« On s’énerve sur le gaz de schiste, sans doute pour rien »

Le P-dg de Total, Patrick Pouyanné, a déclaré, lors d’un colloque organisé par l’association LeadeR LRMP le 11 mars à Montpellier, qu’il doute de l’existence de gaz de schiste dans cette région. Sur cette question, comme sur celle des EnR, il a imploré les pouvoirs publics de « ne pas faire de bêtises » dans la régulation du marché énergétique.
Patrick Pouyanné (Total), s'exprimant à Montpellier le 11 mars, aux côtés de Jalil Benabdillah (LeadeR LRMP)

Invité à s'exprimer sur le thème « Enjeux géopolitiques et défi climatique vus d'un groupe pétrolier », dans le cadre d'un colloque organisé le 11 mars à Montpellier par l'association d'entreprises en forte croissance du LRMP (LeadeR LRMP), Patrick Pouyanné, le P-dg de Total, est revenu notamment sur la question des gaz de schiste.

Les tensions sur le gaz de schiste

Malgré la décision prise par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, le 27 janvier, de rétablir le permis d'exploitation de Total sur cinq départements (dont le Gard et l'Hérault), à la condition d'utiliser d'autres techniques d'exploration que la fracturation hydraulique, Patrick Pouyanné, prenant acte de l'opposition d'une majorité d'élus et d'habitants, a redit que Total ne passerait pas en force, tout en regrettant cette polémique.

« A 30 $ le baril de pétrole, j'ai autre chose à faire que chercher du gaz de schiste dans des endroits où l'on ne veut pas de nous, déclare-t-il. De ce fait, nous le faisons en Argentine, ou dans d'autres pays où c'est possible, mais s'agissant de la France, je n'irai pas contre la volonté politique. A dire vrai, je ne suis pas convaincu qu'il existe du gaz de schiste dans cette région. Nous avons déjà foré et nous avons cherché, en Pologne, ou au Danemark, et nous n'avons rien trouvé. Ce qui me navre, c'est qu'au pays de Descartes, on s'énerve sans savoir, et sans doute pour rien. »

Horizon 2035

Par ailleurs, Patrick Pouyanné a estimé que la question climatique se résume, à ses yeux, à quatre acteurs - Chine, Amérique, Inde, et Europe -, qui représentent 70 % des émissions de CO2. Selon lui, les hydrocarbures représenteront encore 40 % du mix énergétique mondial dans 20 ans.

« En face, la contribution des énergies renouvelables (EnR) ne représente à ce jour que 1 % du mix énergétique, poursuit-il. Si nous suivons la feuille de route de la COP21, elles atteindront les 10 % en 2035, ce qui nécessitera toutefois des efforts considérables. »

Présent dans divers secteurs (production et raffinage de pétrole, gaz, énergie solaire à travers sa filiale Sunpower, etc.), Total devrait, selon son P-dg, faire monter la part des EnR à 20 % de ses métiers dans 20 ans. S'il assure que son groupe en a la capacité technique et financière, Patrick Pouyanné conditionne néanmoins cet effort à un éclaircissement de la stratégie française sur le marché énergétique.

« Je me suis prononcé pour un prix du carbone, car c'est nécessaire si on veut que les industriels investissent à long terme, insiste-t-il. Ce prix pourrait être de 30 ou 40 $ la tonne de CO2, mais il ne m'appartient pas de dire comment on y arrivera : c'est aux politiques de décider. Sur ces sujets, il ne faut pas faire de bêtises. La France a un atout, et un seul. Ce n'est pas le coût du travail, et ça ne le sera jamais. Notre seul atout, c'est le coût de l'énergie. Ne prenons pas de décisions qui l'impacte lourdement, sinon nous perdrons toutes nos industries dans ce pays. »

En marge de ce débat, organisé en présence de 300 acteurs institutionnels et économiques de la région, LeadeR LR a annoncé l'adoption d'un nouveau nom (LeadeR LRMP) et l'extension de son maillage territorial : après Alès (30) et Nîmes (30), Béziers (34) et Narbonne (11) devraient voir l'association s'implanter prochainement. De même, son président, Jalil Benabdillah, a annoncé l'ouverture d'un dialogue avec des partenaires de Midi-Pyrénées, en vue d'une extension de LeadeR LRMP à la grande région, et de son repositionnement en think-tank régional.

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Commentaires 2
à écrit le 14/03/2016 à 18:45
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Mille excuses, je n'avais pas bien vu. Merci d'effacer cette méprise de ma part.

à écrit le 13/03/2016 à 16:54
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Total ne passera pas en force sur le permis de Montélimar. C'est logique, puisque selon son PDG ce n'est pas rentable, il y a mieux ailleurs, et qu'il n'y a probablement rien ici. On se demande pourquoi en 2011, dans un document à l'adresse de parten...

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