Orchestra-Prémaman : les offres de reprise de Pierre Mestre et du saoudien Al-Othaim à la barre

Le sort de l’entreprise héraultaise Orchestra-Prémaman, spécialisée dans le prêt-à-porter enfants et la puériculture, sera examiné à la barre du tribunal de commerce de Montpellier le 4 juin. Le fondateur Pierre Mestre et le groupe saoudien Al Othaim sont candidats à la reprise. Leurs plans en détail.

La procédure entre dans sa dernière ligne droite : le 4 juin prochain le tribunal de commerce de Montpellier statuera sur la reprise d'Orchestra-Prémaman, entreprise de prêt-à-porter pour enfants et de puériculture, dont le siège est à Saint-Aunès, près de Montpellier. Fondé en 1995 par Pierre Mestre, le groupe est toujours dirigé par le fondateur, qui est également actionnaire majoritaire.

En procédure de sauvegarde depuis le 24 septembre 2019, le groupe héraultais, coté en bourse, a été placé en redressement judiciaire fin avril. L'entreprise avait déclaré subir de plein fouet les conséquences financières de la crise sanitaire mondiale liée au virus Covid-19, une crise qui avait été précédée par celle des Gilets jaunes, les deux impactant significativement son activité. La cotation de ses actions a été suspendue le 30 mars dernier.

A la barre du tribunal, deux options de reprise se présentent : par le fondateur-dirigeant lui-même (rendue possible par un récent amendement autorisant la reprise d'une société en redressement judiciaire par son dirigeant) ou par le groupe saoudien Al-Othaim, déjà actionnaire d'Orchestra-Prémaman depuis 2016, à hauteur de 4,08 % aujourd'hui.

31,8 M€ promis par Pierre Mestre

Pierre Mestre, qui n'a pas souhaité répondre aux sollicitations de La Tribune, présente une offre de reprise du groupe qu'il a fondé au travers de la société Neworch, qu'il faut comprendre comme "New Orchestra". L'entreprise dispose d'un capital de 1 M€ qui sera augmenté à 5 M€ « d'ici la signature des actes de cession ».

A l'offre présentée au tribunal de commerce, que La Tribune a pu consulter, le dirigeant de Neworch affirme que « les principaux fournisseurs, les principaux franchisés, et les principaux cadres du groupe se sont associés (à 41 %, ndlr) aux fondateurs historiques, les familles Mestre (actionnaire de Neworch à 38 %, ndlr) et Gotlib (actionnaire à 19 %, ndlr), dans le cadre d'une structure ad hoc de reprise des actifs », en précisant avoir sécurisé « un peu plus de 5 M€ d'investissement tiers ».

En termes d'emploi, Pierre Mestre s'engage à reprendre 1 057 salariés (843 personnes en affiliés et 214 personnes au siège) auxquels s'ajoutent 131 salariés de l'entrepôt de Saint-Aunès, repris pour un an seulement.

Au total, prix de cession et coût social inclus, 31,8 M€ sont promis à la reprise des actifs d'Orchestra-Prémaman.

En outre, si leur projet venait à être retenu par le tribunal, les dirigeants promettent que jusqu'à 2 % du capital de l'entreprise sera détenu par les salariés en CDI.

Dans ses prévisions de chiffre d'affaires, Neworch table sur une hausse des volumes de vente dès 2021, tant sur ses rayons textiles que puériculture.

« On est face à un gouffre financier »

Lui aussi coté à la bourse de Riyad, le groupe Al-Othaim, créé en 1956, réalise un chiffre d'affaires de 2,5 Mds $, exploite 200 supermarchés et hypermarchés, 8 centres commerciaux en Arabie Saoudite et 35 parcs d'attraction au Moyen-Orient.

Pourquoi faire cette offre de reprise alors qu'Orchestra-Prémaman subit d'importantes pertes ?

« Il est vrai que l'entreprise a enregistré 33 M€ de pertes en 2017, 20 M€ en 2018, et 88 M€ en 2019, énumère Hervé Guionie, directeur du développement d'Al-Othaim. Son endettement global est de 650 M€. On est face à un gouffre financier ! Mais nous avons investi 26 M€ dans cette société en 2016 car nous y croyions et nous continuons d'y croire. La chute d'Orchestra est liée à une mauvaise gestion et à de mauvais choix stratégiques... Les grèves, les gilets jaunes, la crise sanitaire ont juste contribué à accélérer cette chute. Al-Othaim est un actionnaire mécontent ! Il n'y a eu aucune écoute ni dialogue possible. »

Le Saoudien conserverait 1 906 emplois

Axe principal du plan de reprise du Saoudien : se recentrer sur le marché français, en conservant 125 succursales sur 170 et 101 franchisés affiliés sur 135.

« A l'étranger, nous ne voulons conserver que les pays où l'enseigne est leader et profitable : en Grèce, à Chypre et au Maroc, soit 88 magasins, précise Hervé Guionie. Et nous ne conserverions que les franchisés les plus importants, au Kazakhstan et en Arabie Saoudite, sur les 40 qu'avait ouverts Orchestra. »

Le groupe saoudien, qui se dit « convaincu de la nécessité de l'ancrage montpelliérain », prévoit de conserver le siège et l'entrepôt logistique à Saint-Aunès.

Conséquences sur les effectifs : 1 111 emplois directs repris (dont 223 sur 305 au siège et les 131 postes de l'entrepôt à Saint-Aunès) sur 1 260 en France. Auxquels s'ajouteraient 707 emplois chez les franchisés et « 88 autres dans 12 magasins d'affiliés en difficulté et rachetés par Orchestra, pour lesquels on accepterait de reprendre les salariés mais pas le passif ». Soit un total de 1 906 emplois.

Al-Othaim prévoit également un investissement immédiat de 35 M€ en fonds de roulement, afin d'apporter une bouffée d'oxygène à Orchestra, « asphyxiée par des stocks colossaux ».

Plus de jouets et des services

Du côté de la stratégie commerciale, le Saoudien envisage un enrichissement et un renouvellement plus fréquent de l'offre, et une augmentation des marques propres en puériculture afin de mieux servir les attentes des 1,2 millions d'adhérents à la Carte Club. Il veut aussi généraliser la présence des jouets dans les magasins grand format, introduire des services (garde d'enfants, organisation d'anniversaire, conseils,...), et réduire le nombre de fournisseurs.

« Nous prévoyons une légère progression sur les magasins et un important développement sur internet. Notre objectif, c'est que notre chiffre d'affaires sur internet représente 15 % de chiffre d'affaires total à partir de 2022, alors qu'il était entre 4 et 5 % en 2018 et 2019. »

Le dirigeant du groupe saoudien rappelle que « le 22 mai, le vote du CSE s'est prononcé à l'unanimité pour notre plan ».

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