Fabrique de jeans : l’Atelier Tuffery va tripler sa surface

Face à l’engouement sur la toile de ses jeans made in Florac (Lozère), l’Atelier Tuffery prévoit d’investir 1 M€ pour augmenter les capacités de sa ligne de production et développer son école de formation.
L'Atelier Tuffery, ancienne manufacture familiale datant de 1892, se renouvelle, agrandit ses locaux et crée sa propre école de formation.
L'Atelier Tuffery, ancienne manufacture familiale datant de 1892, se renouvelle, agrandit ses locaux et crée sa propre école de formation. (Crédits : DR)

Le travail acharné de Julien Tuffery et de sa compagne Myriam a porté ses fruits : en un peu plus de cinq ans, ils ont réussi à relancer et redynamiser l'Atelier Tuffery, ancienne manufacture familiale moribonde datant de 1892.

Aujourd'hui, les carnets de commande sont pleins à craquer, avec un choix au catalogue d'une cinquantaine de modèles.

La société, qui est passée de 2 à 16 salariés, a dopé son chiffre d'affaires, qui s'élevait à 1,4 M € en 2019.

La laine et le chanvre, alternatives au coton

Alors que le jean est considéré comme l'un des produits les plus polluants, l'Atelier Tuffery a inscrit sa démarche dans les pas de son fondateur Célestin Tuffery : ce pionnier du jean français a toujours prôné l'authenticité, le fait-main à la française, l'utilisation de matières nobles et les circuits courts.

« Ces valeurs sont ancrées dans la philosophie de la maison, et mon père a d'ailleurs toujours refusé de délocaliser la production », insiste Julien Tuffery.

De la toile brute de coton bio à la toile selvedge, tous les tissus sélectionnés proviennent de France, d'Espagne ou d'Italie, et les vêtements sont conçus, découpés, cousus, assemblés et délavés en France.

« Nous avons la volonté d'aller encore plus loin dans la démarche éco responsable et la maitrise de la fibre, assure Julien Tuffery. La filière coton étant compliquée à sourcer, nous avons trouvé une alternative locale avec les filières laine et chanvre, deux fibres endémiques de notre territoire. »

Denim en laine, première mondiale

Après avoir créé un jean en chanvre, l'Atelier Tuffery a lancé, il y a deux ans, le denim en laine, une première mondiale. La toile, thermorégulatrice, est réalisée avec la laine des moutons de Lacaune, élevés dans le parc national des Cévennes, ou avec la laine de brebis Mérinos d'Arles.

« Tondeurs, trieurs, laveurs de laine, ennoblisseurs, filateurs et tisseurs... la réalisation de ce jean éthique contribue à dynamiser toute une filière locale, se réjouit le jeune dirigeant. Notre cahier des charges est rigoureux mais pour l'éleveur, la laine a été valorisée à 3,5 €/kg, ce qui est 20 fois plus que pour la filière classique d'évacuation de la laine. »

En deux hivers, l'Atelier Tuffery a multiplié par trois son besoin en approvisionnement. Bien que plus onéreuses (compter 220 € pour un jean en laine ou chanvre contre 110 € pour un modèle classique), ces gammes alternatives représentent 15 % du chiffre d'affaires. Début 2021, une gamme lin devrait voir le jour.

Insuffler de la technologie

Victime de son succès, l'Atelier Tuffery peine à produire plus de 80 jeans par jour. Pourtant, dès 2017, près d'1 M€ ont été investis dans la construction d'un nouvel atelier (500 m2) qui a permis de multiplier par dix la production. Insuffisant.

« Malgré le boulot de sauvegarde et de modernisation de la manufacture, le besoin de redimensionnement est arrivé très vite, avoue Julien Tuffery. C'est positif car cela témoigne de l'excellente santé de l'entreprise mais aujourd'hui, il nous faut nous agrandir. Nous venons d'acquérir un terrain. D'ici fin 2021 ou début 2022, nous devrions inaugurer cette extension qui triplera notre surface actuelle. »

Évalué à 1 M€, cet agrandissement va permettre d'acquérir du matériel technologique, d'optimiser le flux logistique et de booster par quatre ou cinq les capacités de la ligne de production.

Transmission d'un savoir-faire originel

Un espace sera entièrement dédié à la formation, l'un des fers de lance de l'Atelier Tuffery.

« Pour perpétuer la tradition de qualité française, nous misons sur un degré d'excellence et d'exigence qui passe aussi par le bien-être de nos maîtres-tailleurs-confectionneurs, déclare le dirigeant. Il y a plus de 110 étapes dans la fabrication d'un jean mais il n'y a aucune école pour apprendre le métier. Or la transmission de notre savoir-faire français et originel est essentielle. Notre personnel est formé pendant 14 mois à la polyvalence des postes, pour ne réduire personne à une tâche ou une machine. C'est long, mais c'est la clef de la réussite ! »

L'entreprise projette de recruter quatre ou cinq nouveaux salariés.

Vente en direct

Ouverte sur l'atelier de confection, la boutique-showroom va elle aussi être agrandie de façon à proposer un véritable lieu immersif, sorte de musée vivant du denim français.

A lui seul le magasin génère déjà 30 % du chiffre d'affaires, une prouesse dans le département le moins peuplé de France. Le reste des ventes se fait uniquement sur le web.

Pour optimiser les coûts de fabrication « stratosphériques » de ses jeans et conserver ses marges, la quatrième génération Tuffery a fait le pari de se développer à la manière d'une start-up moderne, éthique, éco-responsable.

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