Plasticlean met en route la première unité française de recyclage de films plastiques agricoles maraîchers

Dans l’Hérault, Plasticlean inaugure la première unité de recyclage française de films agricoles utilisés en cultures maraîchères. L’usine s’inscrit dans un programme de création d’unités de recyclage lancé par ADIVALOR, éco-organisme de la filière agricole. Avec une capacité de traitement de 10.000 tonnes par an, la nouvelle unité s’affiche en mesure de recycler l’intégralité des films plastiques utilisés par les maraîchers en France.
Cécile Chaigneau
A Vendargues (Hérault), Plasticlean, première unité de recyclage française de films agricoles utilisés en cultures maraîchères, pourra traiter 10.000 tonnes de matières entrantes.
A Vendargues (Hérault), Plasticlean, première unité de recyclage française de films agricoles utilisés en cultures maraîchères, pourra traiter 10.000 tonnes de matières entrantes. (Crédits : Plasticlean)

10.000 tonnes de films plastiques agricoles issus du maraîchage français. Ce sont les volumes qui devraient franchir les grilles de l'unité de traitement héraultaise Plasticlean (à Vendargues) chaque année, avec l'objectif d'en tirer 3.500 tonnes de matières plastiques secondaires sous la forme de flocons en balles filmées qui repartiront dans la fabrication de produits plastiques à destination de l'agriculture.

« Le plastique est une nécessité pour protéger la production agricole (grâce à un effet de couverture thermique entre le film et le sol, NDLR) et depuis une quinzaine d'années, nous cherchons les solutions pour éradiquer les impacts négatifs sur l'environnement », assure Bernard Le Moine, délégué général du Comité français des plastiques dans l'agriculture (CPA), le 1er juin, lors de l'inauguration de l'usine.

L'usine Plasticlean a vocation à contribuer à cette ambition environnementale... Car jusqu'à présent, l'industrie du recyclage ne savait pas traiter ces bâches plastiques qui finissaient la plupart du temps en enfouissement.

ADIVALOR (Agriculteurs, Distributeurs, Industriels pour la Valorisation des déchets agricoles) est un éco-organisme créé par la profession agricole en 2001. Quelque 300.000 agriculteurs trient, préparent et apportent leurs emballages et plastiques usagés auprès de 1.300 opérateurs de collecte (principalement coopératives et négociants agricoles). Le financement de la filière repose sur un principe d'éco-contribution collectée auprès de plus de 350 metteurs en marché (industriels ou importateurs). En 2019, ADIVALOR lançait un appel à manifestation d'intérêt pour le déploiement d'une solution pérenne et écologique aux déchets plastiques maraîchers, que remportait Plasticlean.

4,3 millions d'euros

Quatre ans de réflexion et d'études et douze visites d'usines européennes plus tard, son président Christophe Calvet met en route cette unité spécifique de recyclage des films plastiques agricoles, installée au carrefour de deux importantes régions maraîchères du sud de la France.

Plasticlean est une filiale du Groupe Calvet, groupe gardois présent dans l'agro-alimentaire depuis plus de 70 ans et depuis plus de 30 ans dans le secteur de la transformation de films plastiques à usage agricole à travers sa filiale Europlastic.

L'unité héraultaise de recyclage a nécessité un investissement de 4,3 millions d'euros et emploiera une douzaine de salariés en rythme de croisière, à raison de cinq jours par semaines (en trois-huit).

Jusqu'à six camions par jour vont venir alimenter l'usine en bâches plastiques transparentes, noires ou blanches composées de polyéthylène basse densité (films de paillage, de solarisation, de cultures hors-sol), collectées auprès des maraîchers de toute la France par ADIVALOR.

Le procédé industriel mis au point par Plasticlean se joue alors en quatre grandes étapes.

250 m3 d'eau en circuit fermé

Les films plastiques doivent d'abord être nettoyés de la terre, des gravillons et du sable qui les salissent : « Lors de leur enlèvement au champ, ces films présentent un taux de souillure en moyenne de 66%, Plasticlean représente donc un véritable défi technologique car ces films ne pouvaient être recyclés jusqu'à présent », explique Ronan Vanot, directeur général d'ADIVALOR.

