De l'abattage, à l'abattement... L'explosion de la deuxième plus haute cheminée de France a échoué, mercredi 7 juin. De cette ancienne installation industrielle, située dans l'enceinte de son ancienne centrale thermique d'Aramon (Gard) qui a été fermée en 2016, EDF souhaitait faire le symbole d'une page tournée, celle de l'énergie carbonée. Elle laisse finalement dans le paysage l'image d'un chapitre que l'opérateur historique peine à effacer.

Il y eût d'abord le décompte. Puis l'explosion de 200 kilos de dynamite disposé par Cardem, une filiale de Vinci Construction. Le haut de la cheminée, haute de 250 mètres s'affaisse dans le bruit et une poussière rosâtre... En se déposant au sol, elle laisse apparaître une moitié de cheminée demeurée intacte. Quelques secondes de silence marquant un brin de sidération n'ont pas permis de faire tomber ce qui était encore debout.

Avant le nécessaire retour d'expérience qui permettra d'établir ce qui a péché dans l'opération, Sylvain Vidal, le délégué régional d'EDF Occitanie, évoque « un aléa technique en cours d'analyse ». Chloé Demeulenaere, secrétaire générale de la préfecture du Gard, use de la litote en parlant d'une « opération qui n'a pas pu être menée à son terme ». Les mines du côté de Centre de post-exploitation d'EDF sont fermées... Même chose chez son prestataire en charge des explosifs.

Naissance de la CleanTech Vallée

En service de 1977 à 2016, la centrale thermique d'Aramon ne tournait que quelques jours par an, l'hiver seulement, pour pallier les pics de consommation électrique. Elle employait 110 personnes. Par le jeu de la taxe professionnelle, cette centrale avait fait d'Aramon - puis de la communauté de communes du Pont-du-Gard - un des territoires les plus riches du département. Las, la fermeture de la centrale a divisé par trois les revenus fiscaux engrangés par les collectivités.

Peu après cette clôture, dont le travail de déconstruction promet d'être achevé en 2032 (investissement : 50 millions d'euros), une dynamique s'est localement mise en place pour engager cette partie Est du département dans une réflexion profonde autour des énergies vertes. EDF a ainsi poussé à la création de la CleanTech Vallée, un groupement qui, notamment au travers de son accélérateur d'entreprises, agrège autour de lui des entreprises engagées dans la transition énergétique.

En outre, les emplacements accueillant jusqu'à présent les cuves de fioul nécessaires à l'alimentation de l'ancienne centrale ont fait place à des panneaux photovoltaïques.

Valorisation

« 96% des déchets générés lors de la déconstruction des centrales thermiques seront valorisés », promet EDF.

Les bétons concassés seront réemployés comme remblais sur site. Les ferrailles extraites du chantier, seront quant à elles expédiées en fonderie pour être réutilisées, tandis que la laine de verre, sera envoyée dans une recyclerie spécialisée près d'Orange, dans le Vaucluse.

« A l'heure où nous nous battons pour que l'EPR 2 soit construit à Tricastin en expliquant partout qu'on a le savoir-faire en local, cet échec, ça la fiche vraiment mal », déplore un sous-traitant de l'industrie nucléaire présent à Aramon ce mercredi.

Au moment où nous écrivons ces lignes, la finalisation de l'opération d'abattage de la cheminée n'est pas arrêtée.