"La promotion immobilière est sensible à toutes les transitions"

Les transitions numériques et écologiques étaient au cœur de la soirée des vœux, organisée le 18 décembre par la Fédération des promoteurs immobilier Occitanie Méditerranée. Ces enjeux et leurs impacts ont fait l’objet d’échanges nourris, alimentés notamment par le philosophe et ancien ministre Luc Ferry.
Cécile Chaigneau
Luc Ferry, Philippe Saurel et Laurent Villaret.
Luc Ferry, Philippe Saurel et Laurent Villaret. (Crédits : S. Marines)

La traditionnelle soirée des vœux de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Occitanie Méditerranée, qui avait lieu le 18 décembre à Montpellier, rassemble chaque année l'ensemble des professionnels de l'acte de bâtir de l'ex-Languedoc-Roussillon pour clore l'année et établir une perspective de celle à venir.

Le secteur est un poids lourd pour l'économie régionale au vu du nombre d'habitants supplémentaires qu'il faut loger chaque année. Les 48 promoteurs immobiliers adhérents de la FPI ont élu leur nouveau président pour trois ans en juin dernier, et ce dernier, Laurent Villaret (directeur délégué chez Hélénis), se félicite de la production engrangée sur le territoire de l'ex-Languedoc-Roussillon en 2018 : « 6 200 logements libres, 2 100 logements sociaux représentant 60 % de la production totale, 1 000 logements abordables, 80 000 m2 de bureaux et 240 000 m2 de commerce ».

Entre autres initiatives lancées depuis juin dernier, Laurent Villaret annonce la création, par la FPI Occitanie Méditerranée, d'un fonds de dotation dès janvier prochain, baptisé La Canopée et qui aura vocation à encourager la végétalisation de l'espace public, notamment à Montpellier, par des opérations de mécénat.

Scot et PLUI en cours

Le maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole, Philippe Saurel, assure que le territoire métropolitain dispose d'encore vingt ans de réserve foncière devant lui.

« Nous voterons le SCOT au 1e trimestre 2019, nous commençons les négociations avec les maires de la Métropole pour le PLUI (plan local d'urbanisme intercommunal, NDLR) », annonce l'élu, qui regrette cependant que la réforme territoriale n'ait rien prévu pour gérer les relations entre les intercommunalités autres que « des accords de gré à gré ».

Des bâtiments-ressources

Comme pour beaucoup de secteurs d'activité, la promotion immobilière ne peut faire l'économie d'une réflexion sur les enjeux des différentes transitions en cours, numérique et écologique notamment.

« La révolution numérique est une disruption pour l'immobilier, et la profession est sensible à toutes les transitions, assure Laurent Villaret. Nous avons un rôle-clef avec les collectivités en matière de stratégie de construction de la ville. Pour faire une vraie révolution écologique, il ne faut pas rester sur un diktat des normes. Il faut lui donner du sens, réfléchir à construire des bâtiments qui seront des ressources pour les quartiers : mutualisation de l'énergie, de la mobilité, de la gestion des déchets, des espaces verts, des espaces communs, etc. Il faut penser résilience et réfléchir déjà comment faire muter un bâtiment avant de le détruire. Ce qui va vraiment révolutionner nos métiers, c'est le BIM, qui permet de numériser la conception et monitorer la vie d'un bâtiment, notamment sur sa consommation énergétique. »

La FPI avait invité Luc Ferry, philosophe, auteur et ancien ministre de la Jeunesse, de l'Éducation Nationale et de la Recherche (gouvernement I et II de Jean-Pierre Raffarin) pour partager une réflexion sur les enjeux de société et les conséquences de la 3e révolution industrielle engendrée par l'intelligence artificielle (IA), avec des impacts notamment sur l'économie collaborative, la mobilité et le transhumanisme.

« Dans l'urbanisation, la révolution de la mobilité va avoir un impact colossal sur nos villes et nos campagnes, affirme-t-il, livrant une analyse légèrement différente. Il n'y aura pas de fin du capitalisme ni de la propriété privée ! La voiture est un instrument fabuleux d'autonomie et de liberté, et on ne la partage que parce que c'est plus rentable. Je ne crois pas au passage de la propriété au monde de l'usage. »

« Notre société a créé des besoins artificiels »

En début de soirée, Luc Ferry avait livré sa réflexion sur l'intelligence artificielle et les bouleversements attendus.

« Je ne crois pas à la fin du travail mais nous aurons un problème de formation professionnelle urgent car la transition entre les emplois impactés par l'IA et ceux créés par l'IA sera plus rapide que par le passé, prophétise-t-il. Notre société a créé des besoins artificiels et potentiellement infinis donc il y aura toujours des emplois. Il y a probablement de 10 à 15 % des métiers, ou plus exactement de 10 à 15 % des tâches qui seront supprimés par l'IA, . [...] Quand Emmanuel Macron dit qu'on va mettre 1,5 Md€ sur l'IA, c'est une blague, c'est 150 Mds € qu'il faudrait mettre ! C'est la raison pour laquelle je milite pour une Europe de l'Ouest à dix. L'Europe de Maastricht nous a permis de nous faire concurrence sur la question fiscale. Je suis pour une harmonisation fiscale et sociale dans une Europe à dix afin d'avoir une politique de puissance face aux GAFA. Sinon l'Europe s'achemine vers le statut de colonie des USA et de la Chine. Et ça ira très vite. Les élections européennes vont tourner, hélas, autour de l'immigration, alors qu'elles devraient tourner autour de l'IA. »

Cécile Chaigneau

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Commentaire 1
à écrit le 20/12/2018 à 8:35
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Une nouvelle fois il a été abordé la question du "transhumanisme". C'est hélàs un concept totalement dépassé. C'est d'une "humanité" simple et sereine dont les individus ont besoin (cf. Michel Onfray+Les Gilets Jaunes). Les chinois s'embarrassent moi...

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