Sauramps : le Furet du Nord tacle l'offre concurrente d'Amétis

Après le recours suspensif prononcé par la justice le 7 juillet dernier, Pierre Coursières, le P-dg du groupe Le Furet du Nord, d’abord désigné repreneur des librairies Sauramps, laisse éclater sa stupéfaction. En attendant de défendre à nouveaux son projet le 13 juillet, il confie sa colère à Objectif Languedoc-Roussillon.
Cécile Chaigneau
Pierre Coursières, P-dg du groupe Le Furet du Nord.

« Vendredi dernier (7 juillet, NDLR), nous étions stupéfaits ! »

Deux semaines après la décision du tribunal de commerce d'accorder la reprise des librairies Sauramps au groupe Le Furet du Nord et quatre jours après la décision en appel de retenir le recours suspensif déposé par le cédant (Jean-Marie Sevestre), Pierre Coursières, le P-dg du Furet du Nord, n'en revient pas.

« C'est une décision surprenante, lance-t-il à Objectif Languedoc-Roussillon. Car même s'il y avait appel, rien ne nous empêchait de gérer les affaires en cours. Jean-Marie Sevestre a préféré mettre tout le monde dans l'embarras... »

Son projet de reprise portait sur le périmètre des librairies du Triangle, de Polymômes et du Musée Fabre, et de la librairie d'Alès. Soit 47 et 10 salariés conservés sur les 120. Celui de la société montpelliéraine Amétis (François Fontès et Bertrand Barascud), non retenu par le tribunal, sur l'ensemble des librairies (dont celle d'Odysséum), avec la reprise de 85 salariés.

« Une évidence difficilement contestable »

Le 1e juillet, on remettait les clefs de la maison Sauramps à Pierre Coursières, et quelques jours plus tard, on les lui reprenait. Entre temps, il avait pourtant pris possession des lieux et commencé à travailler avec les équipes.

« Nous avons expliqué notre projet aux salariés et travaillé avec eux dans des logiques professionnelles et non en conquérant, déclare Pierre Coursières. Les salariés ont vu que nous savions de quoi nous parlions, et cela leur a redonné espoir... Chaque jour a rendu notre présence plus évidente. Ce qui a fait peur à Jean-Marie Sevestre et François Fontès qui ont bien vu que s'il n'y avait pas suspension, nous arriverions en appel dans une évidence difficilement contestable... »

Le dirigeant se dit d'autant plus en colère que la situation financière du groupe montpelliérain est menacée.

« Les caisses sont vides, les salariés n'ont plus le droit de passer de commandes, et on ne sait même pas si le groupe sera en capacité de payer les gens, regrette Pierre Coursières. Si on nous avait laissé travaillé, on aurait eu le temps de servir les commandes de livres scolaires de la Région, qui se retrouve dramatiquement dans l'expectative, avec un marché de 1,7 M€ clairement menacé aujourd'hui. Nous avons vu les équipes de la Région, les responsables de vente aux collectivités de chez Sauramps et du Furet du Nord se sont vus, mais on n'a pas pu finir le travail ! La Région est inquiète car tous les élèves ne sont pas sûrs d'avoir les bouquins en temps et en heure. Et cette situation est dramatique pour les équipes, qui sont dévastées... À Lomme (siège du Furet du Nord, NDLR), nous disposons de deux tonnes de papeterie, prêtes à partir chez Sauramps à Montpellier et Alès pour assurer la rentrée scolaire... »

« On ne s'improvise pas patron d'une librairie »

Le libraire veut encore y croire et défend son offre, qui sera à nouveau examinée lors de l'audience du 13 juillet prochain, tout comme celle d'Amétis.

« L'offre qui sera examinée est celle du 1e jugement, sauf que nous reprendrions 61 personnes, et non 57, avec 27 propositions de postes en reclassement, dont nous n'avons pas eu le temps de discuter avec les salariés pour voir s'ils seraient intéressés ! »

À la question de ses chances face à l'offre socialement mieux disante d'Amétis, Pierre Coursières se fait tranchant.

« Amétis paraît mieux disant socialement mais c'est un faux semblant à court terme car elle garde des structures qui perdent de l'argent, et que conserver l'ancienne structure (de la holding, NDLR), cela fait rarement de bonnes recettes. La promesse d'Amétis de garder les salariés pendant quatre ans ne les engage en rien, et s'ils décident de se séparer d'une partie d'entre eux, personne ne leur dira rien ! C'est une promesse qui n'engage que ceux qui les écoutent ! À un moment, il faut arrêter le déni de réalité. On ne s'improvise pas patron d'une librairie indépendante qui subit une baisse structurelle de marché de 6 %, qui est en concurrence avec des pure-players... Notre métier de culture-loisirs est suffisamment compliqué pour qu'il n'y ait pas de nouveaux acteurs sur le marché...  Le modèle économique est fin, complexe, précis et ne laisse la place à aucun amateurisme ! Ce sont des métiers à faibles marges, où il faut un savoir-faire. Relancer Sauramps avec des gens qui n'ont pas ce savoir-faire met le groupe en danger, même s'il est repris par quelqu'un qui a les poches pleines ! Il y a des trous béants dans leur stratégie, et le tribunal s'en est rendu compte. Par exemple, faire progresser le chiffre d'affaires du site d'Odysséum de 30 % par an, ce n'est pas réaliste. »

François Fontès, également sollicité par la rédaction d'Objectif Languedoc-Roussillon à plusieurs reprises pour évoquer son projet, n'a pas donné suite.

Cécile Chaigneau

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