Urbanisme commercial en France, immobilier de luxe aux Etats-Unis : double performance de la Socri en 2022

Une année 2022 marquée par de bons résultats de ses actifs commerciaux, situés sur l’arc méditerranéen (Béziers, Montpellier, Nîmes et Avignon), et par le démarrage effectif de la production immobilière de villas de luxe aux Etats-Unis. Pour le groupe montpelliérain Socri, les indicateurs semblent tous au vert.
Cécile Chaigneau
La Coupole des Halles de Nîmes, centre commercial de centre-ville racheté en juin 2021 par la Socri, vont voir les premiers travaux de rénovation démarrer en février 2023 (un million d'euros d'investissement sur les 10 prévus).
La Coupole des Halles de Nîmes, centre commercial de centre-ville racheté en juin 2021 par la Socri, vont voir les premiers travaux de rénovation démarrer en février 2023 (un million d'euros d'investissement sur les 10 prévus). (Crédits : Socri)

« Le chiffre d'affaires cumulé des commerces a progressé de 11% par rapport à 2019 qui avait déjà été une excellente année : + 9% au Polygone de Béziers dont le chiffre d'affaires atteint un nouveau record et approche les 110 millions d'euros, +18% à la Coupole des Halles de Nîmes à enseignes comparables (le groupe l'a racheté en juin 2021, NDLR) ».

Le 27 janvier devant la presse, Pierre-Antoine Desplan, le directeur général de Socri Limited (holding), aligne les bons résultats de son groupe, dont les centres commerciaux urbains qu'il détient ont renoué avec un regain d'activité.

La Socri (60 salariés, essentiellement basés à Montpellier, présidée par Nicolas Chambon) est un spécialiste des actifs commerciaux de centre-ville. Le groupe est ainsi copropriétaire (avec Socri Promotion) du Polygone de Montpellier, propriétaire du Polygone de Béziers, et du centre commercial La Coupole à Nîmes.

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 En 2022, le groupe a renforcé ses actifs. En février, Socri Limited, déjà propriétaire des Galeries Lafayette de Béziers, rachetait au groupe Galeries Lafayette lui-même, et toujours avec Planet Indigo, le fonds de commerce des Galeries Lafayette Avignon, un magasin de 6.500 m2 employant 100 personnes (pour un chiffre d'affaires moyen d'environ 20 millions d'euros HT). Les magasins biterrois et avignonnais ont réalisés en 2022 un chiffre d'affaires cumulé de 26,3 millions d'euros, « se plaçant durant plusieurs mois dans le top 5 de leurs groupes respectifs de comparaison Galeries Lafayette », indique Pierre-Antoine Desplan.

Quelques mois plus tard, en novembre 2022, ce sont les murs du cinéma Gaumont Comédie Montpellier (1.127 places, 8 salles), niché dans un bâtiment haussmannien, que le groupe acquérait au groupe Pathé Gaumont Cinéma.

« Retour au commerce de proximité »

Pierre-Antoine Desplan assure que la clientèle affectionne désormais particulièrement les centres commerciaux urbains, une tendance qui booste la fréquentation de ses actifs commerciaux.

« Le Polygone Montpellier a enregistré une fréquentation de près de 14 millions de visites en 2022, détaille-t-il. Elle est en augmentation de 1,6% à la Coupole de Nîmes par rapport à 2019, et elle baisse de 2% au Polygone de Béziers, où le pôle restauration et cinéma étaient encore fermés début 2022 en raison du Covid, ce qui nous a pénalisé... Ce sont de bons résultats car je rappelle que sur la même période, les centres commerciaux français enregistraient une baisse moyenne de leur fréquentation de 11% en 2022 par rapport à 2019. Nous sommes sur des territoires dynamiques où la démographie progresse, et sur l'Hérault, on a aussi observé une progression du pouvoir d'achat. Tout cela conforte notre stratégie d'investissement dans les centres-villes car on voit un vrai retour au commerce de proximité. »

Si quelques nouvelles enseignes sont venues rejoindre les commerces du Polygone de Béziers (Krys, Hubside Store, WeFix), la Coupole des Halles à Nîmes (11.000 m2) affiche toujours un taux de vacance de 30%, malgré l'arrivée récente de Zandra et Wanted.

