La filière nucléaire interroge son futur dans la vallée du Rhône

Les PDG d’EDF et d’Orano, ainsi que l’administrateur général du CEA étaient présents à Marcoule (30) à l’invitation du député Anthony Cellier (LREM), président du conseil supérieur de l’énergie, pour évoquer le futur du nucléaire dans la vallée du Rhône. Une rencontre aux enjeux forts en termes d’emplois pour le territoire, et qui intervient dans un contexte politique qui se tend autour des questions sur l’énergie à six mois des élections présidentielles.
Les patrons de la filière nucléaire Philippe Knoche (Orano), Jean-Bernard Levy (EDF) et François Jacq (CEA) (de gauche à droite) ont répondu favorablement à l'invitation au débat d'Anthony Cellier, député LREM de la 3e circonscription du Gard et président du Conseil supérieur de l'énergie, le 8 octobre 2021.
Les patrons de la filière nucléaire Philippe Knoche (Orano), Jean-Bernard Levy (EDF) et François Jacq (CEA) (de gauche à droite) ont répondu favorablement à l'invitation au débat d'Anthony Cellier, député LREM de la 3e circonscription du Gard et président du Conseil supérieur de l'énergie, le 8 octobre 2021. (Crédits : Guillaume Mollaret)

Jamais les trois patrons de la filière électronucléaire française ne s'étaient donné rendez-vous ensemble à Marcoule, dans le Gard, berceau du nucléaire français qui hébergea G1, le premier réacteur hexagonal du genre mis en service en 1956...

C'est chose faite depuis le 8 octobre où Jean-Bernard Levy (EDF), Philippe Knoche (Orano) et François Jacq (CEA) ont donc répondu positivement à l'invitation du député du Gard Anthony Cellier (LREM), par ailleurs président du Conseil supérieur de l'énergie, pour évoquer le futur du nucléaire dans la vallée du Rhône.

Alors que le CEA investit chaque année plus de 250 millions d'euros à Marcoule, site pilote du démantèlement nucléaire, François Jacq est revenu sur l'arrêt du programme de recherche Astrid, réacteur dit de 4e génération, dont le prototype devait être construit à Marcoule.

« Astrid était un avant-projet, cet avant-projet a été réalisé. Il est capitalisé et nous disposons de ses briques technologiques. Cependant, il y a aujourd'hui un enjeu autour des EPR et du renouvellement du parc. Aussi, la question d'un réacteur de quatrième génération s'inscrit dans un temps plus lointain. La filière a donc décidé de ne pas construire ce prototype maintenant. Cela ne veut pas dire qu'il ne sera pas temps à un moment de le faire », a-t-il notamment affirmé.

Tricastin ou Bugey ?

Au-delà de Marcoule, c'est notamment le site de Tricastin qui cristallise nombre d'enjeux. La centrale nucléaire drômoise est en effet en concurrence avec le site de Bugey (Ain) pour accueillir deux réacteurs EPR. Un enjeu capital pour le bassin d'emploi de Marcoule-Tricastin tant les deux sites sont liés en termes de compétence industrielle.

Pas de scoop cependant puisque Jean-Bernard Levy a habilement, et avec le sourire, évacué la question de la détermination du choix d'EDF : « Ce sera une analyse multicritères le moment venu ».

Pour rassurer l'auditoire, le PDG d'EDF a ajouté qu'il souhaiterait que les Small Modular Reactor (SMR), des réacteurs dix fois moins puissants que l'EPR et dédiés à l'export, soient conçus et fabriqués à Tricastin.

De son côté, Philippe Knoche, directeur général d'Orano - qui exploite l'usine de fabrication de combustible Mox au sein d'Orano Melox à Marcoule - a également insisté sur l'importance de la formation et la problématique de recrutement à laquelle fait face la filière.

Un certain équilibre...

« Rien que sur le territoire, ici, Orano c'est 300 alternants. Nous recrutons 20% d'entre eux. Nous formons donc pour l'ensemble de la filière », a-t-il répondu à une réflexion de Didier Giffard, président de Cyclium, association rassemblant les PME sous-traitantes de la filière nucléaire dans le Gard Rhodanien. Il y a un besoin de fédération et de suivi au niveau de la formation. Ce n'est pas un sujet qui se traite seulement dans notre entreprise et les personnes autour de cette table en conviennent toutes. ».

Parlant d'une seule voix, la filière nucléaire française a appelé à ce que le mix énergétique de la France conserve un certain équilibre. Que résume Jean-Bernard Levy dans une forme de plaidoirie : « Il va y avoir une forte demande en électricité. Faisons un maximum d'énergies renouvelables, sous condition d'acceptabilité et de rentabilité économique, et faisons du nucléaire ».

A six mois de l'élection présidentielle et dans un contexte à la fois de dérèglement climatique et de flambée des cours, le sujet est plus que jamais sensible et les arbitrages à venir entre nucléaire et ENR prennent une dimension nouvelle...

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