L'actualité de cet été nous plonge avec brutalité dans les questions liées au climat. Et s'il est un secteur mis en tension par ces évolutions, c'est bien celui des productions agricoles. Qui se trouvent confrontés à une situation nouvelle : la répétition des calamités.

« Aujourd'hui, on ne peut plus avoir une stratégie simple quand on est à la tête d'une exploitation agricole : pour minimiser les risques, il faut jouer sur tous les tableaux », explique François Rosenberg, créateur de la startup Perma, installée dans la pépinière d'entreprises du Soler, près de Perpignan (Pyrénées-Orientales).

Ingénieur agro, il a œuvré toute sa carrière aux confins des mondes de l'agriculture et des assurances : « Je me souviens qu'en Nouvelle-Zélande, je faisais de la modélisation de stress hydrique et je taquinais les Néo-zélandais sur la question de l'irrigation de la vigne, en leur expliquant que c'était un truc pour vignobles du nouveau monde et que chez nous, en France, on n'en avait pas besoin, qu'on avait des terroirs, des années différentes, etc. ».

Changement d'approche

C'était il y a une quinzaine d'années. Depuis, le risque climatique s'est accru.

« Nous n'étions pas encore confrontés aux brusques évolutions que nous connaissons, ajoute-t-il. Ces dix dernières années ont été impressionnantes, avec une augmentation des risques qui surprend même les experts. On a vu des tempêtes centennales devenir presque décennales et chaque année, l'agriculture française est confrontée à un accident climatique ».

Après avoir travaillé à modéliser les risques à l'échelle mondiale pour un assureur suisse, François Rosenbeg a décidé de confronter tous ses savoirs au terrain et de revenir plus près de l'agriculteur.

« Perma aide les agriculteurs à envisager la gestion des risques autrement parce qu'il faut bien comprendre que l'assurance n'est pas "LA" solution même si elle peut en être une partie. »

Et de préconiser un changement total d'approche : « Il faut s'appuyer sur l'assurance, adapter les cultures, mettre en place des protections techniques, et en combinant toutes ces approches, on peut espérer résister face aux éléments ».

Plusieurs risques majeurs par an

Depuis trois ans, il parcourt donc la France entière pour aider les agriculteurs mais aussi les coopératives à élaborer des stratégies de lutte et d'adaptation avec une équipe de cinq free-lances qui travaillent régulièrement avec lui.

« Nos régions méditerranéennes sont particulièrement sensibles à ce changement, explique-t-il encore. Ce qui rend urgent l'adaptation. Ce sont des régions qui seront soumises à deux ou trois risques majeurs. Concernant les sécheresses, on était sur un rythme de deux années sèches par décennie, et on est à trois aujourd'hui. L'autre risque, c'est le gel. Non pas qu'il gèle plus, au contraire, mais les hivers plus doux font démarrer la végétation plus tôt dans l'année et l'exposent aux gels de printemps dans une période où elle est très vulnérable ».

Les projets de réforme de l'assurance agricole ne pourraient-ils pas aider ?

« Non, ce n'est pas possible pour un assureur d'assurer un risque certain ou récurrent, répond-t-il. C'est avoir une vision très simpliste de l'assurance que penser cela. L'assurance peut être un des outils de la stratégie, mais pas le seul. »

Il incite donc aussi à regarder ce qui peut-être modifié sur l'exploitation pour offrir moins de prise aux aléas.