Librairie Sauramps : deux repreneurs potentiels sur les rangs

Le processus de transmission est en cours : d’ici la fin de l’année, la librairie Sauramps, institution montpelliéraine, pourrait avoir trouvé un repreneur. Son dirigeant, Jean-Marie Sevestre, l'a confirmé le 7 décembre. Une opération urgente selon les salariés, qui s’alarment de la situation financière de l’établissement.
Cécile Chaigneau

Voilà environ six mois que des rumeurs bruissent sur la santé économique de la librairie Sauramps. Cette institution montpelliéraine, aux mains de trois actionnaires, est l'un des fleurons de la librairie indépendante française. Néanmoins, elle connaît des difficultés financières à même d'obérer son avenir.

Ce sont les salariés qui, par la voix de leur représentation syndicale, ont tiré la sonnette d'alarme dès l'été dernier, craignant une cessation d'activités prochaine. Le 7 décembre, et afin de répondre aux nombreuses questions soulevées dans la presse, Jean-Marie Sevestre, emblématique dirigeant de la librairie et actionnaire de référence, donnait une conférence de presse devant les médias régionaux.

« La conjoncture n'est pas facile et il y a eu des moments difficiles pour s'adapter au marché, mais Sauramps reste indépendante », commence Jean-Marie Sevestre.

Même si le marché du livre se porte un peu mieux depuis environ deux ans, le libraire annonce un résultat net déficitaire de 300 000 € en 2016 pour un chiffre d'affaires de presque 25 M€ (vs 420 000 € pour un chiffre d'affaires de 26 M€ en 2015) réalisé par les différents établissements du groupe : à Montpellier au Triangle (15 M€) et au centre commercial Odysseum (7,4 M€), ainsi qu'à Alès (2,5 M€).

Vétusté et désertification commerciale

Les difficultés rencontrées par la librairie ? Celle du Triangle, établissement historique du groupe, souffre de vétusté. Du haut de ses 38 ans d'âge, la librairie a besoin d'un sérieux lifting, à commencer par de lourds investissements en matière de sécurité et d'accessibilité. Le toit prend l'eau mais les travaux n'ont pas été validés par les copropriétaires, et le 5e étage a été fermé il y a quelques mois.

« Les capacités financières des actionnaires ne permettent pas ces investissements », répond Jean-Marie Sevestre aux reproches formulés par les salariés.

Quant à la boutique Polymôme, l'espace jeunesse de la librairie, elle souffre d'une désaffection de la clientèle du fait de sa situation tout au bout d'une galerie qui s'est largement vidée de ses commerces.

« Les Halles Castellane auraient été la résolution de tous nos problèmes mais Marcel Salerno (emblématique homme d'affaires montpelliérain, commerçant et propriétaire de multiples immeubles dans la ville, notamment des Halles Castellane, NDLR) veut nous garder au Triangle car nous faisons office d'aspirateurs à clients, ajoute le dirigeant avec une pointe d'amertume. Le maintien au Triangle n'est plus un sujet car on a exploré toutes les possibilités de déménager ailleurs. Il n'y a pas de surfaces suffisantes à Montpellier. »

Rentabilité à la peine

L'implantation à Odysseum, en 2009, a-t-elle été une erreur ?

« Pas du tout, répond Jean-Marie Sevestre. Il y a une complémentarité avec le Triangle qui se vérifie tous les jours. C'est une librairie populaire de qualité, et il n'est pas question de la fermer. »

Il existe néanmoins un vrai problème de rentabilité sur cet établissement, plombé par un loyer et des charges locatives exorbitants, de l'ordre de 800 000 € annuels.

L'hypothèse d'une fermeture des librairies Sauramps, au-delà des répercussions sociales non négligeables pour les 140 salariés, serait un mauvais coup pour la ville qui perdrait ainsi un lieu culturel emblématique connu et reconnu.

« Il n'est pas question de fermeture !, veut rassurer le libraire. Après plusieurs propositions non abouties, nous sommes sur le point de trouver un repreneur. Deux candidats sérieux, militants de la librairie indépendante, se sont manifestés. L'un a déjà déposé son offre, l'autre le fera dans les prochains jours. »

Lié par une clause de confidentialité, le dirigeant se refuse à donner les noms mais consent à désigner deux libraires, l'un de Rodez (12), l'autre de Rouen (76). En effet, les noms courent déjà dans les colonnes de la presse : La Maison du Livre  à Rodez et L'Armitière à Rouen.

Les 140 salariés préservés

« Une décision sera prise d'ici la fin de l'année, après présentation à l'ensemble des salariés, et le repreneur sera là avant l'été prochain », assure Jean-Marie Sevestre, qui souligne qu'aucune solution en interne n'avait été trouvée. L'offre porte sur le périmètre actuel du groupe, y compris Alès qu'il avait été question de lâcher. »

Quant aux 140 salariés, le dirigeant assure qu'ils devraient être préservés : « À Odysseum, il y avait 50 personnes à l'ouverture et on est tombé à 36. On ne peut pas descendre en-dessous compte tenu du travail qu'il y a et des heures d'ouverture du magasin. Pour le Triangle, des départs n'ont pas été remplacés et il y a certainement des ajustement à faire dans des services mais pas de vague de départs envisagée. »

Par ailleurs, il affirme que les trois pôles de logistique de proximité sont nécessaires au bon fonctionnement et devraient être également maintenus.

Quoi qu'il en soit, le dirigeant l'affirme : il n'envisage pas l'échec des négociations en cours. La reprise se fera. Mais sans lui, qui se retirera non sans avoir accompagné le repreneur au préalable.

Cécile Chaigneau

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