Agrivoltaïsme : des poiriers sous panneaux solaires

Après la vigne, les ombrières photovoltaïques se déploient aujourd’hui sur les vergers fruitiers. Sun’Agri a inauguré, le 15 septembre, une installation de 2,7 hectares à Llupia, dans les Pyrénées-Orientales. Outre préserver les poires, l’installation est configurée pour une puissance de 1,77 MWc.
La dernière installation d'agrivoltaïsme de Sun'Agri, dans les Pyrénées-Orientales, protège un verger de jeunes poiriers de 2,7 hectares.
La dernière installation d'agrivoltaïsme de Sun'Agri, dans les Pyrénées-Orientales, protège un verger de jeunes poiriers de 2,7 hectares. (Crédits : Yann Kerveno)

La parcelle est éloignée des regards mais pour peu qu'on prête attention au paysage, on la remarquera assez vite avec ses panneaux solaires en surplomb. La dernière installation d'agrivoltaïsme de Sun'Agri, la deuxième dans le département des Pyrénées-Orientales après celle du domaine viticole de Nidolère à Tresserre, protège un verger de jeunes poiriers plantés par le groupe Ille Roussillon et Pierre Battle. L'ensemble est déployé sur 2,7 hectares dont 2,4 hectares couverts par les ombrières et une zone témoin non couverte.

Les ombrières photovoltaïques ont été cofinancées par Râcines, véhicule d'investissement de RGreen, et par l'Arec, l'agence de la Région Occitanie qui se consacre aux énergies renouvelables. Pour un prix posé de 800.000 euros à l'hectare et une puissance installée de 1,77 MWc, de quoi « alimenter annuellement 550 foyers », précise le dossier de presse de l'entreprise.

Garantir le bien-être de la plante

L'originalité de ce type de structure, c'est la mobilité des panneaux dont la position est assujettie aux besoins de la plante.

« C'est un système symbiotique dans lequel les panneaux sont présents pour garantir le bien-être de la plante tout en produisant de l'électricité », explique Antoine Nogier, Pdg de Sun'Agri. Quand elle a besoin de lumière, on laisse passer, quand il y en a trop, on protège la plante pour limiter le stress. »

L'ensemble est piloté par une intelligence artificielle alimentée en continu par une foule de capteurs qui enregistrent les données météo sous les ombrières, mais aussi l'état du sol et la physiologie de la plante, etc. et « le système fait en sorte que la météo, mais surtout le climat de la parcelle, ne soient plus une contrainte exogène subie par le producteur ».

Chaque projet, et celui-là n'y fait pas exception, est le fruit d'une association à trois : le producteur agricole, le producteur d'électricité (qui peut également être le producteur agricole) et Sun'Agri qui assure la gestion des ombrières et la réponse aux besoins des plantes. Les retours sur investissements sont similaires à ceux des autres systèmes, l'installation est amortie en dix-huit ans et le bénéfice se réalise sur les douze années suivantes.

Préserver le taux de sucres des fruits

Du point de vue agronomique, les ombrières permettent de faire tomber les températures, de limiter la transpiration des plantes et donc de limiter les quantités d'eau nécessaire au fonctionnement des arbres. Elle protège un peu de la chaleur, des brûlures directes du soleil sur les fruits, mais aussi du froid en limitant l'impact des gelées blanches et « du froid qui tombe du ciel » ou de la grêle...

Il est encore hasardeux de pronostiquer les augmentations de rendements attendues, mais l'exploitant agricole semble pouvoir compter sur des effets positifs.

« L'impact sur la qualité des fruits qui sortent de tels vergers est très significatif, il n'y a pas d'impacts de grêle par exemple, on préserve le taux de sucres des fruits, les couleurs... Pour la vigne, on favorise l'acidité tout en ralentissant la prise de sucre », détaille Damien Fumey responsable de la R&D de Sun'Agri. Concernant les rendements, cela ne se joue pas sur une campagne, mais sur une accumulation de campagnes. Si on évite un coup de gel, comme nous avons tous les dix ans avec des récoltes détruites à 80 ou 90%, cela sauve la récolte. »

L'entreprise, qui gère aujourd'hui 17 sites d'agrivoltaïsme en France, devrait poursuivre sa collaboration avec le groupe Ille Roussillon pour un second projet d'ombrières sur des serres double parois.

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