
Jérémie Adjedj, cofondateur d'EcoMatelas à Saint-Aunès près de Montpellier, insiste : son entreprise fait du réemploi et non du recyclage de matelas. Comprendre qu'il reconditionne les matelas quand les sociétés de recyclage, elles, transforment les matelas le plus souvent en balles de matière premières qui repartent dans l'industrie (par exemple l'industrie automobile) pour d'autres usages (mousse, isolant acoustiques ou thermique, etc.).
L'entreprise familiale est née en 2017, quand Jérémie Adjedj, constatant que les matelas vendus dans les hôtels étaient changés tous les deux ou trois ans, s'est demandé s'il n'y aurait pas moyen de les reconditionner comme on recycle des téléphones portables pour leur offrir une seconde vie...
Il fallait bien sûr prendre en compte les questions d'hygiène et d'affaissement. Près de 2 ans et 15 prototypes plus tard, en 2017, EcoMatelas avait mis une technique de reconditionnement au point et créé la marque Ecotex. Le principe : conserver la matière première pour la remettre à neuf.
45.000 matelas et sommiers reconditionnés
« Le reconditionnement se fait en cinq étapes, explique le jeune cofondateur d'EcoMatelas (avec Stéphane Duponchel). Contrôler la qualité pour sélectionner la matière première la plus performante et haut de gamme. Déshabiller le matelas pour ne garder que mousse, latex et mémoire de forme, les anciens tissus étant envoyés au recyclage, et retailler les mousses en enlevant 1 à 10 cm de la surface, qui est légèrement affaissée. Assembler de la matière pour avoir matelas plus ou moins épais et haut de gamme. Placer le matelas dans des étuves industrielles pour désinfection thermique à une température de 90° à 120° pendant environ une heure, ce qui permet d'hygiéniser le matelas. Enfin rhabiller le matelas. »
Le matelas est alors prêt à retourner dans le cycle de vente, avec une durée de vie annoncée de 6 à 8 ans (au lieu de 10 pour un matelas neuf), « à un prix compétitif, environ trois à quatre fois moins cher qu'un neuf », précise Jérémie Adjedj (à partir de 200 € opur un 140-190 cm, contre 500 à 600 € neuf).
EcoMatelas s'approvisionne dans les hôtels (principalement les hôtels 3 à 5* du Groupe Accor) et chez les fabricants de literie (produits cassés ou tachés, fins de séries, chutes de production).
A ce jour, quelque 45.000 matelas et sommiers ont été reconditionnés et vendus, à 80% à des particuliers via le magasin de Saint-Aunès et le site internet de l'entreprise, et 20% à des chambres d'hôtes, auberges de jeunesse ou appart-hôtels.
EcoMatelas emploie à ce jour neuf salariés, dont trois en insertion. Après un 1e exercice clos sur un chiffre d'affaires de 190.000 euros et un 2e à 250.000 euros, il est monté à 450.000 euros en 2019 et devrait s'élever à 650.000 euros sur 2020.
Développer le B2B et livrer toute la France
« D'ici la fin de l'année, nous signerons un partenariat avec un gros fabricant européen de literie (dont il préfère taire le nom pour le moment, NDLR) pour développer la branche B2B de notre activité, annonce Jérémie Adjedj. Nous allons proposer nos services de reconditionnement à cet industriel. Du coup, nous allons ouvrir un autre dépôt dédié à cette activité à Teyran (également près de Montpellier, NDLR) et recruter 3 personnes, dont 1 en insertion. Cette activité pourrait démarrer au 1e janvier 2021. Pour répliquer notre ligne de production et reconditionner 1.000 matelas par mois, cela nécessitera un investissement de 70.000 euros en équipements. Ce partenariat nous garantit un chiffre d'affaires d'environ 250 à 300 000 € par an durant trois ans. »
Mais dans cette stratégie de déploiement, ce n'est pas tout. Pour l'heure, EcoMatelas effectue des livraisons à domicile dans un rayon de 100 km autour de Montpellier. Mais l'entreprise ouvrira une boutique-vitrine à Toulouse à la mi-2021. Et devrait également s'implanter à Lyon chez un industriel.
« En 2021, nous allons travailler avec un partenaire lyonnais spécialisé dans le recyclage de la literie (et non le réemploi, NDLR), donc nous aurons une matière première illimitée et l'idée est de l'utiliser, précise le jeune dirigeant. Nous allons délocaliser notre procédé chez eux, à Lyon, ce qui nous permettra d'avoir un autre gros site de production et ainsi de livrer la France entière à partir de la fin 2021. »
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