La coopération viticole espère regagner des parts de marché grâce à la belle récolte 2022

SERIE Coopératives viticoles (1/2) - Le président des vignerons coopérateurs d’Occitanie, Ludovic Roux, estime que la belle récolte de 2022 est une opportunité pour les vins régionaux de regagner des parts de marché. Il réclame cependant un plan de soutien pour la filière pour faire face aux difficultés conjoncturelles.
Ludovic Roux, président des Vignerons Coopérateurs d'Occitanie.
Ludovic Roux, président des Vignerons Coopérateurs d'Occitanie. (Crédits : DR)

Président des Vignerons Coopérateurs d'Occitanie, Ludovic Roux se veut rassurant sur la campagne à venir. Avec une récolte estimée entre 12,5 et 13 million d'hectolitres, le Languedoc-Roussillon retrouve un niveau de production d'année moyenne, après la récolte catastrophique de 2021, qui avait été sévèrement écornée par le gel.

« Il faut se réjouir de retrouver un volume de récolte qui va nous permettre de redevenir compétitif sur certains segments de marché et d'assurer un revenu correct aux producteurs », estime-t-il.

Cette belle récolte survient alors que, lors de la campagne précédente, les ventes n'ont pas atteint le niveau espéré.

Recul des ventes en GMS et à l'export

En GMS (grandes et moyennes surfaces), les vins du Languedoc-Roussillon ont reculé de 6% sur un an. A l'export, les vins régionaux perdent aussi du terrain : sur les sept premiers mois de l'année, le volume des ventes chute de 10% pour les AOP, 6% pour les IGP Pays d'Oc et 16% pour les autres IGP.

« Il faut relativiser ces données, pondère Ludovic Roux. Nous avions fait une année record à l'export en 2021, grâce à un rebond post-Covid. Fin 2022, nous devrions retrouver le niveau de 2019 ».

D'après ses estimations, le volume disponible à la vente en début de campagne s'élèverait à 19 millions d'hectolitres (13 sur la récolte et 6 en stock), ce qui se situe dans la moyenne de ces dernières années. Si les ventes se maintiennent au niveau de l'an dernier (10,6 millions d'hectolitres), les stocks en fin de campagne grossiraient de 3 millions d'hectolitres.

« Grâce à cette belle récolte, nous serons en mesure de proposer des vins entrée de gamme à des prix compétitifs. Il ne nous semble pas impossible de gagner 600.000 à 1 million d'hectolitres de ventes supplémentaires du fait de cet accroissement de notre offre. Au niveau mondial, la consommation progresse et nos vins sont plutôt bien adaptés à la demande du marché. Ces objectifs n'ont rien d'irréalistes ».

Même avec cet accroissement des ventes, les stocks de fin de campagne seraient à la hausse et pourraient atteindre 8 millions d'hectolitres : « C'est un niveau tout à fait acceptable d'autant plus qu'on réfléchit, au niveau régional, à un dispositif de réserve pour faire face aux aléas climatiques », soutient le président.

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« Trop tôt pour accepter de détruire notre vignoble »

La coopération a pourtant bien conscience des difficultés auxquelles la filière se trouve confrontée, qui pourraient perturber l'équilibre du marché : le manque de matières sèches, la hausse du prix des fournitures, l'inflation, les fermetures de frontières.

« Ce sont des difficultés conjoncturelles qui méritent qu'on mette en place des mesures de soutien, mais nous ne sommes pas favorables aux primes à l'arrachage définitif, comme le demandent les Bordelais, déclare Ludovic Roux. Il est trop tôt pour accepter de détruire notre vignoble. Nous souhaitons la mise en place d'un plan de soutien, spécifique à notre bassin viticole, qui pourrait être financé par des fonds Feader, abondés par la Région et l'Etat. Cette enveloppe pourrait financer un programme de relance des ventes à l'export, comme celui mis en place après le Covid, une distillation ciblée pour éliminer de vieux stocks, des aides au stockage privé. Pour accompagner les viticulteurs en situation délicate, nous proposons des aides pour un arrachage temporaire de cinq ans, avec possibilité de replanter ces terres si la situation du viticulteur s'améliore. »

Ces propositions seront présentées et défendues lors du prochain conseil de bassin, prévu le 7 novembre.

Lire également le volet 2 : Foncier viticole : pourquoi les coopératives tentent le crowfunding

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