Architecture : les répercussions (mondiales) du phénomène « Arbre Blanc »

Depuis que la première esquisse de cet immeuble aux blanches ramifications, posé sur les rives du Lez à Montpellier, a fait sa première apparition dans la presse, les échos sur ce « phénomène » architectural, se sont multipliés au niveau national mais aussi international. Cet atypique programme résidentiel, qui a projeté les architectes, le promoteur et la ville de Montpellier sous les feux de la rampe médiatiques, vient à nouveau d’être distingué.
Cécile Chaigneau
L'Arbre Blanc, sur les rives du Lez à Montpellier, est devenu un immeuble iconique.
L'Arbre Blanc, sur les rives du Lez à Montpellier, est devenu un immeuble iconique. (Crédits : DR)

Et si pour voir le plus bel immeuble résidentiel du monde, il fallait venir à Montpellier ? Ça pourrait bien être le cas si l'on en croit le site spécialisé en architecture ArchDaily : pour l'édition 2020 de son concours récompensant des œuvres architecturales du monde entier dans différentes catégories (maisons, musées, bureaux, architecture d'intérieur, industrielle, etc.), les 95 000 votants ont élu l'Arbre Blanc dans la catégorie du plus bel immeuble résidentiel.

Deuxième des 12 « folies architecturales » que la municipalité de Montpellier avait prévu d'ériger dans la ville - et ce fut la dernière avec le changement de maire en 2014 - l'Arbre Blanc est l'œuvre d'une collaboration à quatre mains architecturales (trois cabinets) : le Japonais Sou Fujimoto, Nicolas Laisné et son associé Dimitri Roussel, et Manal Rachdi (Oxo Architectes).

Le bâtiment de 17 étages pour 113 appartements, élégamment posé sur les rives du Lez et visible de loin, a été inauguré en juin 2019. Outre le geste architectural, les professionnels ont souligné la prouesse technique et les innovations qui ont été déployées, notamment les balcons - en porte-à-faux façon jardins suspendus - longs de plus de 7,5 m, dont la fixation fut un challenge.

L'Arbre blanc a aussi essuyé des critiques. Mais qu'on aime ou pas, il continue de provoquer la perplexité. Et les appartements ont trouvé preneurs à des prix se situant dans la fourchette haute du marché montpelliérain, entre 4 500 et 5 500 €/m².

Un millier de retombées presse

La réalisation de l'Arbre Blanc a été portée par les promoteurs régionaux Promeo, Evolis, Opalia et Crédit Agricole Languedoc Immobilier. Le Sétois Promeo, a comptabilisé les retombées presse générées par ce projet immobilier hors normes : un bon millier d'articles et reportages presse écrite, web ou télévision, et pas seulement en France...

« A compter de février 2014, où sont parus les premiers articles, jusqu'à l'inauguration en juin 2019, environ 900 articles ou reportages sont parus ou ont été diffusés via la presse écrite, la presse en ligne ou sur les télévisions et les ondes, comptabilise Nathalie Hourlier, responsable marketing chez Promeo. Depuis l'inauguration, hors effet ArchDaily, 130 environ sont parus en plus. Donc un total de plus d'un millier d'articles. »

Les échos médiatiques ont retenti dans tout type de presse, régionale bien sûr, mais aussi nationale (La Tribune, Le Figaro, L'Express, les Échos, 20mn, Aujourd'hui en France, L'Obs, Paris-Match), la presse professionnelle de l'architecture (Le Moniteur, ArchDaily, World Architecture News, le Courrier de l'architecte, UrbaNews, le Journal de l'architecte, D'Architecture, Arca International, la Revue Urbanisme...), les chaînes de télévisions (TF1, France 3, M6...), la presse décoration et lifestyle (Ideat, Elle Décoration, Marie-Claire Maisons...), la presse féminine et de loisirs (Elle, TV 7 jours, Vanity fair,...), et la presse internationale, comme le New York Times mais aussi des journaux ou magazine en Allemagne, Japon, Espagne, Russie, Italie, Angleterre...

Et ce n'est pas tout. Évidemment, les réseaux sociaux ont aussi été une place forte de notoriété. Selon Promeo, « le buzz a été total sur Instagram où l'Arbre Blanc a battu tous les records : les gens se photographient constamment devant, et le #larbreblanc doit aujourd'hui avoir largement dépassé les 1 000 publications ».

« L'Arbre Blanc bluffe les gens »

A quoi doit-on cette ultra-exposition médiatique ?

