L’AOP Picpoul de Pinet entaillée par le tracé de la LGV : ce que demandent les vignerons

La future ligne à grande vitesse Montpellier-Perpignan va traverser le vignoble de l’AOP Picpoul de Pinet, dans le département de l’Hérault. Les vignerons étudient les moyens de limiter l’impact de cette trouée au sein de leur appellation.
La construction de la future ligne LGV Montpellier-Perpignan va traverser le vignoble et éliminer 73 hectares de vigne de l'AOP Picpoul de Pinet, dans l'Hérault.
La construction de la future ligne LGV Montpellier-Perpignan va traverser le vignoble et éliminer 73 hectares de vigne de l'AOP Picpoul de Pinet, dans l'Hérault. (Crédits : DR)

« On ne va pas s'apitoyer sur notre sort. Les jeux sont faits. Le TGV va traverser notre vignoble. Mais nous allons rebondir ».

Laurent Thieule, président du syndicat de l'AOP Picpoul de Pinet, dans l'Hérault, se veut positif malgré la mauvaise nouvelle entérinée début mai : le rapport d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan a validé le tracé de la future ligne LGV Montpellier-Perpignan que redoutaient les vignerons de l'appellation.

73 ha sacrifiés

La construction de cette liaison ferroviaire va traverser le vignoble et fatalement éliminer 73 hectares de vigne. Propriétaire de 80 hectares répartis sur plusieurs secteurs, Olivier Azam, du Domaine du Petit Roubié, a ainsi une parcelle de 30 hectares d'un seul tenant qui sera coupée en deux.

Au total, 6 hectares seront expropriés. Mais l'impact sera certainement plus important que les 73 hectares directement touchés : certains vignerons risquent de renoncer à cultiver les morceaux de parcelles amputées de l'essentiel de leur surface, faute de rentabilité.

Le syndicat estime qu'une centaine d'hectares de vigne vont disparaître suite à ces travaux, soit 6% de la surface en production. Qui plus est, le tracé retenu, qui ne longe pas l'autoroute A9 comme le souhaitaient les vignerons, va isoler un ilot de 300 hectares de vigne, qui se retrouvera coincé entre l'autoroute A9 et la voie ferrée. Les accès à cette partie du vignoble seront limités, rendant plus coûteuse son exploitation.

Paysage défiguré

Enfin, les vignerons, qui misent sur l'oenotourisme et la beauté de leurs paysages en bordure de l'étang de Thau, craignent que cette voie ferrée en plein cœur de leur vignoble ne défigure le paysage, carte maîtresse du développement de l'oenotourisme.

Le syndicat espère donc obtenir des indemnisations à la hauteur de ces enjeux, non seulement pour la cinquantaine de vignerons qui seront expropriés, mais également au niveau collectif, avec des compensations pour limiter l'impact visuel de l'aménagement de cette voie ferrée.

Il est assuré de l'appui du Département de l'Hérault, qui va mandater et financer une étude sur l'ensemble des impacts (financiers, économiques et environnementaux) de la LGV sur l'AOP Picpoul de Pinet. Parallèlement, le syndicat, en partenariat avec la chambre d'agriculture, étudie également les possibilités de plantations nouvelles en compensation des hectares perdus.

Le vignoble en production compte actuellement 1.550 hectares, et l'aire d'appellation s'étend sur 2400 hectares.

« Il faut étudier ce qui pourrait être planté sur ces 850 hectares classés, sachant que nous ne toucherons pas aux espaces boisés et garrigues rocheuses qui occupent une partie de ces surfaces », indique Laurent Thieule.

Une appellation rémunératrice

La préservation du potentiel de production de l'AOP Picpoul de Pinet est un enjeu majeur pour l'avenir de cette appellation, qui caracole en tête des terroirs les plus cotés du Languedoc.

« Dans notre région, il y a trois appellations qui ont le vent en poupe et sont rémunératrices pour les producteurs : Pic Saint-Loup, Terrasses du Larzac et Picpoul de Pinet. Nous produisons 12 millions de bouteilles dont les deux tiers sont vendus à l'export. Et nous manquons de volume pour fournir nos marchés à l'international », affirme Laurent Thieule.

Le 4 juillet dernier à Sète, le syndicat a officialisé un partenariat avec la Ville de Sète et le Comité régional de la conchyliculture de Méditerranée, avec pour objectif des opérations de promotion et de communication communes entre les trois partenaires.

« Nous sommes très présents dans les restaurants en Angleterre, un peu moins dans notre région. Nous avons des parts de marché à conquérir sur notre territoire », soutient le président.

Cap donc sur "l'île singulière" (Sète) comme port d'attache du Picpoul de Pinet.

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Commentaire 1
à écrit le 08/07/2022 à 10:53
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La vitesse coûte très chère en énergie, du double en vitesse au carré en consommation la senecefe ferait mieux de baisser la vitesse de ses tgv déjà existants et abandonner les nouvelles lgv. C'est parait il le plus grand consommateur d'électricité d...

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