Marc Pigeon (UEPC) annonce une réflexion sur le logement en Europe

Le promoteur immobilier montpelliérain Marc Pigeon, président de l’Union européenne des promoteurs constructeurs (UEPC), a entamé une réflexion sur le défi du logement en Europe. Un enjeu préoccupant pour le dirigeant, qui en a fait le sujet d'un livre disponible mi-avril.
Cécile Chaigneau
Marc Pigeon, président de l’Union européenne des promoteurs constructeurs
Marc Pigeon, président de l’Union européenne des promoteurs constructeurs (Crédits : Michel Nunes)

Les feuillets du manuscrit sont rangés dans une chemise format A4. Mais son auteur, Marc Pigeon, l'assure : le livre est prêt et sortira aux alentours de la mi-avril. Son sujet : le logement, un défi européen.

Le président de l'Union européenne des promoteurs constructeurs (UEPC), élu à sa tête en mai 2018, est le président fondateur de l'entreprise de promotion immobilière Roxim à Montpellier et l'ancien président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).

L'UEPC - dont le nom devrait bientôt changer pour gagner en visibilité, sur proposition de Marc Pigeon - réunit les fédérations nationales des promoteurs et constructeurs de logements de neuf États membres de l'Union européenne (Belgique, France, Allemagne, Malte, Norvège, Pologne, Roumanie, Espagne, Royaume-Uni), soit plus de 30 000 promoteurs immobiliers et entreprises de la construction.

Au moment de son élection, le nouveau président avait déclaré qu'il consacrerait toute son énergie « à convaincre et préparer au niveau européen les conditions qui permettront aux différents pays et métropoles de répondre aux attentes du citoyen ».

Car si l'Union européenne n'a pas la compétence logement, qui appartient à chaque pays, le président entend bien ne pas baisser les bras et affirme vouloir « regarder les éléments qui ont une incidence sur le logement ».

Faire du logement abordable

Dans le cadre du Salon de l'immobilier qui avait lieu à Montpellier les 15 et 16 mars, Marc Pigeon a amorcé une réflexion sur le logement dans un dialogue avec l'architecte montpelliérain François Fontès.

« On ne construit pas assez, non seulement en France mais aussi dans toute l'Europe, déclare-t-il en préambule. Tous les pays ont un problème sur le logement pour le rendre abordable, mais pas le même. Ce qui nous intéresse, c'est le bien-être des citoyens européens. On observe un décalage qui va croissant entre le revenu des ménages et le prix de l'immobilier. Entre 2017 et 2018, les prix de l'immobilier ont augmenté de 4,5 % alors que les revenus n'ont progressé que de 2,7 % en Europe. Par ailleurs, il faut penser à intégrer le coût de l'énergie, des transports, etc., et là, on dépasse les 30 % du revenu des ménages... La solution qu'on a trouvée, c'est de diminuer la surface ! Par ailleurs, on évoque souvent le logement abordable par rapport au prix, mais ce n'est pas que ça : un logement pas cher mais loin de votre lieu de travail n'a pas d'intérêt. Le bon mot serait un logement "adéquat" ! »

Certains enjeux sont communs aux différents pays européens, notamment le besoin de construction de logements pour répondre au phénomène de concentration des populations en zone urbaine. Le président de l'UEPC interroge justement ce phénomène galopant de métropolisation :

« La pensée unique en ce moment, c'est de construire les logements là où il y a des besoins. C'est donc dans les métropoles où le terrain est le plus rare et le plus cher ? En faisant mourir tout le reste à côté ?... Je pense qu'il va falloir changer de paradigme : construire suffisamment de logements de qualité et abordables, mais aussi s'intéresser à faire du neuf avec de l'ancien, ce qui n'existe presque pas aujourd'hui... Croit-on qu'on va baisser les coûts de construction ? Et les problèmes de main d'œuvre, qui sont une réalité dans tous les pays européens ? Et le poids de la fiscalité et ses incertitudes ? Tout sera pire demain, donc il faut réfléchir à trouver des solutions. »

La question du financement

Le président de l'UEPC l'assure : « On est au fond du trou ! ». Et exhorte à inventer de nouvelles réponses.

