
LA TRIBUNE - Comment analysez-vous l'activité du groupe Advini en 2022, dont le chiffre d'affaires de 297,8 millions d'euros est en hausse de 6,3% par rapport à 2021, mais progresse de seulement 1,2% à périmètre et change constants ?
Antoine LECCIA, président du groupe Advini - 2022 a été une année difficile avec beaucoup de vents contraires. La hausse massive des coûts - matières sèches, intrants, énergie, masse salariale, coûts financiers - nous a conduit à revoir nos tarifs dans un environnement de consommation défavorable. Nous avons subi un effet ciseau qui comprime nos marges. Nos ventes sont en repli en volume de 11% et en valeur de 8,4% sur le réseau off-trade (cavistes, grandes et moyennes surfaces, internet, NDLR) en Europe avec une baisse très sensible dans la grande distribution en France. Nous avons réussi à compenser une partie de ce repli par une bonne progression sur le réseau on-trade (café-hôtellerie-restauration, NDLR) en Europe, avec nos vins premium et notre offre de vins de terroir (+10,6%, NDLR). Mais le on-trade représente 20% de notre chiffre d'affaires, contre un tiers pour le off-trade.
Comment se portent vos ventes à l'export ?
Nous enregistrons de belles progressions sur certains marchés tiers comme l'Amérique du Nord : +15,3% dont 8,2% à change constant. Nous sommes particulièrement performants au Québec où nous sommes le leader français avec plus de 500.000 caisses vendues par an, grâce à nos investissements dans notre réseau de distribution. On note également une belle reprise des ventes sur l'Asie, de +38%. La Chine retrouve le chemin de la consommation après trois ans d'abstinence du fait du Covid. Je pars d'ailleurs en Chine la semaine prochaine. Nous y sommes attendus comme le Messie ! Les Chinois n'ont qu'une envie, c'est de revivre après ces trois années de fermeture du pays. Je suis persuadé que la Chine va devenir le premier consommateur mondial de vin d'ici cinq ans à dix ans.
Comment expliquez-vous la belle dynamique des ventes de vos vins sud-africains ?
Après la crise du Covid, où la consommation d'alcool était interdite, les ventes ont très bien redémarré, portées par le rebond de la fréquentation touristique. Par ailleurs, notre implantation en Afrique du Sud, avec nos 250 hectares de vigne, est une porte d'entrée pour rayonner sur le continent africain où nos ventes se développent. Enfin, nous avons intégré notre gamme de vins sud-africains dans tous nos réseaux commerciaux et cette stratégie commence à payer. Nous réalisons un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros avec ces vins et attendons encore une croissance à deux chiffres pour 2023.
La mévente des vins rouges, notamment sur le marché français, vous inquiète-t-elle ?
Il y a, c'est vrai, une évolution de la consommation avec une progression des blancs et des rosés au détriment des rouges. Sans doute faut-il faire évoluer le profil des rouges vers des vins plus fruités et gouleyants. On voit bien que les vins tanniques et charpentés, vantés à l'époque par Parker (Robert Parker, critique de vin américain, NDLR), ne sont plus dans l'air du temps... Mais quand on voit le succès du pinot noir en Bourgogne, on peut se dire que les vins rouges ont encore un avenir. Notre vrai problème en France, c'est notre capacité à porter notre offre commerciale. Nous manquons de moyens et de savoir-faire dans la distribution de nos produits. L'argent qui va être dépensé pour la distillation serait plus profitable pour la filière s'il était affecté au renforcement de nos capacités de distribution. Il est regrettable que l'approche du marché se fasse par l'amont.
A partir de décembre 2023, la mention des ingrédients sera obligatoire sur les étiquettes de vin. Comment accueillez-vous cette nouvelle contrainte réglementaire ?
C'est une demande du consommateur et il est essentiel d'y répondre. Il est fondamental d'être transparent et de faire de la pédagogie. Nous avons déjà une traçabilité très précise sur nos vins car nos clients nous le réclament. Cette mesure va donc dans le bon sens. Mais il faut donner le temps à la profession de s'adapter. C'est souvent ce qui pèche dans la mise en place de nouvelles règles. Ce sont des efforts supplémentaires, des procédures à mettre en place. Il faut nous laisser le temps de nous adapter.
Comment abordez-vous l'année 2023 ?
Même si nous constatons des signes de reprise, notamment en Asie, et si notre positionnement sur les vins premium et à forte identité semble correspondre à l'évolution du marché, nous restons très prudents car le contexte économique reste incertain. Nous faisons de moins en moins de prévisions. On agit au jour le jour. Le maître-mot, c'est l'agilité et la capacité de réaction. Dans une maison à taille humaine comme Advini, nous sommes capables de nous adapter très vite.
Bilan financier 2022 : un résultat net en baisse
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