Sécheresse : dans les Pyrénées-Orientales, arboriculteurs et éleveurs se demandent comment gérer les pénuries

Dans le département des Pyrénées-Orientales, soumis à une sécheresse précoce et sévère, arboriculteurs et maraîchers doivent maintenant travailler avec des conditions d’irrigation très dégradées. Les éleveurs, eux, entrent aussi dans le très dur.
Dans les Pyrénées-Orientales, le secteur de l'élevage se retrouve lui aussi dans une situation critique : les éleveurs sont confrontés au risque de manque de foin et à la question de l'abreuvement des animaux en estive.
Dans les Pyrénées-Orientales, le secteur de l'élevage se retrouve lui aussi dans une situation critique : les éleveurs sont confrontés au risque de manque de foin et à la question de l'abreuvement des animaux en estive. (Crédits : Yann Kerveno)

Alors que la neige s'est imposée de nouveau sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, le monde agricole gère, depuis le 10 mai, de nouvelles restrictions en eau en raison d'une situation de sécheresse inédite. Pour les arboriculteurs, il faut maintenant jongler avec les tours d'eau et préserver les arbres.

« Dans certains secteurs, comme du côté de l'Agly, des vergers vont mourir », explique David Massot, arboriculteur et chargé du dossier Eau à la fédération départementale des exploitants agricoles.

Ailleurs, c'est le slalom : il faut éclaircir, c'est-à-dire faire tomber des fruits pour diminuer la charge qui pèse sur les arbres après un début de campagne parfait, de la floraison à la nouaison. De quoi nourrir toutes les rancœurs de ne pouvoir mener à bien cette récolte.

« Pour ma part, l'éclaircissage que nous pratiquons est 15 à 20 % supérieur à ce que nous aurions fait sur une année classique », explique Patrick Bolfa, principal producteur indépendant des Pyrénées-Orientales.

Objectif : soulager les arbres et préserver le calibre des fruits qui fera les marges en fin de campagne. L'arboriculteur joue aussi avec l'eau disponible : « Nous concentrons pour l'instant l'irrigation disponible sur les vergers de variétés précoces pour mener les fruits à bien... ». Pour les variétés de saison et tardives, le challenge est de parvenir à maintenir le potentiel en apportant le moins d'eau possible : « En début de saison d'irrigation, nous avons limité les apports pour préparer les arbres à moins consommer ».

La crainte du manque de foin...

Plus discret jusqu'à maintenant - il pouvait espérer un miracle -, le secteur de l'élevage se retrouve lui aussi dans une situation critique à bien des égards. La première problématique à laquelle les éleveurs sont confrontés est celle du foin. Le manque d'eau n'a pas permis au fourrage de pousser et la première coupe, qui permet habituellement d'engranger autour de 60% des stocks nécessaires pour passer l'hiver, ne donnera quasiment rien.

Pas question non plus, comme dans certaines parties de l'Espagne, de donner les céréales, qui seront trop petites pour être moissonnées en Cerdagne, à manger aux animaux : les épis sont déjà formés et munis de barbes, ce qui les rend peu attirantes pour les herbivores.

Éleveur à Osseja, Christian Tallant est parti faire du foin dans le Tarn...

« J'ai besoin de 700 tonnes de foin pour l'hiver pour nourrir mes deux troupeaux de bovins et d'ovins, et si je dois les affourager cet été, il me faudra 600 tonnes de plus », calcule-t-il.

C'est l'autre enjeu du moment : alors que les élevages arrivent au bout des réserves de fourrage, il faudrait penser à monter en estive. Mais là encore, c'est l'incertitude.

« Si on fait monter les animaux maintenant, au 15 juillet, il n'y aura plus d'herbes à brouter », se désole Olivier Gravas, président des groupements pastoraux du département.

... et du manque d'eau en estive

Sans compter que dans certaines estives, il va aussi falloir résoudre le problème d'abreuvement des animaux tant les sources ou ruisseaux sont à sec...

À la chambre d'Agriculture, Emmanuel Leroy résume : « Le pastoralisme et la montée en estive est la base de l'élevage dans notre département, s'il faut garder les animaux dans les exploitations cela coûtera 10 ou 15 fois plus cher ». À condition de trouver du foin...

L'Espagne, ravagée par la sécheresse n'aura pas grand-chose à proposer, et les autres régions de France seront mieux loties par le printemps mais la plupart des stocks ayant été épuisés entre la sécheresse de l'été dernier et l'hiver, les prix ne feront que flamber. À près de 250 euros la tonne, le foin est aujourd'hui quasiment au prix du blé.

« Si nous ne pouvons monter les animaux en estive, alors à la fin de l'année, ceux qui avaient 250 vaches n'en auront plus que 25 et ceux qui en avaient 25 auront disparu », conclut Christian Tallant.

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