Pourquoi le Laboratoire Dubernet (oenologie) étend son expertise à l’agro-écologie

Le laboratoire Dubernet, spécialisé dans le conseil et l’analyse œnologique, créé une filiale baptisée Terra Mea et dédiée à l’agro-œnologie et plus largement l’agro-écologie, suite à la mise au point d’un procédé innovant d’analyse du vivant du sol. Objectif : contrer les déséquilibres provoqués par le réchauffement climatique.
Matthieu Dubernet, P-dg des Laboratoires Dubernet dans l'Aude.
Matthieu Dubernet, P-dg des Laboratoires Dubernet dans l'Aude. (Crédits : DR)

« Les sols sont les premiers à souffrir et à se dégrader sous l'effet du réchauffement climatique, soutient Matthieu Dubernet, P-dg du Laboratoire éponyme, basé à Montredon-des-Corbières (Aude). J'ai décidé de m'investir sur cette question car elle est centrale d'un point de vue environnemental, mais également cruciale d'un point de vue œnologique. En tant qu'œnologue, nous sommes aujourd'hui impuissants pour corriger les déséquilibres provoqués par le réchauffement climatique dans les moûts et les vins. »

Pour répondre à cette problématique, le dirigeant audois vient de créer Terra Mea, une nouvelle filiale dédiée aux analyses de sols et conseil agronomique.

Limiter les émissions de gaz à effet de serre

« Nous avons développé un tout nouveau procédé d'analyse du vivant des sols, annonce-t-il. Cette donnée est essentielle et stratégique non seulement pour la viticulture mais pour tout type de production agricole. Le sol, c'est le capital de l'agriculteur. C'est un facteur-clé de la production agricole, qui influe sur la quantité comme sur la qualité. Nous avons ainsi démontré que la quantité de champignons présents dans le sol a une influence directe sur la capacité de la vigne à assimiler le phosphore et le fer, deux éléments essentiels pour la productivité de la vigne et la bonne maturité du raisin ».

Les analyses menées depuis quelques années montrent également un appauvrissement des sols en matière organique dans le vignoble languedocien, avec des conséquences sur la productivité, mais également sur l'environnement.

« Quand le taux de matière organique s'amenuise, c'est du carbone qui est rejeté dans l'atmosphère, rappelle Matthieu Dubernet. Une perte de 1% de la teneur en matière organique génère 80 tonnes de CO2/ha. Garder les sols vivants est également un moyen de limiter l'émission des gaz à effet de serre. »

Cette nouvelle activité, amorcée il y a quatre ou cinq ans par des travaux R&D, a été formalisée fin 2022 avec la création de Terra Mea, qui emploie aujourd'hui dix personnes : « Nous allons très rapidement passer à 20 personnes et à 50 d'ici deux ans. Les analyses sont réalisées à Narbonne, mais nous aurons des salariés basés dans toutes les régions en France et nous visons un développement européen à terme ».

300.000 échantillons analysés par an

Pour faire face à ces nouveaux développements, l'entreprise a investi 2,3 millions d'euros dans une extension de 800 m2 de ses locaux, portant à plus de 2.000 m2 la surface totale de ses bureaux, laboratoires d'analyses et salles de dégustation sur son site à Montredon-des-Corbières.

Fondée dans les années 1960 par le grand-père de l'actuel dirigeant, puis développée à partir de 1974 par son père qui a accompagné les vignerons languedociens dans la mutation du vignoble et l'introduction de nouvelles pratiques œnologiques, l'entreprise s'est fait un nom grâce à l'automatisation des méthodes d'analyses œnologiques, qui ont permis d'offrir un service analytique de haut niveau à des prix maîtrisés. En 1998, quand Matthieu Dubernet rejoint l'entreprise familiale, celle-ci comptait dix salariés.

En 2023, elle emploie désormais 60 personnes, réparties sur trois sites : Narbonne, Orange et Tain l'Hermitage, et réalise un chiffre d'affaires de 4 millions d'euros.  Le laboratoire Dubernet est aujourd'hui le plus gros laboratoire œnologique indépendant d'Europe, avec 300.000 échantillons analysés chaque année sur les trois sites.

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Commentaire 1
à écrit le 26/05/2023 à 9:26
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Le réchauffement climatique serait bien moins menaçant si les sols n'avaient pas été tués par l'obscurantisme agro-industriel c'est une certitude. Leurs terres font pitié, enseignons aux paysans à aimer leurs terres bon sang ! C'est précieux qu'ils l...

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