Face au retard des Vélib’ parisiens, les prestataires en région s’activent

Le déploiement du dispositif Smovengo, prestataire retenu pour le marché des Vélib’ à Paris, a pris du retard. Mais les différents prestataires, fournisseurs des vélos ou encore des bornettes électrifiées, dont Smoove et Optitec dans l’Hérault, sont au travail afin que tout soit opérationnel le 31 mars prochain.
Cécile Chaigneau

Conformément au contrat obtenu par le consortium Smovengo (Smoove, Indigo, Moventia et Mobivia) en avril 2017 auprès du Syndicat Autolib' Vélib' Métropole, la bascule du dispositif JCDecaux vers celui du nouvel attributaire s'est faite le 1e janvier 2018 (pour les quinze années à venir). Avec toutefois un retard sur les prévisions annoncées.

Fin décembre, le groupement Smovengo a ainsi signalé « qu'une centaine de stations Vélib' seront fonctionnelles au 1er janvier, soit le tiers de ce qui était initialement envisagé ».

« 80 stations sont opérationnelles sur les 1 200 que nous devons installer sur le Grand Paris (Paris et une soixantaine de communes alentours, NDLR), précise même Julien Chamussy, directeur marketing chez Smovengo, à Objectif Languedoc-Roussillon, le 2 janvier. Depuis octobre dernier, JCDecaux démonte ses stations. Sur les 1 200, il en reste 600 à démonter. Au 1er janvier, ces 600 stations ont été désactivées et JCDecaux finit de retirer ses vélos du circuit... Mais il faut rappeler ce qui était convenu : que le réseau Smovengo soit déployé dans son intégralité au printemps 2018. Notre objectif est donc d'être prêts pour les beaux jours. »

Le 26 décembre, des mesures compensatoires pour les abonnés ont été proposées par le Syndicat Autolib' Vélib' Métropole, la mairie de Paris, et la Métropole du Grand Paris : un crédit de trois heures offertes pour les abonnés Vélib', et une réduction de 50 % pour les nouveaux abonnés sur leurs abonnements en janvier, février et mars 2018.

Recours et contentieux social

Les raisons de ce retard ? Le nouvel opérateur évoque tout d'abord le recours en référé du titulaire sortant, JCDecaux, retardant ainsi de quelques mois la mise en place du chantier sans que la date de lancement du service ne soit modifiée.

Un contentieux social a également freiné la mise en route, concernant le sort des 300 salariés de Cyclocity, la filiale de JCDecaux qui opérait sur ce marché. Début décembre 2017, Smovengo et JCDecaux ont fini par trouver un accord sur les conditions de reclassement des salariés de Cyclocity : ceux qui le souhaitent peuvent rejoindre Smovengo à des conditions salariales comparables. Les autres pourront bénéficier d'un plan de sauvegarde de l'emploi, dont les conditions ont également été acceptées par les syndicats.

« Certains salariés nous ont déjà rejoint, déclare Julien Chamussy sans préciser combien.  Mais le processus est encore en cours. »

Un chantier immense

Par ailleurs, en matière de travaux de voirie et de réseaux, l'installation de 1 200 stations constitue un chantier immense.

« C'est un projet complexe dans le temps imparti, un défi industriel immense, répond en effet Julien Chamussy. Nous allons déployer des vélos électriques (30 % des 20 000 vélos fournis, NDLR) qui doivent pouvoir se recharger dans toutes les stations. Ce qui signifie plus de 45 000 bornettes de raccordement qui doivent être électrifiées. Or les sous-sols parisiens sont déjà saturés en réseaux divers, il faut se coordonner avec les autres opérateurs, demander des autorisations, etc. Ce qui engendre des délais supplémentaires. »

Afin de respecter son engagement au 31 mars 2018, le groupement Smovengo a annoncé « qu'il accélérera le rythme de ses travaux d'aménagement, avec environ 80 stations supplémentaires ouvertes chaque semaine jusqu'au printemps ».

