Comment Minilampe a réussi le pari du ferroviaire

L’entreprise audoise Minilampe, spécialisée dans la fabrication de lampes pour le secteur industriel, accélère son activité dans le ferroviaire. Après une année 2022 affectée par le décalage de certains projets, son année 2023 promet de meilleurs résultat compte tenu d’appels d’offres remporté ou en cours de l’être dans le ferroviaire.
Cécile Chaigneau
L’entreprise audoise Minilampe est spécialisée dans la fabrication de lampe pour le secteur industriel,notamment pour le ferroviaire.
L’entreprise audoise Minilampe est spécialisée dans la fabrication de lampe pour le secteur industriel,notamment pour le ferroviaire. (Crédits : Minilampe)

Cinq ans après un virage stratégique dans le ferroviaire, Minilampe, le fabricant carcassonnais (Aude) de lampes à filaments et led pour le secteur industriel, confirme avoir transformé l'essai, comme l'explique Guillaume Roy, le directeur du site industriel : « Auparavant, le secteur ferroviaire représentait 30% de notre activité mais nous savions qu'il allait y avoir de grosses rénovations dans ce secteur, et en 2018, nous avons pris un virage : nous sommes montés en gamme et en compétences pour être capables de fabriquer le boîtier complet des systèmes d'éclairage du ferroviaire plutôt que juste changer une lampe. Et en 2021, nous avons construit un bâtiment électronique dédié à fabrication et assemblage de produits électroniques et lampes à led, en plus de notre atelier de lampes traditionnelles à incandescence ».

Aujourd'hui, elle réalise 50% de son chiffre d'affaires annuel dans le ferroviaire - SNCF, RATP, intérioristes (comme Compin, FLCI Group ou KFS Mobility) ou grands groupes fabricants de train comme Alstom -, le reste se répartissant entre l'aéronautique (20%), l'industrie (20%) comme les fabricants d'armoires réfrigérées ou le fabricant de matériel pour l'hématologie Horiba, et d'autres niches (5 à 10%) comme le patrimoine. Ce qui fait dire à Guillaume Roy que l'entreprise « a réussi le pari du ferroviaire ».

Renforcer l'export

L'entreprise audoise revient justement du SIFER, le salon de la filière ferroviaire en France qui s'est tenu à Lille du 28 au 30 mars 2023.

« Aujourd'hui, nous réalisons 10% de notre chiffre d'affaires à l'international, essentiellement via nos clients français, explique Guillaume Roy. Notre objectif est aussi de s'exporter, notamment dans le ferroviaire, auprès de clients comme Infrabel (gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire belge, NDLR) en Belgique, mais aussi Allemagne, au Maroc ou en Turquie. »

En France, Minilampe est en train de remplir ses bons de commandes via des marchés d'envergure : « Suivant les réglementations européennes, nous avons commencé à bannir certains produits, comme les lampes à forte puissance, et en 2023 les lampes fluo compactes et les tubes fluorescents qui équipaient beaucoup d'engins de la SNCF ou de la RATP et qui doivent maintenant être remplacés par des lampes à led. Nous avons remporté un gros appel d'offres européen fin 2022 pour remplacer ces tubes fluorescent des TGV pour SNCF Voyageurs, et nous sommes en passe de remporter un autre appel d'offres pour le remplacement des lampes des passages à niveau - il en reste environ 10.000 en France - pour SNCF Réseau... Et l'an passé, nous avons été sélectionnés sur un appel d'offres portant sur la rénovation de l'éclairage de 700 trains AGC, les TER. Nous avons remporté 80% du marché dont l'exécution va démarrer en 2023 et courir jusqu'en 2030, ce qui sécurise notre chiffre d'affaires. »

Des prévisions  2023 optimistes

L'entreprise ne met toutefois pas tous ses œufs dans le même panier. Si elle a su prendre le virage des lampes à led, elle continue la fabrication de lampes à incandescence : « Notamment des lampes halogènes pour Horiba, des lampes à incandescence pour les feux de signalisation le long des voies ferrées, pour des bâtiments historiques comme des châteaux, ou encore dans l'aéronautique pour certaines familles d'avions d'Airbus. Aujourd'hui, les lampes traditionnelles représentent 50% de notre chiffre d'affaires ».

L'entreprise, qui avait été reprise à l'été 2019 par Proconect International holding (détenue majoritairement par le fonds d'investissement Capital Export), est en train de structurer une nouvelle organisation de sa direction.

« Béatrice Barokhel a pris la présidence de Minilampe, j'ai succédé à Béatrice Garrido qui a pris sa retraite en février 2023 en qualité de directeur de site, et nous recrutons une directrice commerciale qui nous rejoindra fin juin », précise Guillaume Roy.

A ce jour, 41 salariés travaillent pour Minilampe et le directeur de site prévoit « des recrutements d'opérateurs en électronique pour les lignes de production afin d'avoir les capacités de répondre aux deux gros marchés qui démarreront en 2024 et 2025 ».

Après un chiffre d'affaires de 5,5 millions d'euros en 2021, l'année 2022 s'est révélée « compliquée », avec un chiffre d'affaires redescendu à 4,9 millions d'euros.

« En 2022, il y a eu beaucoup de projets retardés dans le ferroviaire en raison de la pénurie des composants notamment, décrypte Guillaume Roy. Mais nous avons une très bonne visibilité sur 2023, avec déjà 3,5 millions d'euros dans nos carnets de commandes pour un objectif de 5,2 millions d'euros. Nous espérons donc aller au-delà. »

Pas de gros investissements à venir, les principaux ayant déjà été réalisés, selon le dirigeant : « Minilampe avait deux entités de fabrication, à Carcassonne et à Noisy-le-Sec, et cette dernière a été ramenée sur Carcassonne, dont le site a été rénové en 2015, et doté d'une extension d'atelier électronique en 2021 ».

Cécile Chaigneau

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