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 Se coordonner avec la Ville de Nîmes

 « Nous n'avons pas encore fait de travaux lourds. Nous n'avons pas déclenché le projet de restructuration des cellules (le groupe a prévu d'injecter une dizaine de millions d'euros, NDLR) car nous voulons nous coordonner avec la Ville et son projet de rénovation des halles, dont elle est propriétaire. Pour résoudre la vacance, il faudra probablement attendre 2024 ou 2025... Aujourd'hui, il y a 37 cellules commerciales mais nous réduirons leur nombre pour en faire de plus grandes, plus adaptées à la demande des enseignes. Cette année, nous allons quand même investir un million d'euros pour refaire la place de la Coupole, dont les travaux démarrent en février ».

Dans ces centres commerciaux, où les consommations énergétiques pèsent lourd (chauffage ou climatisation), c'est le groupe qui est charge de la gestion des énergies.

« Malgré l'explosion des coûts, au Polygone de Béziers, nous avons un gain de 30% sur facture car début 2020, au moment de la crise sanitaire, les cours ont chuté et nous avons renégocié le contrat de fourniture d'énergie qui court jusqu'à fin 2024, explique Pierre-Antoine Desplan. Nous avons également déployé un plan d'économie sur les consommations, portant sur l'éclairage ou sur les températures. A Nîmes, nous faisons 9% d'économie malgré un contrat renégocié fin 2022 à un tarif élevé grâce à une réduction des consommations. »

Villas à 30 millions de dollars

Sur le commerce, le groupe Socri dit rester « à l'affût d'opportunités sur l'arc méditerranéen ». Mais là n'est pas la seule corde à son arc... Depuis 2018, le groupe a créé une filiale (Koqio) aux Etats-Unis pour se développer sur le créneau de la promotion immobilière de luxe en Floride, et plus précisément des villas de luxe les pieds dans l'eau à Miami. Un segment de marché très rémunérateur : une telle villa, construite pour un investissement de 15 à 20 millions de dollars et vendue au prix de 30 millions de dollars - « soit le prix d'un immeuble d'une centaine de logements à Montpellier », indique le groupe - permet ainsi de faire de belles marges...

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Le groupe Socri (Montpellier) se développe sur le créneau de l'immobilier de luxe aux Etats-Unis, en Floride

L'année 2022 a été celle du lancement du chantier de la première villa (500 m2) en novembre, sur l'une des îles emblématiques de la baie de Miami, la maison bénéficiant d'une vue imprenable sur la baie de Biscayne et la skyline de Miami, avec un quai pouvant accueillir deux bateaux.

« Cette activité de promotion immobilière aux Etats-Unis, où l'on conçoit des villas que l'on cède ensuite, est complémentaire de notre activité de commerce en France, où nous sommes plutôt dans une approche patrimoniale, explique Pierre-Antoine Desplan. Nous avons choisi la Floride car il y a un marché de l'immobilier de luxe très dynamique, avec certes beaucoup de tourisme et de retraités fortunés, mais aussi de plus en plus d'écoles ou d'universités, et d'entreprises qui y installent leur siège social pour des raisons fiscales. »

Deux autres projets similaires sont en cours. Le groupe indique ne pas envisager de développer son activité de commerce aux Etats-Unis, ni a contrario son activité de promotion de luxe sur la Côte d'Azur, de nombreux acteurs occupant déjà ces créneaux...

« La promotion de villas de luxe aux Etats-Unis a aussi eu un effet contre-cyclique très bénéfique pour le groupe, analyse le dirigeant. Alors que le Covid posait des questionnements sur les valorisations des actifs commerciaux français, la valeur immobilière de nos investissements aux Etats-Unis a littéralement explosé offrant au groupe de nouvelles potentialités financières. »

Chantier monégasque : horizon 2030

Le groupe Socri intervient, en tant que délégataire en maîtrise d'ouvrage pour la Principauté de Monaco, sur le vaste chantier de redynamisation de l'offre commerciale et résidentielle du quartier de Fontvieille, qui prévoit notamment de doubler les surfaces de commerces existants pour monter à 30.000 m2, d'intégrer un complexe cinématographique, de repenser l'offre de stationnement, de reconfigurer les bureaux existants et de créer une quarantaine de logements.

« Nous déposerons le permis de construire d'ici fin juin et le chantier pourra démarrer début 2025, précise Pierre-Antoine Desplan. L'ouverture de l'ensemble immobilier sera effective d'ici 2030. »

Cécile Chaigneau

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