Logement : "En Occitanie, le parc public à vocation sociale est largement insuffisant"

Présente à Montpellier le 12 juin, Sylvie Chamvoux-Maitre, directrice de l’agence Occitanie de la Fondation Abbé Pierre, fait le point sur l’état du mal-logement en Occitanie, et notamment dans l’Hérault et à Montpellier.
Cécile Chaigneau
Sylvie Chamvoux-Maitre, directrice de l’agence Occitanie de la Fondation Abbé Pierre.
Sylvie Chamvoux-Maitre, directrice de l’agence Occitanie de la Fondation Abbé Pierre. (Crédits : FAP)

Solifap, créée en janvier 2014 par la Fondation Abbé Pierre avec le soutien d'AG2R La Mondiale, se définit comme « une société d'investissements solidaires visant à soutenir les acteurs qui luttent contre le mal-logement ». Après cinq ans d'existence, elle a soutenu 105 projets pour 165 logements créés, soit 25,8 M€ engagés. Parmi ses projets, figurent deux opérations de création de logements très sociaux, à Sète (6 logements avec l'association Adages) et à Montpellier (un grand logement familial avec l'AIVS 34). L'occasion pour Sylvie Chamvoux-Maitre, directrice de l'agence Occitanie de la Fondation Abbé Pierre, de faire un état des lieux du logement très social sur le territoire.

La Tribune : Pourquoi organiser, le 12 juin, un événement autour des deux opérations de création de logements très sociaux à Montpellier et Sète ?

Sylvie Chamvoux-Maitre : Il s'agit de la première opération à Montpellier et la deuxième à Sète où six premiers logements très sociaux ont été livrés récemment... C'est l'occasion de réunir tout le monde pour expliquer ce qu'on peut mettre en œuvre. Notre bataille est de convaincre les élus et les acteurs institutionnels de faire du logement social, voire très social, dans les métropoles où le marché est tendu. La Fondation Abbé Pierre est cofinanceur des projets et Solifap acquiert le logement, la difficulté étant d'équilibrer les opérations très sociales quand le foncier est cher.

D'une manière générale, où en est le mal-logement dans la région Occitanie ?

L'Occitanie est la deuxième région la plus pauvre au niveau national, avec beaucoup de personnes qui ont besoin de se loger dans le parc social. Le parc public à vocation social est largement insuffisant : au 31 décembre 2018, en Occitanie, on comptait 145 000 demandes de logement social en cours pour un parc de 288 000 logements environ... Dans l'Hérault, c'est 41 040 demandes pour un parc de 59 600 logements, et sur la métropole de Montpellier, 24 300 demandes insatisfaites pour un parc de 33 900 logements sociaux. Le taux de vacances y est quasi nul, soit quelque 800 logements dans l'Hérault, dont 370 à Montpellier. On se retrouve avec des centres villes qui proposent soit des logements privés trop chers, soit des logements privés en état moyen, voire vétustes. Et on commence à voir un peu de logements intermédiaires à Montpellier mais ce n'est pas encore énorme... Sur le parc public en Occitanie, on construit, mais on part de tellement loin que c'est difficile de répondre à la demande. Il faut donc aller chercher ailleurs des niches de développement de logement très social, mais pour ça, il faut une volonté politique forte. Ce parc de logement social public étant insuffisant, c'est la raison pour laquelle sur le territoire de l'Hérault, la Fondation Abbé Pierre plaide pour le développement d'un parc privé de logements à vocation sociale, notamment sur la métropole de Montpellier.

Peut-on parler de fracture territoriale ?

Nous préparons une étude sur les inégalités territoriales nationale, et sur l'Occitanie, nous avons choisi de travailler sur cette thématique car les territoires des deux métropoles excluent de fait les personnes qui n'ont pas les moyens de se loger. On a repoussé ces personnes en périphérie des villes et même ces zones deviennent inaccessibles car il n'y pas de logement, ou alors des constructions individuelles qui ne sont pas accessibles. On est donc allé voir dans le très rural, plus précisément dans la haute vallée de l'Aude, l'un des territoires les plus pauvres de l'Occitanie, où il n'y a plus de services, pas de logements sociaux, du logement privé inaccessible car les propriétaires ne veulent pas louer à des gens qui n'ont pas de ressources. Les personnes se retrouvent alors dans des logements indignes, dans des toiles de tente ou des cabanes... Les métropoles sont une terre attractive car tout se passe là, mais si on ne travaille pas la question du logement pour les gens modestes, ils se retrouvent sur des territoires qui sont des poches abandonnées où rien ne leur est proposé, y compris dans le secteur social.

Quel message souhaitez-vous passer ?

Qu'il existe des outils méconnus pour des propriétaires qui ont besoin de remettre leur logement en état, qui consistent à le confier à des associations qui le rénovent et le mettent en location à loyer très sociaux. Un bien qu'ils récupèrent ensuite au bout de quinze ans.

D'autres projets de logements très sociaux sont-ils programmés en Occitanie ?

Nous collaborons avec l'association FDPLS (Fédération départementale pour le logement sociale, NDLR) à Perpignan, qui travaille avec Solifap et la Fondation pour sortir un logement sur Céret prochainement. Et une étude sur le quartier Saint-Jacques est en cours... Par ailleurs, nous menons une étude dans l'Hérault, sur les villes de Lodève, Sète et Montpellier, afin de voir comment monter des outils pour développer le parc privé de logements sociaux en mettant tous les interlocuteurs autour de la table, et amener les propriétaires à confier leur bien.

Cécile Chaigneau

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Commentaire 1
à écrit le 18/06/2019 à 9:29
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La seule question valable : pourquoi un tel afflux de personnes en grande précarité ? Pas pour le travail qui n'existe pas... Inutile de continuer dans cette voie, c'est sans fin. Tant que le soleil et la proximité de la mer seront les seuls attra...

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