« Si on continue à concentrer les gens dans les métropoles où tout sera plus cher, on n'aura pas d'autres choix que de donner plus d'argent aux gens pour les aider à se loger ! »

Car le problème de financement est un autre point fustigé par Marc Pigeon : « Il y a moins de financements publics pour le développement immobilier. Plutôt que d'être mis dans l'activité immobilière, l'argent est donné sous forme d'allocations logement car il faut bien aider les ménages à financer leur logement. Il faut définir la bonne politique pour aider le logement abordable... Les régulations financières du Comité de Bâle durcissent les conditions de production de crédits et il faudra de plus en plus de fonds propres pour un projet immobilier. Aujourd'hui, tous les acteurs du logement social se plaignent qu'il y a moins de financements publics. Alors pourquoi ne pas mobiliser des financements privés pour accompagner les politiques publiques ? »

Bâtir des villes nouvelles

Le président de l'UEPC désigne aussi, parmi les obstacles principaux au logement abordable, la spéculation foncière, à l'œuvre dans tous les grands centres urbains d'Europe, arguant qu'à compter de 2050, « il n'y aura plus de prise nette de terre, plus de nouveaux terrains ».

S'il propose, entre autres solutions, de « réparer les villes avec des logements adaptés aux attentes d'aujourd'hui » ou de bâtir aussi dans les villes périphériques autour des métropoles, il tend l'oreille à une idée émise, sur la même table-ronde, par l'architecte François Fontès, qui permettrait de contourner le phénomène de spéculation foncière : bâtir des villes nouvelles.

« Les modèles des villes s'internationalisent et les logements sont de plus en plus petits, observe François Fontès. Je propose de créer des villes nouvelles ex-nihilo, suivant des principes et des paradigmes différents de ceux des années 1970, où on a construit de manière quantitative pour répondre aux besoins de l'époque. Une cité nouvelle peut être assez proche de la métropole existante, qui gardera ses fonctions essentielles en matière de culture, d'administration, etc. Je suis favorable à un schéma de la ville en grappe, faisant vivre des villes périphériques. Il faut bâtir des villes hyper connectées pour permettre le télétravail. Et sortir des logements à des coûts abordables. Toutes les équations auxquelles je me suis livré le démontre : les villes nouvelles désengorgeraient les métropoles et dégonfleraient la spéculation foncière. »

Mais alors où construire ? L'architecte y a déjà réfléchi : « Par exemple, entre Montpellier et Sète, il y a le massif de la Gardiole et juste au pied, une ligne de chemin de fer qui fait que le site est très proche des deux villes. Cela permettrait de revenir à un rapport harmonique avec la nature. La vertu essentielle est qu'il n'y aura pas de spéculation foncière car la collectivité pourra acheter une centaine d'hectares pour y construire la ville. D'autant qu'à la Gardiole, on est sur un tas de pierres et on pourra favoriser les circuits courts en se servant sur place pour bâtir ».

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 19/03/2019 à 17:07
Signaler
Un pigeon "voyageur" en quelque sorte...?

à écrit le 19/03/2019 à 16:14
Signaler
Non, on ne rénove pas assez bon sang ! Ça fait des décennies que l'on entend des dirigeants du btp nous dire que l'on ne construit pas assez, ça suffit maintenant ! Et la situation est toujours aussi affligeante. Rénovez notre patrimoine qui ...

le 19/03/2019 à 17:13
Signaler
Entièrement d'accord avec vous. Pigeon est à l'image du système actuel. Toujours plus de baratin, pour finalement aboutir à rien, oualou, nada. De ce point de vue Monsieur Pigeon qui a toujours bénéficié des larges appuis des banques dans ses affaire...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.