L'entreprise, installée à Saint-Georges-d'Orques (34) construit des villas depuis 1991... Mais depuis 2004, son dirigeant, Jean-Luc Chabalier, a engagé une réflexion sur le secteur du bâtiment et opéré une nouvelle approche industrielle découlant sur une nouvelle organisation économique, inspirée du monde de l'automobile.
« Tous les métiers du bâtiment vont changer, assène-t-il. La construction de bâtiments est l'un des rares secteurs d'activité en France qui ne soit pas industrialisé. Le secteur qui s'en rapproche le plus, c'est celui de l'automobile où d'énormes transformations ont eu lieu, les évolutions technologiques mettant la voiture à la portée des ménages sans rogner sur la qualité. »
S'en suivent alors plusieurs années de R&D, avec la mise au point, en 2011 du système constructif Panomur, protégé par un brevet, le tronc commun étant transposable dans toutes les régions et personnalisable suivant les exigences de chacune (du fait de la météo, de l'architecture régionale, etc.), « ce qui nous permet d'avoir des volumes nationaux », note le dirigeant.
Des panneaux intelligents
Le principe : des panneaux fabriqués en usine, intégrant de fortes compétences (électricité, plomberie, menuiseries, isolation, éléments de structure, etc.) et reliés à une cellule technique.
« Nous avons rendu le panneau intelligent, ajoute Jean-Luc Chabalier. La connectique entre les panneaux est réalisée par Profil, une filiale de Saint-Gobain, et ces panneaux sont ensuite assemblés sur le chantier... »
Le procédé permet de réaliser des villas individuelles ou groupées, ainsi que du petit collectif (R+3 maximum), suivant une durée moyenne de construction de trois mois pour une villa.
« Une centaine de villas ont été livrées entre 2014 et 2017 », précise Morgan Chabalier, responsable commercial de Panomur.
Selon les deux entrepreneurs, le coût est, à ce jour, encore le même que pour une construction traditionnelle.
« Dans deux ans, on espère être à moins 20 % grâce à des économies d'échelle, affirme Jean-Luc Chabalier. Nos maisons sont très performantes du point de vue énergétique et l'un de nos chantiers en R&D est de travailler sur la maison autonome et la rétention d'eau. »
Une nouvelle concession pour l'Occitanie
En terme d'organisation, le modèle s'est affirmé. Panomur compte deux salariés et a recours "à quatre compétences extérieures". L'entreprise vend son concept sous forme de licences à un concessionnaire, lequel vend les maisons et structure sa propre usine à proximité pour y fabriquer les panneaux.
En 2016, la première concession était délivrée au groupe constructeur de maisons individuelles bordelais, IGC. En janvier dernier, c'est l'entreprise héraultaise Selvea (Vendargues) qui signait la 2e concession, pour couvrir la région Occitanie.
« Nous sommes en pourparlers pour ouvrir d'autres concessions en Loire-Atlantique et Vendée, en Charente/Charentes-Maritimes, dans les Landes et en Savoie, précise Jean-Luc Chabalier. Sur 2018, nous prévoyons de livrer 40 villas sur les deux usines d'IGC et de Selvea, et nous attendons une vraie croissance en 2019, à plus de 150 villas. »
Pour Selvea, les chantiers engagés entre 2018 et 2019 devraient générer un chiffre d'affaires de 2 M€.
« À Bordeaux, IGC propose notre solution en maisons individuelles, et à Montpellier, Selvea va travailler plutôt le marché professionnel, via les promoteurs, des appels d'offres ou encore les architectes. »
Logement abordable
En février, le concept Panomur a remporté l'un des quatre appels d'offres lancés par Montpellier Méditerranée Métropole sur le logement abordable (- 25 % du prix marché), aux côtés du promoteur Angelotti Promotion. Le projet : 22 logements (maisons individuelles et logements intermédiaires) dessinés par l'architecte montpelliérain Christophe Marmey et fabriqués par Selvea, pour le quartier Plan des Quatre Seigneurs. Les travaux débuteront fin 2018 pour une livraison en 2019.
« Le mouvement de construction hors-site (procédés de préfabrication et industrialisation du bâti en atelier, NDLR) est en train de se structurer en France, chacun sur un créneau et suivant des schéma économiques différents. Plus cela se développera, plus les acteurs seront forts pour faire évoluer les choses politiquement », conclut Jean-Luc Chabalier.
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