7tech et Prism, une synergie industrielle pour la production de masques chirurgicaux

Spécialisée dans l’ingénierie industrielle, la société 7tech, implantée à Deaux (30), vient de mettre au point une machine dédiée à la fabrication de masques chirurgicaux. Et c’est la toute jeune société héraultaise Prism qui les produira. Une synergie industrielle nouvelle en région.
La machine conçue par 7Tech est capable de fabriquer 5 000 masques chirurgicaux à l'heure.
La machine conçue par 7Tech est capable de fabriquer 5 000 masques chirurgicaux à l'heure. (Crédits : 7Tech)

Face à la pandémie de Covid-19, les entreprises de la région Occitanie continuent de se mobiliser.

Dans le grand Alès, la société 7tech, jusqu'alors spécialisée en ingénierie industrielle pour les secteurs de l'automobile, de la domotique, de l'aéronautique ou encore de l'agroalimentaire, se diversifie désormais sur le médical et le paramédical. Le 12 octobre, elle présentait sa première machine de fabrication de masques chirurgicaux.

Créée en 2012 et implantée à Deaux, la société 7tech (10 salariés), qui dispose d'un second site de production en Tunisie (20 salariés), a enregistré en 2019 une croissance à deux chiffres, avec un chiffre d'affaires de 1,6 M€. Mais si la société n'a pas été impactée en termes d'activité par le Covid-19, les prises de commande se sont effondrées.

5 000 masques à l'heure

« Avec mon associé, nous avions commencé à réfléchir il y a dix huit mois à une diversification, confie Christophe Meyrueis, président de 7tech. Après identification des blocs technologiques, nous avions imaginé le développement d'une petite machine capable de faire de la soudure et des élastiques pour assembler manuellement masques chirurgicaux, couches pour enfants et serviettes hygiéniques. Mais dès le 16 mars, face à la crise sanitaire et au vu des problèmes d'approvisionnement en masques, nous avons décidé de lancer notre bureau d'étude et toutes les compétences spécifiques sur le développement d'une machine plus performante capable de fabriquer 5 000 masques chirurgicaux à l'heure. »

La machine de 4 mètres de long est simple d'utilisation : la matière non tissée est déroulée sur des bobines, avant d'être assemblée (en général trois tissus dont un central pour la filtration), puis pliée (partie la plus technique du process). Que ce soit pour le tissu ou les élastiques, toutes les soudures et les coupes sont réalisées par ultrason.

Les pièces mécaniques de la machine ont été sous traitées à des entreprises régionales, notamment l'outil de pliage usiné en laser dans les établissements Bernard Boyer (Alès).

Trois machines sont en cours de production (12 à 14 semaines pour la réalisation). Leur prix de vente s'échelonnera entre 100 000 € et 180 000 €.

« Notre ambition première est d'absorber le creux du secteur industriel en maintenant l'emploi. Nous venons d'embaucher un chef de projet, une acheteuse et un apprenti en BTS maintenance. A court terme, nous souhaiterions fabriquer une dizaine de machines », annonce le dirigeant de 7tech.

« Créer une filière santé autonome »

Pour sécuriser sa production, 7tech s'est tournée vers l'entreprise héraultaise Prism (Protection contre les RIsques Sanitaires et Microbiens) fondée en août dernier par Jean-Marc Azan (Valéa Santé) et Christian Curel (I2A).

« Je voulais trouver un partenaire industriel qui accepte un co-développement et puisse exploiter notre machine en produisant des masques. Nous nous sommes rapprochés de Christian Curel, président de Leader, qui, avec sa société Prism, a une vraie volonté de réindustrialisation avec du made in Occitanie », précise Christophe Muyreis.

De son côté, le cofondateur de Prism confirme son ambition de produire des masques 100 % français.

« Notre projet n'est pas opportuniste : il s'inscrit dans une volonté de mettre en place, en Occitanie, une filière autonome d'approvisionnement de produits de santé sur la protection contre le risque sanitaire. Nous avons déjà tissé un partenariat avec l'entreprise lunelloise Enthon Engineering spécialisée dans les machines de production de masques FFP2. Nous allons désormais soutenir nos deux partenaires et les aider à trouver des marchés », indique le directeur général de Prism dont la société a investi 500 000 € (en fonds propres) dans l'achat de quatre machines (deux chez Enthon et deux chez 7tech).

70 millions de masques par an

Ciblant le milieu médical (hôpitaux) et paramédical, Prism a déjà recruté 5 collaborateurs. Si la société n'a pas encore de locaux (elle réfléchit à un emménagement imminent sur le grand Montpellier), son business plan est des plus ambitieux : 5 M€ en 2021, 10 M€ fin 2022 et plus de 50 salariés d'ici trois ans.

« La fabrication des masques chirurgicaux va démarrer en novembre, celle des FFP2 début décembre. Nous visons à minima 70 millions de masque par an, projette Christian Curel. Mais nous souhaitons également nous positionner sur d'autres produits santé stratégiques, comme des systèmes de décontamination par ultra-violet, des revêtements antibactériens, antivirucides, etc. »

En regroupant leurs forces, les trois partenaires posent les premiers jalons d'une « filière pérenne qui permettra d'offrir aux professionnels un approvisionnement de haute qualité, avec des délais certifiés et des prix stables ».

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