Vingt ans de reconversion du vignoble en Languedoc-Roussillon pour mieux répondre aux marchés

Le Comité RQD (Reconversion Qualitative Différée du Vignoble) a accompagné la reconversion de 53.800 hectares de vigne en vingt ans. Lancé en 2002 à l’instigation de la chambre d’agriculture de l’Hérault, il est devenu un véritable levier stratégique pour orienter les choix d’encépagement de la filière régionale.
Guilhem Vigroux (à gauche), président du Comité RQD et Dominique Blanc (à droite), directeur.
Guilhem Vigroux (à gauche), président du Comité RQD et Dominique Blanc (à droite), directeur. (Crédits : Michèle Trévoux)

Le comité RQD (Reconversion Qualitative Différée du Vignoble) n'est pas mécontent de son bilan : cet organisme, créé à titre expérimental en 2002 pour accompagner les viticulteurs dans la reconversion de leur vignoble, comptabilise 53.800 ha restructurés ou en passe de l'être dans le cadre de plans collectifs de 2002 à 2025.

Expérimentée d'abord en Languedoc-Roussillon

« Nous avons été la première région viticole à mettre en place cette structure, qui est restée expérimentale pendant huit ans, explique Guilhem Vigroux, président du comité RQD. Notre bassin viticole avait besoin de revoir son encépagement, certains cépages n'étant plus adaptés à la demande du marché. Cet outil a permis d'orienter les plantations vers des variétés comme le chardonnay, le sauvignon, la syrah, le merlot, le cabernet sauvignon, qui répondaient à la demande des metteurs en marché. Pour bénéficier d'une prime bonifiée (jusqu'à 15.000 euros/ha soit 3.500 euros de plus qu'en plan individuel, NDLR), les viticulteurs s'inscrivent dans un plan collectif et doivent choisir les cépages à replanter parmi une liste imposée. Nous travaillons en amont avec les interprofessions pour définir cette liste de cépages primés, en adéquation avec les besoins du marché. »

La formule a fait ses preuves : sur les 5.000 ha replantés chaque année en Languedoc-Roussillon, 3.500 ha sont réalisés dans le cadre du plan collectif. Le modèle a été repris dans les autres bassins viticoles en France.

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Recul des cépages sensibles à la sécheresse

Le comité RQD vient de boucler son 14e son plan collectif (le PCR 5), prévu sur trois ans de 2023 à 2025. Les intentions de plantation s'élèvent à 8.530 ha, à réaliser d'ici 2025.

Elles révèlent les tendances d'évolution du vignoble avec, pour les variétés rouges, une bonne progression des cépages adaptés à l'élaboration des rosés, comme le grenache gris, en progression de 392 ha (+145%) par rapport au plan précédent. Le grenache noir, déjà bien implanté, continue à s'accroitre (+5%).

En revanche, les cépages à petits grains, plus sensibles à la sécheresse, sont en net retrait : le merlot recule de 300 ha (-35%), le marselan de 200 ha (-43%).

En blanc, le chardonnay reste sur le haut du podium. Demandé par le marché, les vins de cépage chardonnay sont bien valorisés et donc plébiscités par les producteurs : les intentions de plantation de ce cépage progressent de 663 ha (+56%). Le grenache blanc est aussi en croissance de 320 ha (+122%), tout comme le sauvignon de 411 ha (+97%) et le vermentino de 204 ha (+99%).

A noter également la montée en puissance des cépages résistants aux maladies, comme le floréal et le souvignier gris, en tête des intentions de plantation de cette catégorie de cépages.

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500 millions d'euros injectés en vingt ans

Au fil de ces vingt années de reconversion, le comité RQD a lui aussi évolué : initialement très administratif, il a mué vers une structure de service qui accompagne les viticulteurs dans leur demande d'aide.

« Les producteurs ne sont pas tous parfaitement rodés aux arcanes administratives, nous sommes là pour les alerter sur les deadlines à respecter, les pièces qui manquent, parfois les incohérences dans leur dossier, souligne le directeur, Dominique Blanc. Quand nous validons un dossier, le producteur est sûr de toucher sa prime. »

Le jeu en vaut la chandelle : depuis vingt ans, 500 millions d'euros d'aides ont été injectés dans le vignoble régional, à raison de 25 à 30 millions d'euros injectés chaque année.

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