Fruits et légumes : une saison complexe et imprévisible, sur fond d’inflation et de sécheresse

Rendez-vous printanier de la filière fruits et légumes, le MedFel qui se tient à Perpignan les 26 et 27 avril, a l’eau pour principale préoccupation. De quoi presque éclipser les autres défis, nombreux, auxquels les producteurs de fruits et légumes doivent faire face.
Les producteurs de fruits et légumes français, réunis au MedFel à Perpignan, doivent faire face à l'augmentation des coûts de production, aux contraintes réglementaires, aux difficulté à recruter de la main-d'œuvre et bien sûr à la sécheresse.
Les producteurs de fruits et légumes français, réunis au MedFel à Perpignan, doivent faire face à l'augmentation des coûts de production, aux contraintes réglementaires, aux difficulté à recruter de la main-d'œuvre et bien sûr à la sécheresse. (Crédits : Yann Kerveno)

Augmentation des coûts de production, contraintes réglementaires, difficulté à recruter de la main-d'œuvre... Les productions de fruits et légumes françaises sont à la peine alors que le contexte est paradoxalement, plutôt porteur.

« Globalement, nous avons du mal à fournir le marché français puisque nous importons environ 60% des fruits et 40% des légumes », explique François Bes, directeur du groupe roussillonnais coopératif Saveurs de Clos, important opérateur en fruits à noyau et deuxième producteur de concombres français.

Même si une partie de ces importations sont constituées de fruits et légumes qui ne peuvent être produits ici (bananes, avocats...), il souligne le paradoxe actuel : « Globalement, cela va plutôt bien, même si des filières, comme la pomme, ont des difficultés en ce moment, mais c'était d'autres produits il y a quelques années. Nous avons la chance d'avoir un réseau de distribution qui joue le jeu de la production française. Et qui mettra en rayon du produit français tant qu'il y en a. » Voilà pour le positif.

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« C'est un cercle vicieux »

Et puis il y a l'inflation avec ses effets pervers.

« L'inflation pour nous, c'est le coût de l'énergie, des intrants et du travail, la main-d'œuvre a déjà pris 10% ces derniers mois, liste François Bes. Au total, sur l'année 2022, nos coûts de production ont pris 12 à 13% et on nous annonce encore 10 à 12% cette année. »

Avec à la clé, puisque l'inflation vaut pour tout le monde, des modifications des habitudes d'achat, le fameux "trading down" qui voit les consommateurs descendre de gamme à mesure que les prix augmentent.

« La consommation baisse depuis quelques mois parce que le budget alimentaire des consommateurs est le premier à supporter les restrictions dans les ménages, face à Netflix ou le téléphone portable, déplore François Bes. Dans les magasins, les distributeurs ont aussi adapté leur stratégie : comme ils vendent moins de volumes, ils se rattrapent sur la marge unitaire des produits, ils ne s'en cachent pas, ce qui fait augmenter le prix encore un peu plus... C'est un cercle vicieux parce que si le prix augmente, la consommation en prend encore un coup ! »

Mais le dirigeant invite à la prudence pour la suite : « À cause de ces hausses de prix, les consommateurs se rabattent sur les premiers prix, les entrées de gamme dont les volumes ont progressé de 10 à 30%. Cela a contraint les entreprises, pour répondre à cette demande une fois les stocks écoulés, à déclasser des produits de plus grande qualité pour alimenter ce marché... ». De quoi habituer le consommateur à avoir accès à des produits de plus grande qualité à prix dégradé et restreindre durablement les marges des producteurs...

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Bio : « un peu protégés sur les prix »

Et du côté de l'agriculture bio, secteur qui fait l'actualité ces derniers mois en raison de ses difficultés sur le marché ? Pour Yannick Chevrier, directeur de Latour, une petite coopérative 100% bio de Néfiach (Roussillon), le choix de devenir sociétaire de Bioccop depuis quelques mois est payant.

« Cela nous rassure sur les volumes et nous sommes un peu protégés sur les prix parce que nous avons adhéré à Bio équitable France, explique-t-il. C'est vrai que certains produits connaissent des difficultés parce que la production a crû trop vite, mais ce n'est pas le cas pour la pêche ou la nectarine. Cela dit, nous sommes comme les autres, nos coûts de production ont pris 30% et nous rencontrons également des difficultés pour trouver de la main-d'œuvre. »

Face au défi de l'eau et de la sécheresse, ces embûches semblent presque dérisoires. On saura en fin de semaine quel sera le sort de l'agriculture du Roussillon avec la mise à jour des restrictions mais les autres départements du pourtour méditerranéen s'enfoncent également doucement dans la crise de l'eau, de l'Hérault à la Drôme en passant par le Vaucluse ou le Gard. Soit l'essentiel du bassin français de production de fruits à noyaux.

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