« L'Arbre Blanc est maintenant une œuvre iconique de Montpellier, analyse Olivier Ganivenq, P-dg de Promeo. le projet et le produit sont totalement novateurs dans le rendu. L'Arbre Blanc bluffe les gens, il ne laisse pas indifférent. Aucune des autres "Folies" n'a eu ce retentissement. Il y a aussi une part d'inexplicable : c'est un apparat qui sort de terre et qui trône là, comme ça, tout seul... Il y a une cohérence architecturale, une qualité du produit. Et c'est aussi un immeuble qui a été rendu à la population grâce à l'installation d'un restaurant et d'une galerie d'art au rez-de-chaussée, et d'un bar en roof-top. Ce qui fait qu'il est ouvert à tous. »

De son côté, l'architecte parisien Nicolas Laisné dit son étonnement devant un tel emballement autour d'un immeuble de logements, quand on voit plus souvent mis en avant des bâtiments hors-normes destinés à accueillir un musée ou des bureaux : « Il existe peu d'exemples de bâtiment de logements qui aient été ainsi encensés... On peut humblement citer la Casa Batlló et la Casa Mila de Gaudi, à Barcelone. L'Arbre Blanc, c'est un geste architectural remarquable, avec une singularité dans son design. Il bénéficie aussi de la force de son identité grâce à une architecture très expressive, et de son positionnement géographique, au bout d'un pont, sur les rives du Lez. Tout ça en fait un bâtiment très visible, très ouvert sur son environnement ».

Des distinctions

Le geste architectural de l'Arbre Blanc a été salué par de nombreuses récompenses, qu'énumère Nicolas Laisné : « ArchDaily est la plus importante car elle est internationale et basée sur une note attribuée par les internautes, donc du grand public. Le programme s'est vu attribuer la Pyramide d'Argent "Grand Prix régional". Enfin, il était nominé - mais n'a pas gagné - pour l'Équerre d'argent du Moniteur, et il est nominé pour le prix CTBUH (Council on Tall Buildings and Urban Habitat, organisation non gouvernementale internationale dans le domaine des immeubles en hauteur et du design urbain durable, NDLR) qui sera attribué en avril prochain aux États-Unis ».

« Il n'y a pas un dîner où on ne me parle pas de l'Arbre Blanc ! ajoute Nicolas Laisné. Ce projet a servi tous les architectes qui ont travaillé dessus. C'est la preuve qu'on peut faire des projets expressifs et que ça valorise les bâtiments : ce n'est pas la beauté contre l'efficacité ou le prix. L'Arbre Blanc est un projet symptomatique de ce que pourrait être une écologie du sud. Il démontre que l'écologie n'est pas qu'une réponse technique mais concerne aussi la forme du bâtiment, avec par exemple des façades respirantes et de grands prolongements extérieurs. »

Notoriété française pour Sou Fujimoto

A Sète, Olivier Ganivenq observe que « on a gagné en notoriété, en image, notamment à l'international, car ce programme nous donne une certaine technicité. Et en interne, il nous amène à se poser plus de questions sur nos projets et le sens qu'on y met ».

Quant Sou Fujimoto, dont la notoriété n'est plus à faire dans le monde, l'Arbre Blanc était son premier projet en France et a démultiplié sa renommée auprès du grand public français.

« Ce projet a été le point de départ de notre production en France, et nous avons même ouvert un bureau à Paris, soulignait-il en mai dernier. J'ai aussi développé d'autres projets avec les architectes de l'Arbre Blanc. »

L'architecte japonais travaille ainsi sur d'autres projets d'envergure dans l'Hexagone : le futur chantier Mille Arbres (avec OXO Architecture) dans le 17e arrondissement parisien, le nouveau palais de justice de Lille, l'extension de l'école polytechnique à Paris, ou encore la tour Joia Meridia à Nice.

Circuit touristique

Depuis le début, les visites du bâtiment se sont enchaînées et se poursuivent.

« Chaque semaine pendant les travaux nous avions au moins une demande de visite par un support presse, confirme Olivier Ganivenq. Et nous avons été et sommes encore régulièrement sollicités par des architectes, des maîtres d'ouvrage, des communes, des associations locales comme le Cobaty. »

La ville de Montpellier a fait de l'architecture une identité. Depuis un an, l'office de tourisme a même créé un circuit touristique baptisé « Montpellier contemporain » qui passe par l'Arbre Blanc, donnant à voir également la Folie Divine, le Nuage ou le RBC Center.

Cécile Chaigneau

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Commentaires 2
à écrit le 11/03/2020 à 11:35
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Il faudrait donner la parole aux habitants de ce bâtiment, après qq mois de séjour. Un bâtiment se vit essentiellement de l'intérieur, et c'est le confort des résidents qui doit primer. Cordialement

à écrit le 05/03/2020 à 10:41
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Une belle construction. "A quoi doit-on cette ultra-exposition médiatique ?" L'originalité au sein d'un secteur pris en otage par la spéculation immobilière voulant que tout se ressemble afin de se faire plus de marge bénéficiaire, suffit de v...

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