Promotion immobilière : les priorités (et inquiétudes) de Laurent Villaret, président (réélu) de la FPI Occitanie Méditerranée

Ils sont dans les starting-blocks. Ralentis en 2020 par la crise sanitaire et les élections municipales, les promoteurs immobiliers observent avec une certaine inquiétude les perspectives de production de logements sur l’ex-Languedoc-Roussillon, et notamment sur la métropole de Montpellier, où d’importants changements sont à l’œuvre. Laurent Villaret, réélu le 6 juillet à la tête de la FPI Occitanie Méditerranée, trace les priorités des années à venir pour son secteur.
Cécile Chaigneau
Laurent Villaret, réélu président de la FPI Occitanie Méditerranée, le 6 juillet 2021.
Laurent Villaret, réélu président de la FPI Occitanie Méditerranée, le 6 juillet 2021. (Crédits : DR)

Réélu à l'unanimité (il était le seul candidat) par les 50 adhérents de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Occitanie Méditerranée lors de son assemblée générale du 6 juillet, Laurent Villaret rempile donc pour un nouveau mandat. Un mandat qui commence dans un contexte d'incertitude, avec une métropole montpelliéraine (qui absorbe la majorité de la production de logements) secouée par le début de mandat de Michaël Delafosse.

Le nouveau maire et président de la Métropole s'affiche en effet volontariste dans le changement. Bien décidé à mettre de l'ordre dans la dynamique de construction à tout-va sur son territoire, il a annoncé la couleur : désormais, les logements se feront quasi-uniquement en ZAC afin de diminuer la densification anarchique de la ville. Autre axe majeur : mieux répartir la production de logements sur toutes les communes de la métropole (et même au-delà) pour alléger la commune centre, une mission qui sera dévolue à la future agence d'urbanisme. Et dernier chamboulement sur l'échiquier du jeu : la fusion annoncée de la SERM-SA3M, son bras armé pour l'urbanisme, avec l'office public ACM Habitat.

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« Besoin d'experts et de lobbyistes »

« Je remercie le bureau qui a bossé pendant trois ans car toutes nos actions ont été le fait d'un collectif, souligne Laurent Villaret en préambule. Le bureau de la FPI sera remodelé pour qu'il soit mieux organisé, avec une strate sur les grands dossiers et un bureau plus opérationnel (dont les membres seront proposés pendant l'été ou en septembre, NDLR) qui travaillera sur des axes stratégiques. »

Dans ce contexte, le président trace les axes prioritaires pour les années à venir. A commencer par s'organiser pour s'aligner sur la volonté du président de la Métropole de répartir la production de logements sur la métropole et en dehors de ses frontières :  « Nous allons installer une gouvernance beaucoup plus étalée sur le territoire de la FPI : aujourd'hui, ça devient une nécessité en raison de l'étalement nécessaire de la production de logements en dehors de la métropole de Montpellier, qui souffre. Ça signifie aller davantage sur l'agglomération de Nîmes, Perpignan, Narbonne, Sète et Béziers, être plus présents auprès des élus qui ont la volonté de construire et accompagner les collectivités qui en ont besoin ».

« Nous allons renforcer notre présence auprès de tous les maires de la Métropole de Montpellier et renforcer nos actions de lobbying sur la métropole sur des points spécifiques car le métier se complexifie et on a de plus en plus besoin d'experts et de lobbyistes qui s'adressent à la métropole », ajoute Laurent Villaret.

Autres axes de travail : travailler l'image (déficitaire) de la promotion immobilière et renforcer les liens avec les autres organismes tels que la FFB, l'ordre des architectes, le logement social ou la CCI « pour peser dans les décisions et que l'acte de bâtir de façon globale soit vu comme un acte vertueux ».

« En septembre, nous aurons une action de communication sur la défense de l'acte de bâtir, et la FPI sera partenaire d'un colloque important en octobre à La Grande Motte, avec tous les autres syndicats, qui traitera de tous les sujets liés à l'artificialisation des sols et la relance de la machine de production à l'échelle du territoire, annonce Laurent Villaret. Nous inviterons les élus et des présidents nationaux de fédérations descendront, dont la nôtre. »

« Refuser de faire du logement, c'est de la caricature »

Sur le projet de création d'une d'agence d'urbanisme, voulue par Michaël Delafosse, les promoteurs se disent impatients.

« Ça fait dix ans que on espère qu'il y en aura une, rappelle leur président. Nous sommes sur un territoire qui est satellisé, avec plein de villes secondaires. Ça fait trois ans qu'on dit qu'il faut aller à Lunel par exemple... La question, c'est dans combien de temps va-t-elle être opérationnelle ? Et bien sûr, on ne peut pas imaginer que la FPI ne fasse pas partie des cercles de décision. Ce qu'on en attend concrètement, c'est que cette agence permette des coopérations entre les intercommunalités et que l'acte de bâtir soit perçu comme un acte vertueux, pas comme un acte punitif, parce que l'enjeu social du logement et du développement économique, c'est l'enjeu de tous ! Refuser de faire du logement, c'est de la caricature ! Il faut essayer de travailler ensemble pour faire du logement mieux et moins cher. »

Quant à la fusion annoncée de la SERM-SA3M et d'ACM Habitat, Laurent Villaret déclare : « On a noté que la métropole de Montpellier essaie que ces satellites soient organisés d'une façon mutualisée pour être plus efficaces, et on espère que ce sera pour nous aider à relancer la production mais à tous les niveaux, pas uniquement sur le logement social. Parce qu'effectivement, il faut du logement social mais il faut aussi que la SERM permette d'atteindre les objectifs du PLH (programme local de l'habitat, NDLR) de 4.200 logements par an sur la Métropole. Or selon les projections d'aujourd'hui, on analyse qu'on fera peut-être la moitié... ».

Le président martèle deux inquiétudes, visant clairement les élus. La première : « Tant qu'on ne libère pas l'outil de production et qu'on ne l'alimente pas, il n'y a pas de raison que les prix ne continuent pas de grimper ! ». La seconde : « Si l'appareil de production ne repart pas dans les six mois, c'est la catastrophe pour tous les gens sur la chaîne de l'acte de bâtir. L'heure n'est plus à la caricature de la profession mais à la relance. On sort du Covid, maintenant il faut y aller ! ».

Cécile Chaigneau

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