Ils sont ensuite acheminés jusqu'à un énorme déchiqueteur (qui traite 15 tonnes de matière par heure) « qui procède par étirement, ce qui évite la micro-pollution aux particules de plastique », explique Christophe Calvet. La matière est ensuite stockée dans trois cellules de stockage (par couleur), confinées et protégées par des filets pour éviter l'envol de plastique.

« Nous pouvons y entreposer 40 tonnes/jour, ce qui nous permet d'avoir des stocks car le maraîchage est une activité saisonnière, donc avec des apports de bâches saisonniers, or il faut pouvoir alimenter l'usine de manière régulière », déclare le dirigeant.

Les matières plastiques déchiquetées poursuivent leur cheminement jusqu'à un premier broyeur qui les découpe, avant d'être « dosées » dans un silo-doseur pour rejoindre une sorte de grande lessiveuse (le trollen) qui va les laver. Elles seront ensuite essorées et passeront dans un second broyeur pour ressortir en flocons. A nouveau séchés, ces flocons seront conditionnés dans les balles filmées.

Plasticlean

Les films broyés et nettoyés, finissent en flocons (© Plasticlean - Ap Production).

L'ensemble du procédé industriel fonctionne avec de l'eau. Pas très écologique ? Christophe Calvet a prévu la question : « L'unité de Plasticlean compte une sorte d'usine dans l'usine : une micro-station d'eau, réalisée par notre partenaire industriel, l'entreprise MS (Clermont-Ferrand, NDLR). Elle tourne avec 250 m3 d'eau en circuit fermé, qui servent au nettoyage des bâches à leur arrivée jusqu'au lavage des matières broyées. Pour compenser les pertes,  nous devons juste réinjecter 3 à 5 m3 d'eau chaque jour, en provenance du canal du Bas-Rhône, mais nous allons travailler à réduire ces volumes ».

La terre récupérée est transformées en galettes de boue séchée, et le procédé récupère également gravillons et sable pour les valoriser.

« Nous créons un marché pour les industriels »

Les balles filmées de flocons rejoindront alors la filière de plasturgie pour réintégrer de nouveaux produits plastiques.

« Nous créons un marché pour les industriels qui vont fondre la matière, en faire des billes de plastique et les réintégrer dans leur production pour fabriquer de nouvelles bâches, films d'emballages, etc. », précise Christophe Calvet pour boucler la boucle.

Selon Bernard Le Moine, délégué général du Comité français des plastiques dans l'agriculture CPA, « on peut intégrer 10 à 65% de matières recyclées dans les nouveaux produits plastiques, mais les industriels de la plasturgie se sont engagés sur 25% à partir de septembre 2023 ».

« Il nous faudra encore 10 à 15 ans pour régler complètement le problème, mais notre objectif, c'est zéro plastique au champ, 100% recyclé ! », ajoute Bernard Le Moine.

Il est conforté par Ronan Vanot chez ADIVALOR : « La filière française de gestion des déchets de l'agrofourniture est bien en marche vers le 100 % collecté et le 100 % recyclé ».

« Le projet initial prévoit une capacité de traitement de 10.000 tonnes par an, mais nous pourrons monter à 15.000 tonnes », précise Christophe Calvet, qui indique toutefois que le site pourrait rapidement être trop petit et prévoit déjà de déménager l'unité possiblement dans le Gard, près de Quissac.

Soutenu par l'ADEME

Le projet est soutenu par l'ADEME. Céline Vachey, la directrice régionale de l'ADEME Occitanie, contextualise le projet et en souligne les vertus et les perspectives : « La filière plastique nous occupe et nous préoccupe au premier chef. D'où l'accompagnement de ce projet. On consomme 4,8 millions de tonnes de résine vierge pour produire du plastique, 40% des produits sont jetés dans le mois, ce qui fait 3,6 millions de tonnes de déchets plastiques en France dont 1/3 sont recyclés. L'enjeu est important : il faut améliorer le taux de collecte et le taux de recyclage, et réduire les plastique à usage à unique. La France a pris différents engagements : la fin du plastique à usage unique d'ici 2040 et atteindre un taux de recyclage de 100% d'ici 2025, et on n'est pas tout à fait sur la trajectoire... D'où les budgets conséquents qui sont consacrés pour accompagner des projets de substitution d'emballage plastique, de création d'unités de recyclage et d'incitation des industriels de la plasturgie à recourir à des matières recyclées. Plasticlean répond à cet enjeu de recyclage ».

Cécile Chaigneau

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