Réhabilitation cœur de ville : un tiers-lieu plutôt que Carrefour pour les anciens Studios Lunaret

Tombés en désuétude, les Studios Lunaret, ancienne salle de sport emblématique du quartier des Beaux-Arts à Montpellier, vont retrouver un nouveau souffle. Après que la Ville a délibérément écarté le projet d’implantation d’un Carrefour, le promoteur Thierry Aznar, à la tête d’Aeko, engage 2 millions d’euros pour transformer l’endroit en une sorte de tiers-lieu culturel, artistique et gourmand qui vise à dynamiser le quartier.
En coeur de ville de Montpellier, les Studios Lunaret vont faire l'objet d'une vaste réhabilitation pour se transformer en un tiers-lieu culturel et gastronomique qui dynamise la vie de quartier.
En coeur de ville de Montpellier, les Studios Lunaret vont faire l'objet d'une vaste réhabilitation pour se transformer en un tiers-lieu culturel et gastronomique qui dynamise la vie de quartier. (Crédits : Aeko)

Il aura fallu la détermination de la municipalité de Montpellier mais aussi des riverains et commerçants du quartier des Beaux-Arts pour que l'ambitieux projet de réhabilitation des ex-Studios Lunaret, porté par un investisseur privé, ait une chance de voir le jour. C'est en substance ce qu'a rappelé le président de Montpellier Méditerranée Métropole et maire de la ville, Michaël Delafosse, en préambule de la présentation de l'avant-projet, le 13 avril.

« Le propriétaire des lieux cherchait un repreneur et le groupe Carrefour était prêt à signer, sans avoir prévenu la mairie, déclare-t-il. Or depuis 2020, la municipalité a fait le choix de privilégier la vie de quartier et le commerce de proximité. Ce changement de paradigme se traduit par l'arrêt des extensions commerciales ou des implantations au cœur des quartiers. Il était donc hors de question que la grande distribution déstabilise l'armature commerciale du quartier qui fait tout le charme des Beaux-Arts. Montpellier, ce n'est pas le Far West ! J'ai donc opposé une fin de non-recevoir à Carrefour en faisant valoir le droit à la préemption. »

Ouverture programmée en 2024

La municipalité ne souhaitant pas porter ce projet, c'est la proposition de Thierry Aznar, directeur de la société de promotion immobilière Aeko, qui s'est imposée. Il faut dire qu'après avoir piloté la rénovation de l'Hôtel Richer de Belleval, place de la Canourgue à Montpellier, le promoteur avait une légitimité à faire valoir...

En lien avec la CCI de l'Hérault, il a imaginé un projet s'intégrant pleinement dans le quartier.

« Cette salle des sports des Beaux-Arts a marqué le quartier par sa vitalité et son architecture, rappelle Thierry Aznar. Il était donc évident d'en faire une sorte de tiers-lieu qui allie culture et art de vivre. Je ne sais pas encore si le bâtiment sera réhabilité ou entièrement démoli. Dans tous les cas, il sera reconstruit à l'identique mais dans le respect de toutes les normes acoustiques, phoniques et environnementales. Pour l'heure, c'est une vraie passoire énergétique... »

Le promoteur investit 2 millions d'euros dans l'opération. Après le dépôt de permis, l'aménageur prévoit douze mois de travaux pour une ouverture probable début 2024.

Partenariat avec le MOCO

Ilot complet entouré de trois rues, le bâtiment présente une volumétrie de 800 m2 qui devrait être légèrement surélevée du côté de la place des Beaux-Arts. L'architecte en charge du projet, Nathalie Guérin, a imaginé une verrière modernisant la façade.

A l'intérieur, trois niveaux dédiés au food-court avec toit-terrasse, et des espaces communs visant à favoriser échanges, convivialité, initiatives locales, afin de donner un nouvel élan au quartier, déjà bien animé. Programmations musicales sur le modèle de la Halle Tropisme, conférences, marchés de créateurs, DJ Set, etc. : toutes les pistes sont à l'étude pour créer un espace hybride et pluridisciplinaire.

Passionné d'art, Thierry Aznar a collaboré à plusieurs reprises avec Numa Hambursin, directeur du MOCO, notamment sur le projet résidentiel de La Feuillade ou à l'Hôtel Richer de Belleval. Il annonce vouloir poser une « garantie d'excellence culturelle » pour ce nouveau lieu : « Le MOCO sera notre partenaire pour que ce lieu devienne le cœur battant du quartier, sans pour autant le bouleverser ».

Nom de baptême : Plaza Beaux-Arts

De son côté, le directeur du MOCO a déjà des idées pour que ces anciens studios deviennent un support à la création artistique. A la manière des murs peints de la renaissance, les trois façades extérieures pourraient ainsi accueillir les œuvres de trois artistes, à commencer par la franco-iranienne Nazanin Pouyandeh.

« Le premier élément pour moi est l'aspect extérieur du bâtiment : il tient sans doute à mon obsession de l'image et de l'embellissement de la ville à long terme, avec des œuvres pérennes réalisées par trois artistes, explique Numa Hambursin. A l'intérieur, on peut imaginer des espaces investis par des jeunes artistes de l'école des Beaux Arts, par exemple. Mais le MOCO ne va pas gérer un espace d'exposition, il faudra que les artistes s'emparent de l'endroit. On a besoin, à Montpellier, de lieux comme celui-ci dans lequel les arts plastiques peuvent s'exprimer hors institution. Mais tout reste à écrire et à construire. »

A commencer par le nom du lieu. Pour l'instant, c'est Plaza Beaux-Arts mais comme l'a souligné Thierry Aznar, « nous sommes ouverts à toutes propositions »... La concertation avec riverains et commerçants est au cœur du projet.

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