ErgoSanté achève sa relocalisation et innove

Le fabricant d’exosquelettes, de sièges et autres équipements ergonomiques ErgoSanté parachève la relocalisation complète de sa fabrication dans le Gard, avec une nouvelle usine dans laquelle il s’installera d’ici deux mois. Son outil d’analyse posturale LEA, qui permet de faire de la prévention dans les entreprises, affiche déjà 3.000 analyses au compteur.
Cécile Chaigneau
L'outil d'analyse posturale LEA, conçu par ErgoSanté, permet l'analyse des contraintes biomécaniques/posturales sur les membres supérieurs d'un travailleur et identifie l'effort musculaire associé à une posture de travail.
L'outil d'analyse posturale LEA, conçu par ErgoSanté, permet l'analyse des contraintes biomécaniques/posturales sur les membres supérieurs d'un travailleur et identifie l'effort musculaire associé à une posture de travail. (Crédits : ErgoSanté)

L'entreprise gardoise ErgoSanté, spécialisée dans la conception et distribution d'équipements ergonomiques pour les entreprises, avait levé 3 millions d'euros en juin 2021 auprès du fonds Mutuelles Impact, pour investir dans l'innovation et dans ses capacités de production. Dans à peine deux mois, elle s'installera dans la nouvelle usine de 1.200 m2 (un investissement de 2 millions d'euros) qu'elle vient de faire construire à Anduze. Cette étape est le fruit du rapatriement de la part de production qui subsistait en Grande-Bretagne.

« Nous n'avons plus rien en Grande-Bretagne depuis l'an dernier, confirme Samuel Corgne, fondateur et dirigeant d'ErgoSanté. Ce nouveau site sera orienté logistique et exosquelettes de manière à laisser de la place dans nos autres bâtiments (3.000 m2 au total, NDLR) pour les sièges ergonomiques. »

La PME fabrique des sièges ergonomiques mais a aussi investi dans une activité de recyclage-reconditionnement.

« On démonte, on broie et on réutilise matériaux pour 1/3 des volumes qu'on reçoit, et on donne une seconde vie aux autres, précise Samuel Corgne qui rappelle que depuis janvier 2021, la loi AGEC (loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, qui vise notamment à lutter contre le gaspillage et l'obsolescence programmée et à  favoriser le réemploi, avec de nouvelles résolutions entrées en vigueur au 1er janvier 2022) oblige certains acheteurs publics à acquérir entre 20 et 40% de biens issus du réemploi. Les sièges sont pile dans le scope de cette loi. En janvier-février, nous avons enregistré une augmentation de + 670% sur les exosquelettes, + 200% sur les sièges, et + 60% sur les ventes au global. Nous venons d'ouvrir une unité de recyclage-reconditionnement sur l'île de la Réunion, en partenariat avec les réseaux d'entreprises et l'Etat. Une île est particulièrement concernée par la question des déchets et du recyclage... »

ErgoSanté, qui emploie aujourd'hui 170 collaborateurs (dont 70 à Anduze et les autres répartis dans 16 agences en France), annonce un chiffre d'affaires de 14 millions d'euros en 2021 et vise les 20 millions en 2022.

Analyses posturales

La PME a continué d'investir dans l'innovation, notamment sur son outil d'analyse posturale à base d'intelligence artificielle LEA, qui identifie automatiquement les articulations et compare les angles avec le standard ergonomique RULA (Rapid Upper Limb Assessment, conçu pour permettre l'analyse des contraintes biomécaniques/posturales sur les membres supérieurs d'un travailleur, d'identifier l'effort musculaire associé à une posture de travail, et d'émettre un score de risque).

« Vous filmez (via un smartphone ou en téléchargeant une vidéo dans l'outil, NDLR), LEA analyse, explique Samuel Corgne. Il peut s'agir d'un poste assise mais aussi d'un poste dynamique, par exemple avec port de colis. C'est un outil à disposition des professionnels de la santé au travail, une sorte de thermomètre pour mesurer des angulations posturales que LEA compare avec des standards biomécaniques. Cela permet de connaître l'exposition au risque d'un poste de travail. Jusque là deux solutions : observer et corriger "à la louche" ou barder les opérateurs de capteurs, ce qui ne permet pas des mouvements naturels, génère de gros biais et coûte cher. En général, la prévention est faite avec un rétroviseur : on analyse un accident et on met en place un plan de prévention sur les données des années précédentes. Avec LEA, l'entreprise peut être proactive : déduire une piste de problématiques à venir et réfléchir comment modifier le poste. »

ErgoSanté a développé son propre algorithme qui s'améliore par le deap learning... L'outil est accessible gratuitement, en open source, à toute les personnes qui sont intéressées, « et la contrepartie, c'est que les datas appartiennent à ErgoSanté et permettent d'améliorer la conception des exosquelettes ». Le dirigeant reconnaît que l'outil est aussi une bonne porte d'entrée chez des prospects commerciaux...

Lancé en mai 2021, LEA affiche au compteur quelque 3.000 analyses, et Samuel Corgne annonce « 50 à 100 analyses par jour et 20 nouveaux utilisateurs par jour ».

« Il y a des produits concurrents mais les premiers sur le marché, et nous réfléchissons à faire un baromètre trimestriel des risques posturaux observés par l'outil », déclare le dirigeant.

Cécile Chaigneau

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