Plan Logement : ACM Habitat redoute une perte de 8 M€ de capacité d’autofinancement

Le gouvernement, en dévoilant son Plan Logement, a déclenché la colère et l’inquiétude des bailleurs sociaux, qui dénoncent une réforme injuste et contreproductive pour le logement social. Chez ACM Habitat à Montpellier, le président Philippe Saurel et la directrice Claudine Frêche tirent la sonnette d’alarme.
Cécile Chaigneau
En réactions aux annonces sur le Plan Logement, Claudine Frêche, Philippe Saurel et Robert Cotte ont donné une conférence de presse le 22 septembre à Montpellier, chez ACM Habitat.

« Notre devoir est d'exprimer nos craintes », affirme solennellement Philippe Saurel le 22 septembre, lors d'une conférence de presse au siège de l'Office public ACM Habitat.

Le président d'ACM Habitat est aux côtés de la directrice, Claudine Frêche, et du président de URO Habitat (Union sociale pour l'habitat du Languedoc-Roussillon), Robert Cotte. En cause, l'inquiétude généralisée des bailleurs sociaux face aux mesures contenues dans le Plan Logement présenté par le gouvernement.

Philippe Saurel consent toutefois, en préambule, à en souligner certains points positifs : le doublement des fonds alloués par l'État aux projets de l'Agence de renouvellement urbain (ANRU), le plan de rénovation pour réduire la précarité thermique dans les bâtiment énergivores, ou la construction de 80 000 logements pour étudiants et jeunes actifs.

« Ici, l'ANRU 1 se termine, et sur l'ANRU 2, nous sommes en attente de la décision définitive sur le Grand Mail et nous devrions signer la convention avant juin 2018 », précise Philippe Saurel.

Préjudiciable

S'ils s'entendent sur la nécessité d'une réforme « globale et juste » des APL, le président et la directrice de l'office public HLM expriment toutefois des sérieuses inquiétudes sur les conséquences que générerait le Plan Logement.

« Nous souhaitons alerter sur certaines orientations qui risquent de mettre à mal les offices HLM, en particulier les petits, mais aussi les plus importants, lance Philippe Saurel. La reforme des aides au logement prévoit la baisse des loyers dans les logements sociaux pour locataires bénéficiant de l'APL. Une diminution des loyers de 50  à 60 €/mois entraînerait pour l'Office public une perte de 8 M€ par an de capacité d'autofinancement, soit 50 % de sa capacité actuelle. Ce serait préjudiciable pour ACM Habitat. »

Le plan de réhabilitation 2016-2020 d'ACM Habitat prévoit des interventions sur 1 545 logements, « soit un investissement colossal de 53 M€, jamais égalé dans l'histoire de ACM », souligne Philippe Saurel.

« Pourquoi taper uniquement sur les bailleurs sociaux, qui sont les plus vertueux en terme de plafond de loyers, interroge Claudine Frêche. Comment l'État peut-il imposer à des bailleurs sociaux de baisser des loyers, qui sont déjà les plus réglementés de France et des marges de manœuvre quasi inexistantes ? C'est une mesure politiquement injuste et qui n'a pas de sens... Les loyers d'ACM Habitat sont déjà en-dessous des plafonds et n'ont augmenté que de 1 % en trois ans. Avec 8 M€ cash de pertes par an, nous serons obligés de réduire la voilure. Cela ne met pas ACM Habitat en danger mais imposera des restrictions dans l'amélioration des logements des plus démunis. »

140 logements par an en moins

A la tête de URO Habitat, Robert Cotte est tout aussi pessimiste et inquiet.

« En Languedoc-Roussillon, ce sont 65 000 demandes par an qui sont non satisfaites aujourd'hui, et il faut compter trois ans d'attente en moyenne, renchérit-il. Si ce qui est annoncé se vérifie, ce sera 14 M€ de moins investis par an, 140 logements en moins sur les 5 000 que nous produisons chaque année, ce qui fera augmenter l'attente et le nombre de demandes non satisfaites... Il ne faut pas casser quelque chose qui marche. Même dans le cas de ACM, qui est le plus grand bailleur d'Occitanie, ce sera difficile. »

Le congrès annuel de l'Union social pour l'habitat, qui se tient du 26 au 28 septembre à Strasbourg, promet d'être « animé », annoncent Robert Cotte et Claudine Frêche...

Union régionale : le poids des voix

Une autre difficulté se profile pour le secteur du logement social en région : la réunion des deux unions HLM Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées en une seule union Occitanie.

« Elles doivent se réunir pour parler d'une voix, mais nous sommes convaincus que les situations des deux régions sont foncièrement différentes, fait observer Philippe Saurel. En Languedoc-Roussillon, Montpellier, Béziers, Perpignan et Nîmes sont des zones tendues, alors qu'en Midi-Pyrénées, à part Toulouse, on ne compte que des zones détendues. Les besoins de logements sont donc différents, et la voix du Languedoc-Roussillon doit pouvoir mieux s'exprimer. URO Habitat se bat pour que la réunion se fasse, mais en respectant les spécificités de nos territoires. »

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.