France Relance : l’usine gardoise de Seqens en première ligne pour la production de principes actifs

Lauréat de l’appel à projets de relocalisation de France Relance, le groupe Seqens, spécialisé dans la fabrication de synthèse pharmaceutique, va moderniser son usine d’Aramon (30). Objectif ? Assurer en toute sécurité la production d’actifs antiviraux et anticancéreux prometteurs, et renforcer l’indépendance de la France sur ces produits.
Le groupe Seqens, spécialisé dans la fabrication de synthèse pharmaceutique, va moderniser son usine d’Aramon dans le Gard.
Le groupe Seqens, spécialisé dans la fabrication de synthèse pharmaceutique, va moderniser son usine d’Aramon dans le Gard. (Crédits : Seqens)

L'usine d'Aramon (30) de Seqens est l'un des quatorze sites français de cet acteur mondial intégré dans la synthèse pharmaceutique et les ingrédients personnalisés (pour les industries santé, electronique, cosmétique ou alimentation).

Dans le cadre du Plan de Relance de l'industrie, trois projets structurants de cette ETI française ont été sélectionnés par le gouvernement français. Dont celui d'une nouvelle unité de production de principes actifs hautement actifs (HPAPI), à Aramon.

« Cette nouvelle unité viendra compléter celle inaugurée en août dernier à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine, NDLR), déclare Julien Pignol, directeur du site Aramon. Elle va permettre de positionner Seqens comme un acteur-clé dans le domaine des principes hautement actifs, à la fois en termes de capacité de production mais également de savoir-faire et de compétences. »

Le marché très porteur des HPAPI

Avec une demande mondiale croissante de l'ordre de 8% à 10% chaque année, les HPAPI représentent aujourd'hui 25% des molécules en développement. En choisissant de se positionner sur ce marché très porteur, Seqens s'inscrit dans une démarche proactive innovante, d'autant qu'au cours des dix dernières années, seulement deux nouveaux ateliers HPAPI ont été construits en France (dont l'unité OEB5 de Seqens à Villeneuve-la-Garenne), alors que dans le même temps, les États-Unis en construisaient huit.

Dédié depuis 2017 à la fabrication de substances actives, d'intermédiaires et de polymères, le site d'Aramon (150 salariés), qui réalise 30 à 40 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, a une capacité de production de 100 m3 (21 réacteurs). Mais surtout, l'usine de 6.000 m2 dispose d'ateliers particulièrement flexibles.

« La flexibilité est notre force car nous sommes capables de produire une vingtaine de molécules différentes chaque année, assure le directeur du site. En tant que façonneurs, cette agilité nous permet de proposer des solutions globales et rapides à nos clients, les laboratoires pharmaceutiques, tels Sanofi ou Pfizer. Ce nouveau projet va accélérer notre stratégie qui est justement de renouveler notre outil industriel en le rendant plus performant et en l'équipant pour des process OEB4 (Occupational Exposure Band Niveau 4, échelle de toxicité sur la base des limites d'exposition par m3, NDLR). »

Un investissement de 20 millions d'euros

En faible quantité dans le médicament, les molécules hautement actives induisent néanmoins dans leur production une certaine dangerosité pour les opérateurs. Les équipements doivent donc être adaptés au haut degré de toxicité.

« Pour cette technique de synthèse de molécules avec une activité importante, il faut un niveau de confinement maximal pendant la production afin de protéger les opérateurs. Nous allons utiliser une partie de l'atelier existant pour l'agrandir et le moderniser », précise Julien Pignol.

Adaptation du matériel existant pour le rendre compatible, équipements OEB4 spécifiques (achat d'essoreuses, zones cabinées...), unité automatisée pour assurer la qualité, la quantité et la stabilité de la production... Le montant de l'investissement est estimé à 20 millions d'euros. L'atelier sera dimensionné pour être en capacité de produire 10 tonnes par an de produits OEB4 à l'horizon 2024-2025.

Après la phase d'étude de détails programmée cette année, le chantier devrait être lancé en 2022 pour une mise en service prévue au second semestre 2023, avec à la clé le recrutement d'une vingtaine de salariés.

Renforcer l'indépendance de la France

« C'est un projet de 36 mois assez challenging mais nécessaire au regard du Plan de Relance mais aussi de la conjoncture », souligne le directeur du site, qui a pour feuille de route d'atteindre les 50 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023.

Le projet est d'autant plus important que Seqens produit l'ABX464, molécule phare de la biotech française Abivax qui a reçu un financement de 36 millions d'euros de Bpifrance pour mener l'essai clinique lancé sur le Covid-19.

« L'Etat français a demandé à Abivax d'augmenter la production de sa molécule, explique Julien Pignol. De fait, Seqens s'inscrit dans cette phase d'accélération. Si les études cliniques de la molécule sont validées et les autorisations de mises sur le marché obtenues, il faudra pouvoir la produire rapidement, à grande échelle. Le plan France relance nous permet d'être dans la course sans prendre de risques énormes. Plus globalement, les enjeux sont importants. L'investissement de la nouvelle unité de production d'Aramon va participer à renforcer l'indépendance de la France, en garantissant durablement la production d'antiviraux pour faire face à des possibles crises sanitaires à l'avenir, mais aussi, ultérieurement, des anticancéreux complexes. »

Pour rappel, le groupe Seqens dont le siège social est à Ecully (69), dispose de 24 sites de production dans le monde, trois centres de R&D et quatre centres de développement. En 2020, Seqens (3.100 collaborateurs) a réalisé un chiffre d'affaires d'un milliard d'euros.

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