Agathe Boidin, la passion du retail avec Pacific Pêche

PORTRAIT - A la tête de l’entreprise Pacific Pêche depuis juillet 2020, Agathe Boidin peut s’appuyer sur plus de vingt ans d’expérience dans le retail. Un bagage solide pour cette ancienne cadre dirigeante, qui rêvait de se lancer dans sa propre aventure entrepreneuriale. Pour gagner son pari, elle devra désormais réussir la digitalisation et la modernisation des 38 magasins du groupe Pacific Pêche, basé à Saint-Gély-du-Fesc (34).
Agathe Boidin, p-dg de Pacific Pêche.
Agathe Boidin, p-dg de Pacific Pêche. (Crédits : DR)

Le 24 juillet dernier, le tribunal de commerce de Montpellier acceptait l'offre de rachat de Pacific Pêche, émise par Agathe Boidin, P-dg de l'entreprise ASL Pêche. Cette femme d'affaires, d'origine lilloise et formée à ESLSCA Paris Business School, est devenue une experte en retail et logistique au sein du groupe Orchestra-Prémaman où elle a occupé des poste de direction de 2000 à 2016 (dont la direction générale de 2012 à 2015).

Ce sont ces fonctions qui l'amènent à s'exiler aux Etats-Unis en 2016. Elle y restera quelques années avant de revenir à Montpellier en 2019.

Une aventure américaine qui renforce les envies d'entrepreunariat

"Construire une expérience aux Etats-Unis était un rêve pour moi. Ma mission consistait à superviser le rapprochement avec une entité américaine. A ce moment-là, les premières difficultés apparaissent chez Orchestra et je multiplie les allers-retours en France pour accélérer la digitalisation du groupe", confie Agathe Boidin.

Elle quitte finalement Orchestra-Prémaman fin 2018 et crée enfin sa première aventure entrepreneuriale avec son mari : Business Beyond Borders. Une agence de consulting destinée à aider les entreprises françaises qui veulent s'installer aux Etats-Unis.

"Mais le travail d'équipe me manque et je commence donc à me renseigner pour racheter une société en France. Entre-temps, en septembre 2019, le président de la société de logistique Log's, Franck Grimonprez, me propose d'intégrer leur équipe pour mener une transition vers la logistique connectée. Je reste neuf mois à ce poste, mais le BtoC me manque, tout comme l'omnicanal et la gestion des magasins. Et là, on me signale la mise en vente de Pacific Pêche. Très vite, je réalise un audit et présente un dossier, qui sera finalement accepté."

Se servir des expériences acquises

Depuis la nouvelle P-dg affirme "s'éclater" à la tête de sa nouvelle entreprise, malgré un emploi du temps très chargé.

"Il a fallu construire le projet du groupe et redonner une vision aux équipes. J'ai repris Pacific Pêche avec la promesse de garder ouverts nos 38 magasins nationaux et d'investir pour leur modernisation. C'est ce que nous faisons. Parmi nos objectifs : renouer avec les marques fortes du marché, développer nos marques en propre, et renouveler entièrement notre relation client grâce à des animations en point de vente et à l'omnicanalité. Un client web et magasin est un client plus fidèle", poursuit Agathe Boidin.

Des leçons apprises dans ses fonctions au sein d'Orchestra, qui a connu une croissance exponentielle depuis le début des années 2000 (de 8 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2000 à 110 millions d'euros en 2012, et plus de 600 millions d'euros en 2016, avec l'intégration de nouvelles filières).

"Pierre Mestre (le P-dg d'Orchestra, NDLR) a ces capacités de prise de risque et de résilience, observe-t-elle. Ce sont des qualités utiles, mais je retiens quelques leçons des déboires d'Orchestra. Par exemple, Pacific Pêche n'ira pas à l'export tout de suite, nous devons d'abord être forts sur notre offre et notre territoire et gagner de l'argent avec nos magasins avant de développer la franchise. Enfin, notre système d'information interne sera aussi déterminant, il doit fonctionner pour tout le groupe."

Des ambitions freinées par la crise sanitaire

"C'est une première année difficile, mais mon expérience américaine m'a donné une vision optimiste et une conception particulière du leadership : engager son équipe et donner des directions."

Agathe Boidin reste donc optimiste malgré la crise sanitaire qui a touché ses magasins en novembre dernier, puis à nouveau en ce mois d'avril 2021. Un confinement problématique, car avec l'ouverture de la saison de la truite depuis le 10 mars dernier, la dirigeante table sur une perte de 4 millions d'euros, soit près de 10 % du chiffre d'affaires annuel.

"Sur le plan de relance du gouvernement, il y a des trous dans la raquette, notamment pour les entreprises qui ont fait l'objet de procédures collectives, comme c'est le cas avec Pacific Pêche. Cette situation particulière n'est pas prise en compte. Nous avons bien droit au chômage partiel pour nos équipes, mais dans le retail, nos frais fixes sur les magasins coûtent très chers."

La crise a aussi retardé l'inauguration du nouveau magasin de Gradignan près de Bordeaux, et freiné l'évolution du nouveau magasin de Clermont-Ferrand, ouvert le 17 février dernier.

"C'est un défi supplémentaire mais mon expérience américaine et ma capacité à me battre me servent. Je crois au projet, la pêche est un loisir en plein essor, qui propose un retour à la nature."

Basée à Saint-Gély-du-Fesc, l'entreprise cherche toujours un local d'au moins 800 m2 pour ré-ouvrir un magasin à Montpellier et y implanter également son nouveau siège. Un nouvel espace attendu alors qu'Agathe Boidin a déjà embauché une dizaine de personnes complémentaires pour piloter le plan de relance.

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