Les bornettes chez Optitec...

La fabrication des stations a été confiée à l'entreprise IPM France, basée à Romans-sur-Isère (26). Quant aux bornettes, c'est chez l'entreprise héraultaise Optitec (installée à Vendargues) qu'elles sont assemblées et peintes, avec le concours de trois Esat (établissements et services d'aide par le travail) héraultais, principalement celui de Castelnau-le-Lez.

« Nous intervenons aussi sur quelques pièces des vélos, comme le guidon par exemple, précise Luc Martin, le président d'Optitec, spécialisée dans le traitement de surfaces et l'application de peinture industrielle. Au total, c'est un marché de près de 4 M€ pour nous, qui a nécessité le recrutement de 50 à 60 équivalents temps plein sur quatre à cinq mois (l'entreprise emploie près de 200 personnes en tout, NDLR). Aujourd'hui, 15 % des pièces environ sont traitées, et nous serons dans les clous pour la fin mars. Nous n'avons pas droit au dérapage ! Il y a des enjeux politiques et de services importants pour la Ville de Paris, d'où une grosse pression de l'exploitant. »

Le dirigeant se félicite des résultats de l'entreprise pour l'année 2017, avec un chiffre d'affaires de 10 M€ qu'il projette de monter à 15 M€ en 2018, notamment grâce au dynamique marché immobilier montpelliérain (Optitec est par exemple prestataire sur le chantier de l'Arbre Blanc), mais également grâce à de nouveaux marchés dans le secteur automobile et aéronautique.

« Nous travaillons le secteur aéronautique depuis 2015-2016 et ces marchés arrivent maintenant à maturation, souligne Luc Martin. Ils devraient représenter 450 000 à 500 000 € de chiffre d'affaires en 2018. »

... les vélos chez Smoove

Du côté des vélos, Laurent Mercat, le dirigeant de Smoove à Saint-Gély-du-Fesc (34) rappelle que ce sont 24 500 unités qui sont actuellement en production pour le marché parisien, dont 30 % électriques. Concepteur des vélos, Smoove a recours à deux prestataires français pour leur fabrication : Arcade en Vendée pour les vélos électriques, et la Manufacture Française du Cycle (à Machecoul, près de Nantes) pour les vélos mécaniques.

« 1 500 vélos ont été mis dans la rue au 1e janvier, et nous en avons plusieurs milliers en stock dans les entrepôts à Paris, dans l'attente d'être déployés lorsque les stations seront prêtes, affirme Laurent Mercat, qui ne communique volontairement pas plus sur le volume actuel et le rythme de production. Aujourd'hui, Smoove emploie 85 personnes contre une vingtaine avant l'obtention du marché des Vélib', dont 60 permanents et 25 prestataires. »

L'entreprise vient par ailleurs de décrocher un nouveau marché de 700 vélos mécaniques pour la ville de Espoo en Finlande (où elle est déjà présente, à Helsinki), et des commandes additionnelles à ses contrats à Moscou (600 vélos électriques en plus des 4 000 déjà déployés) et au Kazakhstan.

Laurent Mercat annonce que Smoove vient d'acquérir des locaux plus spacieux dans le quartier Malbosc à Montpellier, où elle déménagera en avril prochain, après quelques travaux de réhabilitation.

Cécile Chaigneau

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Commentaires 2
à écrit le 07/01/2018 à 23:06
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Smoovengo fait beaucoup de promesses partout mais rien ne marche :) On a donné un contrat à une société qui n'a pas les épaules, pour le moment il n'y a que 2 stations activent en région parisienne le 8 janvier !

à écrit le 02/01/2018 à 21:34
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Des chiffres, mais aucun Velib ne fonctionne aujourd'hui. Continuité de service rompue. L'utilisateur n'a que faire des excuses du prestataire.

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