Après deux années de creux, l’empire Altrad conforte son assise (et son offensive de croissance externe)

Après deux années marquées par une baisse d’activité en raison de la pandémie mondiale, le groupe Altrad affiche une courbe de résultats en hausse de 4,2%. Et une assise financière presque insolente de solidité. Avec un peu plus d’un milliard d’euros dans les caisses du groupe et près de 3 milliards d’euros sur son carnet de commandes, le président Mohed Altrad affirme que « le financement n’est pas un sujet, nous sommes tranquilles ».
Cécile Chaigneau
Mohed Altrad, à la tête d'un empire industriel mondial réalisant 2,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires (sur l'exercice 2020-2021 clos en août 2021).
Mohed Altrad, à la tête d'un empire industriel mondial réalisant 2,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires (sur l'exercice 2020-2021 clos en août 2021). (Crédits : Groupe Altrad)

Si la pandémie mondiale de Covid a affecté les activités du groupe sur les deux années qui viennent de s'écouler, il semblerait que la vapeur se soit inversée. Lors de la présentation de ses résultats le 15 décembre, le groupe Altrad, société de services à l'industrie (solutions d'accès, isolation, protection anti-corrosion, maintenance, travaux mécaniques, services spécialisés) et d'équipement (vente et location d'échafaudages et d'étaiements, matériel pour la construction et les collectivités) a fait état de performances économiques et financières tirées par une reprise progressive de l'activité économique mondiale.

« Bien que nous restions vigilants et toujours en capacité de réagir rapidement aux changements que la pandémie pourrait apporter, nous voulons exprimer notre optimisme et affirmer que le pire est derrière nous, assure Mohed Altrad, son président-fondateur. Les niveaux d'activité rebondissent sur nos marchés et secteurs, et le groupe est particulièrement bien positionné pour capitaliser sur les opportunités de croissance à venir. »

Les problématiques d'inflation des coûts ou d'approvisionnement en matériaux ? Mohed Altrad indique que « ce n'est pas un frein à notre développement », notamment parce que la branche Services représente 74% du chiffre d'affaires du groupe. Sur la branche Équipement (26% de l'activité du groupe), « on souffre de l'incapacité de la Chine mais ça s'arrange et le problème aujourd'hui, c'est plutôt le transport », ajoute-t-il.

Le dirigeant affirme que le groupe a récupéré une partie de la baisse d'activité des années précédentes. Son carnet de commandes s'élève actuellement à 2,9 milliards d'euros (contre 3 milliards en 2020), soit environ 70% du chiffres d'affaires budgétisé pour l'exercice 2022.

Une trésorerie de 1,126 milliard d'euros

La branche d'activité Services du groupe a réalisé une performance stable malgré un impact continu de la pandémie ayant entraîné les reports successifs de certains projets. Sa branche Équipements, quant à elle, a dépassé le budget prévu, soutenue par un fort rebond de l'activité de rénovation domestique.

A la clôture de l'exercice 2020-2021, le 31 août dernier, le groupe Altrad annonce un chiffre d'affaires de 2,7 milliards d'euros contre 2,6 milliards d'euros sur le précédent exercice (en baisse de 16,6%), soit une croissance de 4,2%.

Le groupe a maintenu ses marges brutes et une rentabilité saine, avec un Ebitda de 383 millions d'euros (hors IFRS16) contre 360 millions d'euros l'année dernière (+ 6,4%). Le groupe affiche également une amélioration de sa rentabilité Ebitda/chiffre d'affaires à 14,2% contre 13,9% l'an passé.

Autres éléments financiers rassurants : le groupe annonce une trésorerie de 1,126 milliard d'euros (contre 1,159 milliard en 2020), et une dette de 424 millions d'euros (501 millions en 2020), soit un ratio endettement financier net/Ebitda en baisse, qui passe de 1,1% à 0,84%.

« Certains groupes ont un ratio d'endettement cinq fois plus important, commente Mohed Altrad. Nous n'avons pas de dépendance par rapport aux sources de financements externes. Avec un cash disponible d'un peu plus d'1 milliard d'euros, le financement n'est pas un sujet permanent pour nous, nous sommes tranquilles. »

Aujourd'hui, 55% du chiffre d'affaires est généré en dehors de l'Europe continentale, et le plus important marché pour Altrad reste le Royaume-Uni, qui pèse pour 29% du chiffre d'affaires global.

Les activités d'Altrad s'inscrivent pour 26% dans le secteur du pétrole et du gaz, 39% celui de la construction, 24% celui des industries de transformation et 11% celui de la production d'énergie. Une diversité qui agit comme une protection contre les potentiels ralentissements dans l'un ou l'autres des secteurs.

Rachat d'Endel (filiale d'Engie) : « l'opération se fera »

Ce bilan solide et cette trésorerie confortable permettent au groupe industriel de poursuivre une stratégie de croissance externe active et constante. Le groupe, présent via ses filiales dans une centaine de pays avec 38.500 salariés, a ainsi réalisé plusieurs acquisitions stratégiques en 2021, comme Kiel, Actavo et SNKP, « qui diversifient et améliorent à la fois notre offre de services et notre implantation géographique », souligne Mohed Altrad.

Concernant l'exercice en cours, Altrad a conclu l'acquisition de Valmec (108 millions d'euros de chiffre d'affaires) en Australie, de CIDES au Congo ou de RMD-Kwikform, entreprise française spécialisée dans l'étaiement et le coffrage (200 millions d'euros de chiffre d'affaires).

La transaction stratégique de 2022 sera l'acquisition d'Endel (523 millions d'euros de chiffre d'affaires, 6.000 salariés), filiale de maintenance industrielle et nucléaire d'Engie. Annoncée (et entamée) en 2021, elle devrait se finaliser en 2022.

« Les premiers documents ont été signés en août dernier mais ce n'est pas terminé, indique Mohed Altrad. Il y a encore l'étape de présentation de l'opération au personnel par Engie qui s'étale jusqu'à janvier 2022, même si  la réponse qui sera donnée n'est pas une condition suspensive. Ensuite, il faut encore consulter les autorités de la concurrence, mais là aussi, il n'y a pas de suspense. Donc l'opération se fera. »

Presque doubler de taille dans les cinq ans

Des opérations qui vont considérablement faire grandir l'empire Altrad, comme l'annonce le président du groupe : « Avec les transactions déjà annoncées et celles pour lesquelles les négociations sont bien avancées, nous devrions être en mesure d'ajouter plus d'un milliard d'euros à notre chiffre d'affaires au cours de l'exercice 2022 ».

Sur cinq ans, Altrad a même pour ambition d'ajouter 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires additionnels à son activité, ce qui signifierait quasiment doubler de taille.

A cette ambition dévorante vient s'ajouter une visibilité qui sera accrue à compter de janvier 2022, avec le sponsoring maillot de l'équipe de rugby néo-zélandaise, les All Blacks, qui va démarrer pour une période de six ans. Le groupe industriel héraultais, également propriétaire du Montpellier Hérault Rugby (Top 14), s'impose ainsi comme un partenaire majeur du rugby mondial puisqu'il est également sponsor du XV de France depuis 2018.

« Il est difficile de quantifier le retour sur investissement de ce type d'opération, mais on sait au moins que ce ne sera pas négatif, déclare Mohed Altrad. Le contrat, ce n'est pas que le logo, il y a toute une infrastructure à créer et on réfléchit actuellement comment la développer. »

Cécile Chaigneau

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