La justice a annulé, le 9 novembre, l'autorisation environnementale accordée par la préfecture du Gard à la foncière Argan pour la construction d'un entrepôt logistique de 38.000 m2 destiné à Amazon, à Fournès, non loin de l'autoroute A9. En effet, le tribunal administratif de Nîmes ne reconnaît pas « l'intérêt public majeur » du projet. Mais la commune de Fournès conserve son ambition de l'accueillir.
« Cette zone n'est pas une zone naturelle mais un terrain qui depuis vingt ans est voué à accueillir une ZAC », recadre Me Jean-Marc Maillot (cabinet Erga Omnès), conseil de la commune de Fournès, lors d'une conférence de presse organisée à son cabinet.
Faisant fi des espèces protégées recensées sur site, l'avocat met également en avant que le tribunal ne ferme pas complètement la porte au projet « en donnant des pistes de travail à Argan », avec qui Me Maillot assure toutefois ne pas avoir échangé.
L'argument du déficit d'emploi
Depuis trois ans, ce "projet logistique Amazon", comme il est appelé ici, se révèle source de polémique et d'attaques judiciaires, allant jusqu'au soupçon de prise illégale d'intérêt puisque des élus de Fournès, ou des membres de leur famille, ont cédé des terrains à Argan dans cette opération et qu'une plainte a été déposée par un particulier.
« Certes le droit administratif et le droit pénal sont différents, et nous verrons ce que décide le procureur de la république de Nîmes, mais la notion de "détournement de pouvoir" a d'ores et déjà été écartée par les juges administratifs. Cela remet les choses à leur place », a notamment insisté Me Laurence Bourgeon, elle aussi avocate de la commune, alors que Thierry Boudinaud, le nouveau maire de Fournès (son prédécesseur ne s'est pas représenté devant les électeurs), n'a pas hésité à dire que l'équipe municipale précédente avait été « traînée dans la boue durant trois ou quatre ans ».
Ainsi, la commune de Fournès espère que le géant américain n'abandonnera pas ce territoire en déficit d'emplois depuis la fermeture d'une centrale thermique EDF et l'érosion régulière de personnel rencontrée au sein d'une société d'emballage alimentaire. Une posture à rebours de celle de Grand Lieu Communauté qui, en Loire-Atlantique, a rompu unilatéralement fin octobre ses discussions avec Amazon pour l'implantation d'un grand centre de tri de 185.000 m2...
Une décision judiciaire « très grave »
« La décision judiciaire d'annuler cette autorisation environnementale est quand même très grave, il n'y a sur ce terrain que de mauvaises herbes qui jouxtent déjà une ZAC existante (où sont notamment présents France Boissons et ITM, NDLR) », a pour sa part réagi Gilles Ridel, entrepreneur gardois à succès et défenseur du projet.
Pour sa part, la commune de Fournès estime que la promesse de 600 créations d'emploi par Amazon répond à « l'intérêt public » exigé par la règlementation.
« Si la société Argan fait valoir que le projet pourra générer jusqu'à 600 emplois salariés en équivalent temps plein (...) elle n'apporte aucun élément concret (...) qui permettrait de démontrer un recrutement aussi important », relève le tribunal dans sa décision.
Si la foncière dispose de deux mois pour faire appel, ce type de justification donne également à Argan des pistes d'amélioration pour le dépôt d'un nouveau projet sur ce terrain dont il est déjà, Amazon ou pas, copropriétaire.
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