Logements : « Il faut que l’UE mette en œuvre une politique de l’offre mais aussi de soutien à la demande »

Investir les petites villes et villes moyennes pour réindustrialiser et construire des logements, soutenir l’offre mais aussi la demande ou recourir aux financements privés pour développer l’offre locative sociale en complément des opérateurs publics. Build Europe (via son président, le Montpelliérain Marc Pigeon) monte au créneau pour faire des propositions en matière d’aménagement du territoire post-Covid.
Cécile Chaigneau
Le président de Build Europe, Marc Pigeon (président de Roxim à Montpellier) lance un appel à l'Union européenne pour travailler sur le logement abordable.
Le président de Build Europe, Marc Pigeon (président de Roxim à Montpellier) lance un appel à l'Union européenne pour travailler sur le logement abordable. (Crédits : Roxim)

En ce début d'été, Build Europe, association professionnelle européenne représentant les aménageurs, développeurs et les constructeurs de logements, a pris le temps d'observer et réagit à la crise du Covid-19.

Son président, le promoteur immobilier montpelliérain Marc Pigeon (Roxim), présente, le 9 juillet, sa vision stratégique, « une feuille de route visant à aider les décideurs européens à mettre en place les conditions appropriées permettant de développer une offre de logements abordables pour les ménages que la crise a durement touchés ».

« Les réflexions de Build Europe avaient anticipé l'épidémie !, assure-t-il depuis son bureau montpelliérain en faisant référence au manifeste rédigé par Build Europe en avril 2020, intitulé "Le logement : un défi européen - Une nouvelle stratégie", porteur d'une ligne politique nouvelle au travers de propositions concrètes. L'épidémie de Covid-19 a accentué l'importance du logement dans la vie de chacun et a souligné, encore, combien le logement pouvait être un marqueur de la fracture sociale entre les citoyens. »

« Il ne faut pas gaspiller l'argent public »

Le promoteur s'emporte : « Les solutions à court-terme des législateurs européens ne suffisent pas à résoudre les problèmes graves et pressants de logement auxquels sont et seront confrontés les locataires et propriétaires en Europe suite au Covid-19... Ainsi, on découvre la désindustrialisation de la France aujourd'hui ? Le poids des personnes âgées va augmenter ? Mais on le sait depuis longtemps ! Avec son Green new deal, Emmanuel Macron veut rénover, mais rénover quoi : les immeubles des années 1950, ceux des centres villes historiques, les résidences secondaires bétonnées ? Il ne faut pas gaspiller l'argent public... Le gouvernement a donné 5 Mds € pour la revitalisation des cœurs de ville mais ce ne sera qu'un peu de cosmétique, un emplâtre sur une jambe de bois et de la réflexion à court terme ! La densité dans les villes, c'est la politique d'aujourd'hui. Mais attention à proposer une densité acceptable, avec des balcons ou des bouts de jardin, des espaces de respiration dans la ville. En ça, le "Manifeste de Montpellier pour une ville écologique et humaniste", rédigé à l'initiative de l'ancien maire Philippe Saurel, n'est pas si mal... L'écologie, c'est la mode ! Mais est-ce que ça suffit ? Il ne faut pas agir que sur un seul facteur... ».

Son message ? Avoir une perspective. Et pour cela, Build Europe propose plusieurs pistes. Comme « mettre davantage l'accent sur les petites et moyennes villes plébiscitées dans la période actuelle en investissant pour l'avenir, à la fois en matière de réindustrialisation, d'infrastructures et, bien sûr, de logement ».

« Dans les villes moyennes, les terrains y sont moins chers, c'est là qu'il faut construire et réindustrialiser, développe Marc Pigeon. Il faut une politique d'aménagement du territoire au niveau national et européen, avec une coordination européenne. Et alors à ce moment-là on pourra parler de rénover ! »

« Il faut aider les ménages car ça va secouer »

Pour le court terme, et afin de faire face à la crise économique qui s'annonce, Build Europe propose que l'UE mette en œuvre une politique de l'offre qu'elle doit assortir, "à titre exceptionnel", d'un soutien à la demande et à l'investissement.

« Nous préconisons une politique de l'offre pour que le logement soit moins cher mais pas de moindre qualité, et exceptionnellement, il faut soutenir la demande, c'est-à-dire aider les ménages car ça va secouer, déclare le président de Build Europe. Par exemple, pourquoi ne pas expérimenter plus le foncier solidaire ? Ce sont des dossiers compliqués et on ne sait pas si ça marcherait mais il faut essayer. »

Build Europe liste ainsi trois priorités : s'engager dans une politique volontariste de dérèglementation et suspendre au minimum pendant cinq ans toute nouvelle règlementation qui aurait un impact sur les prix, élargir l'application des taux de TVA réduits pour l'adapter à la production de logements abordables, et encourager le recours aux financements privés pour développer l'offre locative sociale en complément des opérateurs publics.

« Les plans que nous annonçons aujourd'hui permettraient d'offrir un avenir sûr, durable et progressif pour tous, et j'encourage la Commission européenne et le Parlement européen à travailler avec nous pour mettre en place la reprise dont nous avons tous besoin », conclut Marc Pigeon.

Cécile Chaigneau

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Commentaires 4
à écrit le 09/07/2020 à 19:21
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Les promoteurs cherchent à faire de la promotion et du business. Seul l'argent les intéresse. Ce qu'ils veulent, c'est acquérir des terrains pas cher, densifier un maximum avec des produits de qualité médiocre et faire un maximum de profit. L'enviro...

le 10/07/2020 à 15:20
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Surtout, faites toujours venir des huissiers pour faire l'état des lieux de votre habitation quand des travaux ont lieu près de chez vous. En plein centre urbain, les promoteurs n'hésitent pas à utiliser des outils massifs faisant bouger les structur...

à écrit le 09/07/2020 à 19:04
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La question est de savoir quelle est la population que l'on veut loger? Quelle est la vision que l'on se fait du futur? Et, quel type de construction pour éviter l'occupation permanente des sols en réponse a notre lutte contre le changement climatiqu...

à écrit le 09/07/2020 à 18:06
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Non, définitivement non, c'est la finance qui parasite toute l'économie de l'immobilier générant aberrations sur aberrations que je ne vais pas répéter sans arrêt. Sans chute des prix et loyers de 50% la spéculation immobilière et ses associés n'ont ...

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