Pendant ses années comme cheffe d'une entreprise de construction, Anne-Sophie Lunel a constaté l'urgence à proposer des solutions plus écologiques et économiques pour les
différents corps de métiers :
« Un de mes clients avait refusé de nous laisser nettoyer nos outils et notre bétonnière sur le chantier pour préserver ses sols, et il avait raison. Mais je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas de solutions satisfaisantes pour ce problème ».
Elle décide alors de développer son idée : rendre les chantiers plus écologiques en proposant aux maçons, carreleurs et autres façadiers une station de lavage spécifique pour leurs outils. Et elle crée Necobac à Béziers (Hérault).
« Notre machine ne nécessite qu'une seule mise en eau pour un chantier, explique-t-elle. Elle va ensuite recycler l'eau en circuit fermé et permettre aux ouvriers d'y nettoyer leurs outils. »
Une station de nettoyage écologique pour les outils
Depuis sa création en 2016, Necobac a vendu une soixantaine de stations, principalement à trois grands acteurs de la construction : Vinci, Bouygues et Eiffage. Pour 2022, l'entrepreneuse annonce la commercialisation d'une version XL de sa station, destinée au nettoyage des goulottes de camion-toupies et des bennes à béton.
« Nous avons testé le Necobac XL sur nos chantiers, c'est un produit innovant que nous ne trouvons pas chez d'autres fabricants, détaille Thibault Roure chez Bouygues Travaux Publics. Aujourd'hui, il est essentiel de prendre en compte l'aspect écologiques de nos chantiers, et nous ne pouvons plus laisser des tas de béton. Necobac XL peut répondre à une partie de nos problématiques, notamment pour le nettoyage de machines. »
Avec ce modèle Necobac XL, Anne-Sophie Lunel prévoit un chiffre d'affaires de 70.000
euros en 2022, doublant ainsi son activité d'avant Covid.
Les circuits de l'innovation
Seule à la barre de son entreprise, Anne-Sophie Lunel se fait accompagner par la pépinière Innovosud de Béziers. Elle a des partenaires dans l'Hérault pour la réalisation de la carcasse et des soudures de ses machines, mais elle assemble ensuite elle-même les pièces dans son atelier de Béziers, en plus d'assurer la commercialisation de son idée.
« Au départ, je ne connaissais rien aux circuits de l'innovation, c'était compliqué, confie-t-elle. Dès 2008, j'ai participé au concours d'idées d'Innov'Up avec la pépinière de l'IMT
Mines Alès, et j'ai remporté le Prix du Développement économique durable. Cela m'a permis d'entrer au centre de recherche de l'école où j'ai pu développer mon idée. »
L'entrepreneuse espère réaliser sa première embauche en 2022, pour l'aider dans la
commercialisation de la nouvelle station XL. Elle voudrait également élargir sa clientèle.
Une réglementation encore peu exigeante
« Au départ, j'avais pensé mon produit pour les artisans et les PME, souligne l'entrepreneuse. J'ai même défini un prix assez bas pour que les stations soient accessibles (3.300 euros, NDLR). Mais les artisans ne sont pas encore assez sensibilisés à ces questions. Aujourd'hui, je crois que la réglementation sur les chantiers doit évoluer pour obliger les professionnels à s'emparer des questions écologiques. »
Pascal Christol, secrétaire général de la CAPEB 34, fait le point sur la maturité du marché :
« Les artisans achètent encore trop peu ce genre de matériel. Ils ont aussi beaucoup à faire avec la gestion des matériaux et du personnel, et tant que des contraintes réglementaires sur la propreté des chantiers ne sont pas en place, nous ne voyons pas de tendances fortes sur ces questions. Mais les marchés publics ont désormais des clauses environnementales dans leurs appels d'offres. La situation peut évoluer ».
Anne-Sophie Lunel n'a pas dit son dernier mot et espère pouvoir développer de nouveaux outils pour aider différents corps de métiers à travailler de manière plus respectueuse de l'environnement.
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