Industries créatives : ce que veut faire Nobody Studio à Montpellier

Un nouveau studio d’animation, Nobody Studio vient d'être créé à Montpellier par deux "cadors" du milieu, revenus des États-Unis où ils ont fait leurs armes (notamment chez DreamWork), des idées plein la tête et un carnet d’adresses bien rempli.
Cécile Chaigneau
Grégory Jennings, ​Emma Gérard et Sébastien Chort, les trois piliers de Nobody Studio aujourd'hui, à Montpellier.
Grégory Jennings, ​Emma Gérard et Sébastien Chort, les trois piliers de Nobody Studio aujourd'hui, à Montpellier. (Crédits : DR)

Après avoir vadrouillé de par le monde pour faire leurs armes dans des studios d'animation - dont quelques mastodontes du secteur -, Sébastien Chort et Grégory Jennings ont décidé de poser leurs valises à Montpellier et d'y créer, fin 2020, leur propre studio d'animation, Nobody Studio.

« J'ai 21 ans d'expérience derrière moi dans l'industrie de l'animation et Grégory 15 ans, tous les deux sur un parcours international, raconte Sébastien Chort, six mois après la création officielle de l'entreprise. J'ai travaillé pour des studios à Paris, en Californie pour DreamWorks notamment, puis à Londres sur deux projets différents dont le film Gravity. Je suis revenu à Paris, puis reparti en Californie pour travailler pour Blur Studio (production d'effets spéciaux, d'animation et de design, NDLR). Grégory, lui, a travaillé à Paris, ensuite chez DreamWorks en Inde où on s'est rencontrés, puis en Californie, et enfin à Montpellier pour des raisons personnelles, où il a travaillé pour Isotropix (éditeur de logiciels 2D/3D, NDLR) ou pour le studio d'animation Dwarf... Quand on a décidé de se lancer, Montpellier nous semblait une bonne idée : il y a ici un vivier de talents intéressant en raison des écoles comme l'ESMA ou ArtFx, et il y a déjà beaucoup de professionnels. »

« Il y a beaucoup de freelances et on souffre »

Mais pourquoi l'aventure de l'entrepreneuriat, alors qu'il existe déjà pas mal de studios sur la ville de Montpellier ? L'envie de collectif, notamment...

« Dans ce secteur, il y a beaucoup de freelances et on souffre !, répond Sébastien Chort. Nous avions constitué un groupe de freelances et des studios nous ont demandé de l'aide, ce qui, à un moment, nous a donné l'idée de lancer notre propre boîte, J'y pensais déjà depuis une dizaine d'années, avec l'envie de ramener en France la culture professionnelle capturée à l'étranger, et l'idée de faire de l'offre de services pour démarrer et ensuite de produire nos propres produits. »

Une envie de collectif qui s'est aussi traduite par un choix : celui de créer Nobody Studio sous le statut de Scop. Un choix peu fréquent dans ce milieu, mais déjà été fait à Montpellier par le studio de films d'animation Les Fées Spéciales. Installés dans le quartier Clémenceau à Montpellier, Nobody Studio partage les locaux Audio Work Shop (studio de post-production son et centre de formation aux métiers du son) et est accompagné par le pôle Réalis (outil régional d'accompagnement de jeunes entreprises de l'économie sociale et solidaire) et l'Union régionale des Scop.

Autre différentiation que veulent imprimer les fondateurs de Nobody Studio : « des salaires plus élevés qu'à Paris, ce qui sera un argument pour attirer des talents... ça devrait être possible car nous avons des budgets très élevés ».

La cinématique de The Elder Scrolls

Aujourd'hui, Nobody Studio, profitant du carnet d'adresses bien remplis de ses cofondateurs, apporte un soutien à d'autres studios « pour ramener des capitaux et des projets de grande qualité » : « Nous intervenons en post-production sur la fin de projets, par exemple sur les décors, les éclairages et le compositing (méthodes numériques consistant à mélanger plusieurs sources d'images - images numérisées de cinéma, de dessin, de vidéo, dessin, 3D, effets visuels - pour en faire un plan unique, NDLR). Par exemple, pour Blur Studio, nous avons fait les deux-tiers du travail pour la cinématique de The Elder Scrolls (série de jeux vidéo de rôle se déroulant dans un univers de fantasy, NDLR)... Mais nous souhaitons à terme produire nos propres productions dans un champ volontairement large : chaîne YouTube, court-métrage, ligne de vêtements pourquoi pas, vidéo, campagne d'affichage, etc., en fonction du collectif ».

Pour l'heure, Nobody Studio compte trois salariés, les deux cofondateurs et Emma Gérard, ainsi que des intermittents.

« Nous aimerions salarier quatre à cinq personnes à la rentrée janvier 2022 », ambitionne Sébastien Chort.

Cécile Chaigneau

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