Le CRESTEB, Centre de recherche et d'études sur la thermique de l'enveloppe du bâtiment, sera juridiquement créé en juillet pour une ouverture à Carcassonne en septembre.
Le futur centre, qui réalisera de la recherche fondamentale et de la R&D pour des entreprises, des bureaux d'études, des architectes ou des collectivités, délivrera aussi l'avis technique indispensable à une entreprise pour commercialiser un nouveau produit/procédé/matériau à des professionnels du bâtiment.
Il se positionne sur un marché déjà bien occupé par des organismes référents et dominants, tels que le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment), l'Acermi (l'Association pour la certification des matériaux isolants) ou le LNE (Laboratoire national de métrologie et d'essais).
Son fondateur, Patrick Denieul, expert en rénovation énergétique, prévoit de s'en différencier en innovant en matière de mesure, élargissant les critères au-delà de ce qui se mesure habituellement.
« Créé sous le statut de coopérative (Scic, société coopérative d'intérêt collectif - NDLR), le CRESTEB permettra à toutes les entreprises innovantes, développeurs de matériaux bio-sourcés ou de technologies innovantes de pouvoir faire de la R&D à faible coût et d'accéder aux certifications thermiques ATT4S, c'est à dire des avis techniques thermiques quatre saisons, explique-t-il. Ce qui fera du CRESTEB un laboratoire unique en Europe. »
De - 25° à 80°
L'objectif du CRESTEB est de recréer, en laboratoire, toutes les données climatiques que l'on peut rencontrer en Europe, « des températures variant de moins 25° et allant jusqu'à plus 80°, d'un climat sec aux pluies intenses, d'un vent nul à des vents dominants intenses ».
« Il ne s'agit plus de mesurer thermiquement un matériau seul et une seule donnée climatique, mais un complexe de matériaux et technologies associés allant jusqu'au mur complet selon toutes les conditions météorologiques, ajoute Patrick Denieul. De la même manière, il ne s'agit plus de mesurer une seule technologie thermique mais tout un ensemble de technologies innovantes telles que l'émissivité des matériaux, les rupteurs thermiques, les nanotechnologies etc. »
Corinne Lepage comme marraine
Selon le spécialiste, l'accréditation Cofrac (association chargée de l'accréditation des laboratoires, organismes certificateurs et d'inspection) sera définitivement accordée à l'ouverture du CRESTEB.
« Tous les matériaux, les équipements et appareils de mesure que nous utilisons ont déjà la certification Cofrac », précise-t-il.
Un tour de table financier vient d'être bouclé et 170 000 € collectés pour financer la création du laboratoire, « auprès de fondations et organismes publics », déclare Patrick Denieul, qui dit attendre un soutien probable de la Région.
Il se réjouit d'avoir trouvé une marraine en la personne de Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement, apportant « légitimité et reconnaissance de nos travaux ».
« Du côté de la FFB, nous voyons cette ouverture d'un bon œil, commente Stéphane Sansinena, secrétaire général de la FFB de l'Aude. Une offre locale que nous n'avons pas jusqu'à présent, c'est toujours bon à prendre. La spécificité de son projet, c'est une échelle humaine, avec une méthodologie peut-être moins standardisée que le CSTB par exemple, et qui s'adapte bien aux projets innovants. »
Un bâtiment "zéro énergie"
Un centre de formation sera également créé, afin de « transmettre les découvertes et les savoir-faire aux acteurs de la construction », et deux recrutements vont être lancés, un laborantin et un ingénieur thermicien, qui travailleront pour le CRESTEB, mais aussi pour le bureau d'études expert en thermique du bâtiment, AEREBAT, que dirige déjà Patrick Denieul.
« Avec le AEREBAT, nous sortirons le 1er bâtiment "zéro énergie" de la nouvelle région à Juvignac, annonce-t-il. Il s'agit de la surélévation d'un centre commercial, pour créer 10 logements haut de gamme. Nous attendons le permis de construire pour juillet, et les travaux démarreront à l'automne... Un bâtiment "zéro énergie" est un bâtiment qui ne nécessite aucun système de chauffage ni de rafraîchissement, et dont la consommation énergétique est proche de zéro. L'actuelle règlementation thermique RT 2012 est de 50 kWh/m2/an théorique, contre moins de 5 KWh/m2/an réel pour le "zéro énergie". »
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