Femmes à la vigne ou aux chais : dans les Pyrénées-Orientales, la viticulture s’est déjà bien féminisée

S’il est bien un domaine de l’agriculture dans lequel la féminisation est en marche, c’est la viticulture. Dans les domaines ou les caves coopératives des Pyrénées-Orientales, la parité est en marche.
Corinne Le Meur, maître de chai dans la cave coopérative de Case-de-Pene, et Marie-Pierre Piquemal, la gérante du domaine qui porte son nom à Espira-de-l'Agly.
Corinne Le Meur, maître de chai dans la cave coopérative de Case-de-Pene, et Marie-Pierre Piquemal, la gérante du domaine qui porte son nom à Espira-de-l'Agly. (Crédits : Yann Kerveno)

« En fait, les femmes ont toujours été là mais elles étaient moins visibles parce qu'elle n'avait pas le statut d'exploitantes agricoles. Mais oui, la profession s'est féminisée depuis une vingtaine d'années, il y a de plus en plus de vigneronnes alors qu'avant elles étaient des femmes de vignerons. »

Ce constat, c'est Marie-Pierre Piquemal, la gérante du domaine qui porte son nom à Espira-de-l'Agly (Pyrénées-Orientales), qui le dresse : « Ça doit se voir d'ailleurs dans les statistiques de d'installations. Je crois qu'aujourd'hui les postes ont assez bien répartis, à la vigne ou au chai, les difficultés du travail physique n'en sont plus... », indique-t-elle.

Elle évalue à « une bonne quarantaine » le nombre de vigneronnes dans le département. Mais il n'y a pas que dans la vigne que le métier s'est féminisé : le mouvement est aussi important chez les fournisseurs de la viticulture.

« C'est la formation qui compte »

« Cela facilite le travail avec nos fournisseurs, on se comprend vite, il n'y a pas de langue de bois », observe ainsi Corinne Le Meur, qui, depuis moins longtemps dans la profession, estime avoir bénéficié du travail de la génération précédente. Déjà, quand je faisais mes études d'œnologie en Champagne, il y avait une majorité de filles dans la promotion et je n'ai jamais vraiment senti de décalage à cause de mon genre, sauf peut-être à Bordeaux, mais les mentalités y sont très particulières. »

Maître de chai (le nom du métier n'a pas encore été féminisé) dans la cave coopérative de Case-de-Pene, elle vient de rejoindre le négociant vinificateur Jeff Carel et elle a déjà pas mal bourlingué dans le monde. Comment c'est ailleurs ?

« Que ce soit en Afrique du Sud ou en Australie, où j'ai travaillé, je n'ai pas non plus senti de décalage, là bas, c'est plutôt la formation qui compte, répond-elle. Mais au final, les seuls qui font des remarques sont souvent des personnes extérieures, par exemple des chauffeurs quand ils nous voient prendre les chariots élévateurs. En plus ici, dans les Pyrénées-Orientales, il y a longtemps que les femmes sont engagées dans ce milieu, dans les caves coopératives ou comme œnologues conseil. »

Entraide

Les différences, Marie-Pierre Piquemal les voit surtout dans le réseau Vins de femme que les vigneronnes ont créé, où la notion de concurrence n'est pas une valeur cardinale : « C'est plutôt de l'entraide entre nous, il y a de la bienveillance ». La question à ne pas poser est plutôt « est-ce que les femmes produisent, au final, des vins différents de ceux produits par les hommes ? »

Corinne Le Meur dégaine la première : « Non, je ne crois pas. Les vins que je fais sont liés à mon goût, pas à mon genre ! Il y a sans doute des différences d'approche, mais de là à dire que c'est lié au genre, c'est aller un peu loin. »

Marie-Pierre Piquemal a avis moins tranché sur la question.

« J'ai l'impression que les femmes ont une sensibilité un peu plus accrue, souligne-t-elle. Je me souviens, lorsque j'ai repris les vinifications, des clients qui nous suivaient depuis longtemps nous ont dit que nos vins "s'étaient féminisés", peut-être parce que nous allons moins dans l'extraction, c'est plus doux. »

Pour se faire une idée, il suffira de se rendre à la vente organisée par l'association Vins de femme le 25 mars prochain au Château Las Collas. Les douze vigneronnes de l'association y vendront leur vin au cours de la journée et pour la quatrième fois. Une partie des bénéfices des ventes sera reversée à une association qui œuvre pour les femmes. Cette année, le choix s'est portée sur l'association Rubies, qui propose la pratique du rugby à cinq aux personnes suivies médicalement pour un cancer.

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