusions de cette redéfinition des quotas de pêche pour l'année 2022, en rappelant qu'elle avait obtenu « une diminution limitée et progressive du nombre de jours de pêche des chalutiers en 2022 à 174 jours, contre 183 en 2021 ». Les pêcheurs, eux, réclamaient un statu quo...

« Elle nous a rappelé la réduction de l'effort de pêche pour les chalutiers, la mise en place de plafond de captures pour une espèce de crevettes, soit 56 tonnes par an pour le golfe du Lion, et la mise en place de quotas d'efforts pour les palangrier ciblant le merlu, soit un nombre de navires autorisés à pêcher mais le plafond d'effort est encore à définir, précise Bertrand Wendling, directeur de la Société coopérative maritime des pêcheurs de Sète (organisation de producteurs Sa.Tho.An). Nous lui avons fait part du fait que ces décisions nous placent sous le seuil de rentabilité des navires (estimé à 177 jours de pêche par an, et aujourd'hui plutôt à 209 jours compte tenu du prix du gazoil, NDLR). Donc il faut poursuivre les efforts sur le plan d'accompagnement, à savoir les arrêts temporaires pour compenser les 26 jours de pêche perdus (indemnisation des bateaux, NDLR) et indemnisation en chômage partiel longue durée des marins. »

« Le Plan d'accompagnement pour les chalutiers de Méditerranée a été fortement sollicité par les pêcheurs en 2021 : il sera renouvelé en 2022. Nous sommes aux côtés des professionnels de la filière pour les aider à surmonter cette nouvelle épreuve », a tweeté la ministre dans la matinée.

Tweet d'Annick Girardin

Choc de simplification attendu

Les professionnels de la pêche ont longuement fait état des contraintes administratives qui pèsent sur ce dispositif à toutes les étapes de sa mise en œuvre (mise en place, validation et paiement), rappelant que depuis le début de l'année 2021, si les marins ont bien perçu les indemnités de chômage partiel, les entreprises, elles, n'ont toujours pas été indemnisées.

« Nous avons insisté sur le fait qu'il faut que ces mesures d'accompagnement fonctionnent et la ministre, qui s'est agacée de ces retards, s'est engagée à faire en sorte de simplifier le dispositif pour qu'il touche le plus grand nombre et que les paiements se fassent rapidement », indique Bertrand Wendling.

Les professionnels de la pêche ont également évoqué avec la ministre l'élaboration d'un plan de sortie de flotte « pour permettre aux navires en difficulté de sortir dignement » : « La ministre n'y est pas opposée mais le dispositif ne sera validé que début 2022 », déclare encore Bertrand Wendling.

Les pêcheurs avaient annoncé qu'ils pourraient poursuivre le mouvement avec une grève illimitée à partir de janvier 2022 si les décisions prises étaient trop sévères pour la filière.

« Globalement, nous avons été entendus par la ministre, conclut Bertrand Wendling. Elle est pugnace et connaît bien ses dossiers. Nous attendons maintenant une simplification administrative... Nous allons voir si ses engagements sont tenus dans les deux ou trois premiers mois de 2022. Nous demandons également une réflexion sur des prospectives pour le secteur de la pêche car aujourd'hui, on répond coup par coup à des situations de crise, or on aimerait plus de perspectives. La ministre n'y est pas opposée, au contraire... »

Cécile Chaigneau

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